À l’occasion de la diffusion des deux derniers épisodes de la saison 2 de Dix pour cent, Fanny Herrero, showrunner de la série, fait le bilan de cette saison, évoque l’attente générée par la saison 1 et le travail pour maintenir le niveau qualitatif d’une série qui a trouvé très rapidement une place de choix chez les téléspectateurs.
Cette saison a été projetée en avant-première au public pendant le dernier festival Séries Mania. Sachant que la série est un art qui se consomme plutôt de façon individuelle, quelle est la sensation de voir près de mille personnes regarder ensemble et en même temps la saison 2 ?
C’était assez incroyable de voir tout ce monde réuni pour assister à la projection. Et puisque Dix pour cent est une comédie, on a constaté le plaisir de rire ensemble des spectateurs. Le rire est toujours très communicatif, tout comme l’enthousiasme, et cela a crée une belle soirée.
On sentait une grosse attente pour cette saison 2.
C’est vrai. Dix pour cent est un peu décalée dans le panel de fictions que propose France 2, qui attire un spectre plus large – et plus jeune – de spectateurs. Nous avons sans doute crée quelque chose d’un peu nouveau avec la première saison, qui a permis une adhésion du public, et qui s’est maintenue jusqu’à la diffusion de la saison 2.
Quels étaient les enjeux de cette saison 2 justement ?
Il fallait tout d’abord respecter les promesses, rester dans la droite ligne de la série. Les stars sont les agents, nous sommes là pour eux avant tout. Il fallait donc les garder en première ligne. Cela étant fait, il fallait aussi respecter l’équilibre avec les guest stars, ne pas les négliger. Et puis nous voulions prendre plus de libertés avec la comédie, la pousser plus loin, quitte à frôler le surrégime par endroits.
La saison va effectivement très vite. Est-ce facile de sérialiser en seulement six épisodes ?
C’est une des difficultés de Dix pour cent. La chaîne nous a bien fait savoir que nous ne pouvions pas produire plus épisodes par saison. Alors il faut rester sur des lignes simples, ne pas chercher à s’éparpiller ni à se poser, on perdrait du temps. Il faut être dans une certaine économie du récit.
Cette saison accueille un guest (Julien Doré) au long cours, faisant de lui un personnage secondaire de la saison. Comment cela s’est-il imposé ?
Ça nous a semblé naturel. Si le gimmick une star/un épisode offre un bon support de comédie, cela ne traduit pas la réalité du métier d’agent, qui suivent leurs talents au long de leur carrière, vivent dans une relation quotidienne avec eux. Il y avait donc un souci de réalisme à faire venir une personnalité pour plusieurs épisodes. Quant à Julien Doré, c’était le profil idéal pour entrainer la saison dans une autre direction. J’avais envie d’avoir une tonalité plus musicale. Comme Stéfi Selma [qui interprète Sofia, NDLR] chante également, on a pu travailler cet aspect.
La fin de l’épisode 4, qui révèle la relation entre Camille et Mathias, aurait pu faire une très bonne fin de saison, laissant sur un cliffhanger. Pourquoi avoir décidé de le placer plutôt en milieu de saison ?
Pour moi, ce moment est à sa juste place et n’a pas jamais été pensé comme une fin de saison. Révéler à ce moment-là ce secret qui tient les personnages depuis le tout premier épisode permettait de continuer à développer la trajectoire de Camille. La révélation ne règle finalement rien. On avait envie de résoudre le sujet sur les deux derniers épisodes de la saison.
Le dernier épisode, justement, se passe pendant le Festival de Cannes. C’était l’endroit idéal pour clore la saison ?
Dans une série qui se passe dans le milieu des stars et plus particulièrement des acteurs, Cannes était inévitable. Le côté coulisses de Dix pour cent nous permettait de rentrer côté coulisses à Cannes, ce qui nous semblait intéressant. C’était par contre l’épisode qui nous a demandé le plus de préparation, puisqu’en encore en écriture de la saison et sans aucun planning de tournage pour cet épisode, nous sommes allés filmer les préparatifs du festival 2016, faire quelques séquences avec Grégory Martel [Gabriel dans la série, NDLR] au milieu de la foule pour pouvoir intégrer quelques plans. Le reste a été filmé hors saison, bien après le festival. Nous avons également eu de la chance de pouvoir bénéficier d’un accord avec Canal, qui nous a laissés utiliser les images de la cérémonie d’ouverture, et jouer avec.
Pour la saison 3, déjà commandée..
Et déjà en cours d’écriture…
… le temps de production sera-t-il réduit ou faudra-t-il attendre un an et demi, comme ici ?
Ce sera pour octobre 2018, effectivement. Je ne sais pas comment font les autres, mais pour Dix pour cent, c’est le temps minimum nécessaire à sa production. C’est un processus difficile à digérer, et nous devons prendre le temps de tirer un bilan. C’est obligatoire. Mais ce temps entre les diffusions de saisons n’existe pas de notre côté. C’est un calendrier très serré et presque difficile à tenir. Auquel il faut ajouter le calendrier des personnalités qui viennent jouer, qu’il faut accorder à leurs mille autres emplois du temps. Nous avons des délais incompressibles de trois, quatre mois pour faire venir les stars. Mais un an et demi, c’est un délai raisonnable, pour vous comme pour nous.
Les deux premières saisons de Dix Pour Cent sont disponibles en DVD et VOD.