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De Mr Robot à Underground, le rebranding du câble met la série sens dessus dessous

Mr Robot Cable basique - De Mr Robot à Underground, le rebranding du câble met la série sens dessus dessous

Responsable chez FX depuis 2005, John Landgraf est obsédé par la quantité de séries produites de nos jours. Celui qui a plus ou moins lancé la conversation autour du « too much television » et du #peaktv a une bonne raison pour cela : FX n’a jamais eu autant de concurrence.

Il fut un temps où l’on pouvait voir justement FX comme la « HBO du câble basique », une réputation qu’elle tenait grâce à The Shield. Comme pour la chaine payante, les temps ont changé et la révolution s’est déplacée.

Celle-ci, si on peut dire, se déroule pourtant bel et bien sur le câble basique qui produit toujours plus de séries. De nouvelles chaines ne cessent de venir s’ajouter à une liste déjà longue, grossissant leur audience grâce à de la création originale là où la syndication (la rediffusion de séries) a perdu en intérêt dû au développement des services de VOD.

L’évolution économique du milieu ainsi que la manière de consommer du téléspectateur ont poussé plus d’une chaine du câble à repenser à son image pour attirer un nouveau public. D’une certaine façon, c’est ce qui a entrainé ABC Family à devenir Freeform, même si le résultat a de quoi laisser dubitatif avec une nouvelle ligne éditoriale que l’on qualifiera de douteuse pour être gentil. La qualité est ce qui nous intéresse ici, nous ne parlons aucunement de chiffres qui sont apparemment suffisamment bon pour justifier une saison 2 de ShadowhuntersTriste Monde Tragique.

Grâce à John Landgraf et son équipe, nous savons donc qu’il y avait 181 séries sur le câble basique en 2015, et ce chiffre sera plus gros encore pour 2016. Il y a de quoi en perdre la tête, on en sait quelque chose sur Critictoo vu qu’on ne sait plus trop où donner de la tête justement.

Autant dire qu’il n’a jamais été plus important pour une chaine du câble de trouver un moyen de se démarquer et de faire parler d’elle. Ne pouvant plus se reposer sur ce qui aura pu faire son succès d’antan, des chaines ont amorcé assez tôt le virage pour se transformer et (re)conquérir l’audience.

La télévision est un monde en constante ébullition. Lorsque l’on regarde ce qui s’est produit ces dernières années, bien des choses se sont développées après avoir trouvé leurs origines sur le câble. Il y a 5 ans de cela – quand Landgraf ne comptait pas encore les séries diffusées –, American Horror Story redéfinissait le mot anthologie. Quelques mois plus tard, History redorait le blason de la mini-série avec Hatfields & McCoys.

Est-il alors vraiment surprenant que ce soit sur le câble basique que l’on trouve la plupart des séries cultes de demain ? Les séries où, finalement, la liberté créative trouve le moyen de s’exprimer de manière différente que sur le câble premium ou un service de streaming.

Rien n’incarne mieux cet esprit révolutionnaire venant du câble que Mr. Robot, le nouveau porte-étendard d’USA Network. Le groupe NBCUniversal a eu bien conscience de la nécessité d’évoluer pour survivre assez tôt, le rebranding de Syfy ayant commencé à la mi-2014 pour porter véritablement ses fruits en 2015-2016. Reste que celui-ci est limité à la série de genre là où USA Network se veut plus large, et par conséquent plus important.

Celle qui contribua activement à la première révolution câblée avec Monk donne le ton d’un mouvement qui envahit multiples chaines déterminées à dépasser les limites qu’elles s’étaient posées. USA Network a décidé de s’extirper de sa formule pour prendre des risques et proposer des séries qui se frottent avec imagination aux problèmes de notre société – et sûrement plus, en fonction de ce qu’elle nous réserve.

Elle n’est cependant pas la seule à se réinventer, TNT/TBS fonce également dans le tas, quitte à casser des œufs. Là où la première ne dissimule pas son ambition de vouloir récolter des statuettes à un moment ou un autre, la seconde a pris un virage drastique dans le genre de comédies qu’elle offre – avec Angie Tribeca et The Detour.

Si cela n’était pas suffisant, rien n’affirme plus que le câble est en ébullition que le fait qu’une série comme UnReal, satire noire et efficace du monde de la télé-réalité soit diffusé sur… Lifetime (qui appartient au groupe A&E). Il y a même pas deux-trois ans, il était presque inconcevable de voir un tel show sur une chaine comme Lifetime.

Les choses changent vite sur le petit écran et les responsables des chaines du câble basique ont su prendre des risques. Certains ont payé, d’autres pas du tout, mais le résultat est là.

Celui-ci ne passe pas que par les chaines qui s’étaient déjà établies à travers des séries originales. En quelques années, d’autres ont émergé comme WGN America (Manhattan, Underground) pour mieux montrer que bien des choses sont possibles sur le câble basique ; on n’a pas besoin d’aller sur le premium ou le service de streaming pour être challengés.

Les chaines du câble basique profitent également du fait qu’ils ont un public cible bien défini au point de départ. C’est après tout ainsi que TV Land a commencé avec Hot in Cleveland. Cette comédie qui aura duré 6 saisons misait sur des vétéranes de la comédie, collant parfaitement avec sa programmation de classiques de la télévision. C’est en mars 2015 – avec le lancement de Younger – que TV Land a commencé sa transition pour se focaliser sur une audience plus jeune. La saison 2015-2016 – avec également Impastor et The Jim Gaffigan Show – fut donc la première consacrée à remplir ses objectifs.

Si la quantité de séries produites ne cessent de grossir, cette saison 2015-2016 a définitivement été marquée par un rebranding du câble basique qui a le plus drastiquement évolué ces dernières années et qui, dans sa volonté de se démarquer, transforme inexorablement le paysage télévisuel américain.