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John Luther, l’enquêteur le moins orthodoxe de Londres

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Luther Season 3 DCI John Luther 600x400 - John Luther, l’enquêteur le moins orthodoxe de Londres

British Week Logo - John Luther, l’enquêteur le moins orthodoxe de LondresAvant la rentrée américaine, Critictoo se met à l’heure anglaise du 10 au 16 septembre avec une semaine dédiée à la télévision britannique.


Est-il nécessaire d’être un homme brisé pour être brillant ? C’est une question que l’on pourrait se poser au regard des anti-héros qui envahissent nos écrans. L’inspecteur-chef John Luther est l’un des plus touchants de ces personnages névrosés. Incarné depuis 2010 par l’excellent Idris Elba dans la série britannique éponyme Luther, ce policier de la section criminelle de Londres en est sans doute l’élément le plus compétent, mais également le plus dangereux.

Fervent défenseur de ceux qui ne sont plus là pour se faire justice eux-mêmes, Luther redouble d’ingéniosité et d’intelligence pour mettre les meurtriers sous les verrous. S’il est le meilleur, ce n’est pas seulement grâce à son approche unique des scènes de crimes et à ses analyses rapides, c’est avant tout parce qu’il a une faculté incroyable à penser comme les criminels, à les comprendre.

Cette part d’ombre fait de lui un homme déterminé, mais également imprévisible et violent. Si son sens de la justice est inébranlable, sa morale est très personnelle. Pour arriver à ses fins, il n’hésite pas à briser le protocole et à user de méthodes illégales. Il n’ira cependant jamais jusqu’à blesser, même indirectement, un suspect et n’utilise les armes à feu qu’en cas d’extrême urgence.

Rongé par ses démons intérieurs, Luther tente de les faire taire en s’épuisant au travail. Son évident complexe de Dieu le pousse petit à petit à y sacrifier sa santé mentale et physique. La chute en est donc d’autant plus terrible quand la vie lui rappelle qu’aussi bon soit-il, il ne pourra pas sauver tout le monde. De désillusion en désillusion, Luther perd son équilibre fragile et ses tendances autodestructives refont surface.

Incapable de le regarder se détruire ainsi à petit feu, ses proches se détournent de lui peu à peu. L’électrochoc qu’est le départ de sa femme Zoe ne suffit pas à remettre ses pratiques en question. Sans vie privée et sans passion — complexe de Dieu à part David Bowie bien sûr ! —, il en vient à s’impliquer de plus en plus personnellement dans ses enquêtes, souvent pour le pire, mais quelques fois pour le meilleur.

Son obsession pour les criminels se transforme en fascination lors de l’investigation sur le double meurtre des parents d’Alice Morgan. S’il est évident à ses yeux que la jeune femme est coupable, Luther est bien incapable de le prouver. S’engage un jeu malsain entre l’inspecteur charmé et la tueuse manipulatrice. Cette relation insidieuse, mais passionnante va permettre à ses deux âmes en peine de passer un cap. Tandis qu’il lui redonne foi en l’amour, elle est toujours là pour le garder sur le droit chemin et lui rappeler pourquoi il se bat.

I have to believe there is still love in the world. Love, integrity and trust. Because in the end, that’s all we’ve got, we’ve got each other.

Au fil des saisons, Luther perd tout ce qu’il possède. Sa rage de vivre et son besoin de justice sont mis à rude épreuve, mais ne le quittent pas. C’est quand un homme n’a plus rien à perdre que l’on découvre jusqu’où il est prêt à aller.

Luther est ainsi le parcours d’un homme devenant un héros malgré lui, au prix d’un parcours tragique digne des plus sombres comics. C’est un justicier maladroit, dangereux et redoutable. C’est un homme divisé jouant constamment avec les limites et les dépassant à l’occasion. John Luther donne tout son sens à l’adage populaire disant qu’il faut parfois un monstre pour arrêter un autre monstre, et le fait avec une déconcertante poésie.