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Dollhouse : 10 ans plus tard, 6 raisons de regarder la série de Joss Whedon

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dollhouse serie - Dollhouse : 10 ans plus tard, 6 raisons de regarder la série de Joss Whedon

Il y a tout juste 10 ans débarquait sur la Fox Dollhouse, série de science-fiction attendue des fans du genre, car nouvelle création de Joss Whedon — à qui l’on doit Buffy, son spin-off Angel et Firefly. Cet intrigant mélange d’anticipation, de thriller et de série d’espionnage serait né durant un dîner entre Whedon et Eliza Dushku, future interprète principale.

Dans un futur pas si lointain, le laboratoire clandestin Dollhouse propose à ces riches clients un service bien particulier : un être humain reprogrammé à leur guise, idéal pour assurer leur protection, passer une soirée en galante compagnie ou éliminer discrètement quelqu’un. Ces « poupées » sont des personnes sous contrat qui, dans l’espoir d’une vie future meilleure, vendent volontairement leur enveloppe corporelle pour une durée de cinq ans.

Pendant 26 épisodes répartis sur deux saisons, on suit l’évolution d’Echo, une poupée rattrapée par sa personnalité enfouie. Elle conduira une révolte contre le système en place, non sans mettre à mal quelques complots d’ampleur internationale. Ambitieuse, Dollhouse n’a pas su trouver son public à sa sortie. Voilà donc six raisons de se plonger dedans aujourd’hui :

1. L’empreinte de Joss Whedon

Que l’on adhère ou non à l’engouement autour de Joss Whedon, il est indéniable que le bonhomme possède son propre style. On retrouve dans Dollhouse les thèmes qui lui sont chers, de la place de la femme dans la société à la quête d’identité. Dollhouse conserve les aspects geeks qui ont fait les beaux jours de Buffy et de Firefly, les références fusent et les nerds ont la côte, mais, le temps aidant, le tout gagne en maturité.

On sent grandement les influences whedonniennes dans les visuels de la série. Les décors, les costumes, la représentation de la technologie, on reste sur une imagerie cartoon malgré l’ambiance très noire. Dollhouse profite également d’une réalisation impeccable, marque de fabrique de Whedon. Les mouvements de caméra, les transitions, le choix des plans, rien n’est laissé au hasard et le résultat est incroyablement fluide de bout en bout.

2. Pour l’amour du complot

Ne vous laissez pas abattre par les premiers épisodes, Dollhouse prend simplement son temps et prépare le terrain. Dès le milieu de la première saison, la série affirme sa volonté de jouer sur deux tableaux, entre introspections personnelles percutantes et conspirations politiques. La machination qui entoure les entreprises Dollhouse et Rossum Corporation est très bien ficelée, plongeant les personnages et les spectateurs dans un état de paranoïa permanent. Plus qu’une série de science-fiction, Dollhouse est une excellente série d’espionnage !

3. Un excellent casting

Eliza Dushku porte presque toute la série sur ses épaules et s’en sort avec les honneurs. Loin de la chasseuse de vampire, elle dévoile une palette de jeu large et maîtrisée. A l’instar de FringeOrphan Black ou Counterpart, Dollhouse est très demandeuse pour ses acteurs amenés à changer de personnalités plusieurs fois par épisode. Cela a permis Fran Kranz, incarnant un scientifique geek, de gagner en popularité et à Enver Gjokaj, dans la peau d’une poupée beau gosse, de faire sa percée.

Au niveau des rôles secondaires, on retrouve à l’affiche une flanquée d’habitués des productions de Whedon, aujourd’hui icônes de la culture geek, notamment Amy Acker, Alexis Denisof, Summer Glau, Felicia Day et Alan Tudyk. Tous excellents, ils fonctionnent surtout particulièrement bien ensemble, ce qui donne beaucoup de contenance et de réalisme à la série.

4. Une vision intrigante et terrifiante du futur

L’humain comme simple système d’exploitation exploitable et reprogrammable. C’est sur cette idée peu réjouissante et avec l’appui de travaux de chercheurs en cybernétique et en intelligence artificielle qu’est bâti le monde de Dollhouse. Cette posthumanité technologique soulève les paradoxes de notre société et pousse à l’extrême les dérives qui se dessinent, notamment le transhumanisme ou la dématérialisation abusive. Ce contexte propice aux questionnements philosophiques ne manquera pas d’aborder l’esclavage moderne « volontaire » et la perte d’identité au profit de la masse. Tout un programme.

We’re pimps and killers, but in a philanthropic way.

5. Une parabole de l’industrie hollywoodienne

Dollhouse est aussi une œuvre profondément personnelle, presque méta. À travers cette industrie de poupées, c’est bien l’univers de l’audiovisuel qui est passé au crible. Contrats, scénarios, clients, administration assassine, les parallèles sont nombreux et assumés. Au-delà de la critique consensuelle des médias et de la pression des maisons de production, Dollhouse est une ode au travail des acteurs. Véritable terrain de démonstration, les performances de caméléon d’Eliza Dushku animent la caméra finalement bien plus que n’importe quelle conspiration, à tel point que l’intrigue semble parfois presque anecdotique.

6. Un série qui divise

Si Dollhouse anime encore des discussions houleuses sur la toile, c’est parce qu’elle peut être considérée comme problématique à bien des niveaux. Là où certains voient un engagement pragmatique avec des personnages au carrefour de tous les paradoxes féminins condamnés par la société (la pute et la putain), d’autres s’insurgent de l’instrumentalisation de la femme et de l’entretien des clichés par la série.

Sa conclusion n’a également pas été du goût de tous. Entre parfait aboutissement et aberration sans nom, les débats restent ouverts. Une chose est sûre, Dollhouse ne laisse pas indifférent. Bien que n’étant pas taillée pour un grand network, elle est parvenue à transmettre ses messages, sa vision du monde et à ouvrir le dialogue. C’est bien dans cette capacité à faire encore parler dix ans après que réside sa plus grande force et il n’est pas trop tard pour découvrir ou redécouvrir ce bijou mal-aimé de la science-fiction.