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Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

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Star Trek Poster - Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

Avec ses six séries et une septième qui arrive en janvier 2017, ses treize films officiels, ses romans, jeux, magazines et autres comic books, l’univers Star Trek est indéniablement le plus large existant qui découle d’une série TV.

Aujourd’hui est justement le 50ème anniversaire de la première diffusion du pilote de Star Trek sur NBC. Celle que l’on nomme à présent The Original Series débuta en effet le 8 septembre 1966 sur le network américain et se termina le 3 juin 1969 après 76 épisodes (en 3 saisons). Cela est presque court pour un show aussi influent, mais comme tout dans cette création de Gene Roddenberry, ce sont les idées qui étaient importantes. Celles derrière la série étaient telles qu’elles ont rapidement dépassé le petit écran pour s’implanter dans l’imaginaire collectif.

Naturellement, comme pour toutes les séries mémorables, l’histoire des origines de Star Trek est faite d’incertitudes et d’échecs, mais également de twists improbables. Au bout du compte, même si plusieurs décisions difficiles ont menacé d’empêcher le show d’aboutir, nous savons comment cela a tourné.

Malgré tout, puisque cinquante ans plus tard Star Trek est toujours un sujet d’actualité, remontons dans le temps pour revenir sur le parcours qui mena jusqu’au premier voyage de l’Enterprise sur NBC il y a 5 décennies de cela.

Gene Roddenberry - Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

Gene Roddenberry

Gene Roddenberry, de pilote à scénariste

L’industrie hollywoodienne est faite de récits étranges. Celui du parcours de Gene Roddenberry ne déroge pas à la règle. S’il est connu pour être scénariste, le créateur de Star Trek n’a pas réellement suivi un cursus scolaire allant dans ce sens. Il faut dire que, pendant longtemps, la seule chose qui était nécessaire pour écrire pour la télévision était de produire des scénarios et d’essayer de trouver quelqu’un pour les lire et qui serait prêt à vous engager.

C’est ce que Gene Roddenberry fit, mais avant cela, il a été pilote de combat dans l’armée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis pilote commercial. Il décida ensuite de marcher dans les pas de son père et devint policier à Los Angeles. C’est donc ce qu’il faisait quand il réussit à lancer sa carrière de scénariste freelance. En fait, tout débuta durant la période où il travaillait pour la division des relations publiques de la LAPD. Il se mit à rédiger des discours pour le chef de la police et servit de conseiller technique pour la série Mr. District Attorney.

Avec un pied dans le show business, il commença à écrire des scénarios sous le pseudonyme Robert Wesley. En plus d’avoir signé des scripts pour Mr. District Attorney, il se tourna vers Highway Patrol ou encore I Led Three Lives et vendit sa première histoire de SF, The Secret Defense of 117, qui fut alors produite pour Chevron Theater avec Ricardo Montalban (Khan Noonien Singh). Puisque cela devenait difficile pour lui de continuer sa carrière dans la police et d’en poursuivre une dans le milieu de la télévision, il rendit son uniforme. Nous étions en 1956.

De l’idée à la cage

Gene Roddenberry ne resta donc pas dans l’écriture de séries policières. Il travailla notamment sur The West Point Story, Have Gun – Will Travel ou encore Dr. Kildare avant de tenter de créer son propre show. Après l’échec de pilotes qui lui permirent tout de même de rencontrer Majel Barrett (Christine Chapel) et DeForest Kelley (Dr. Leonard « Bones » McCoy), il donna le jour à The Lieutenant pour NBC. Si cela lui offrit l’opportunité de collaborer une première fois avec entre autres Leonard Nimoy (Spock) et Nichelle Nichols (Uhura), ce qu’il retint de son expérience sur cette série est certainement ce qui eut le plus gros impact sur Star Trek. S’il veut aborder des sujets sensibles et d’actualité à la télévision, il ne peut pas le faire de manière explicite.

Sachant que The Lieutenant ne passerait pas la saison, Gene Roddenberry n’a pas tardé à plancher sur de nouvelles idées. L’une d’elle était donc un projet de science-fiction nommé Star Trek qu’il tenta de vendre à la MGM. L’accueil était positif, mais pas enthousiaste, et après un bon trimestre sans réponse du studio, il était évident que cela n’aboutirait pas. Après cela, Roddenberry se tourna vers la Desilu. À peine avait-il signé son contrat qu’il se retrouvait à présenter le show à CBS. Après un long meeting durant lequel il développa en détail ses idées, il apprit que le network avait déjà Lost in Space en développement et n’était pas intéressé, car une série de SF visant des adultes ne leur paraissait pas commercialement viable.

L’un des autres problèmes auxquels Gene Roddenberry devait faire face était financier. Une série de science-fiction coûte cher à produire, ce qui signifiait qu’il fallait trouver quelqu’un qui était prêt à prendre le risque de couvrir la facture. Cette personne était Mort Werner, vice-président de la programmation chez NBC — qui travaillait sous Grant Tinker. Il aimait l’idée de faire un show comme Star Trek et passa dès lors un accord avec Roddenberry. Il le paya pour qu’il lui propose trois histoires pouvant servir de pilote. Il en choisirait une qui devait alors devenir un script. Ce fut celle qui était intitulée The Cage qui a donc été sélectionnée.

Star Trek The Menagerie - Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

Le premier pilote

C’est en juin 1964 que le feu vert fut donné. La suite immédiate fut une longue période de recherches. L’idée de Gene Roddenberry était de créer un nouvel univers, mais celui-ci devrait apparaitre en quelque sorte logique en terme d’évolution de l’espèce humaine et de technologies. C’est pour cela que le scénariste fit appel à des experts. Cela allait d’un colonel de l’air force à des scientifiques de différentes disciplines.

Le challenge était que l’univers de Star Trek puisse sembler plausible. Les spectateurs devaient y adhérer et pas uniquement les plus jeunes. De plus, aucune série de science-fiction de ce type n’était encore à l’antenne et il fallait innover, en particulier au niveau des effets spéciaux. Le travail était colossal, surtout que la volonté de Roddenberry à maintenir une crédibilité scientifique compliquait les choses – il fut tout de même contraint de faire des concessions pour éviter que cela devienne trop nébuleux pour les spectateurs.

En septembre, le scénario était enfin prêt. À l’exception d’une scène de rêve qui était une potentielle source de confusion selon le network et quelques détails mineurs, peu était à modifier et le tournage fut officiellement autorisé. À ce stade, il était donc nécessaire de construire les décors.

Il fallut 6 semaines pour donner le jour à la passerelle de commandement de l’Enterprise. C’est là que la production rencontra son premier problème majeur. Le lieu de tournage fut déplacé et tout devait être adapté au nouvel hangar de tournage. Pour ne rien arranger, celui-ci était ancien, datant de l’époque du cinéma muet, et l’isolation sonore catastrophique. Malgré tout, le tournage finira par aboutir, naturellement.

Côté casting, le plus difficile fut de trouver le héros, le capitaine April – qui devint le capitaine Winter, puis Christopher Pike avant le début des prises de vue. En ce temps, il y avait presque plus de séries en production qu’il n’y avait réellement d’acteurs avec ce qu’il fallait pour les porter.

Le choix pour Pike se résumait à peu de noms, dont Jeff Hunter qui accepta alors le rôle. Pour le reste, après The Lieutenant, Roddenberry voulait retravailler avec Leonard Nimoy et l’engagea donc pour jouer Spoke. Majel Barrett devint Numer One, bras droit de Pike ; Peter Duryea était le navigateur ; John Hoyt endossa l’uniforme du Dr. Philip Broyce ; Lauren Goodwin celui de J. M. Colt. Enfin, Susan Oliver et Ed Madden étaient les guest stars. Le plus difficile au bout du compte fut de vendre le fait que l’on trouvait – principalement dans les rôles secondaires – des personnages de races différentes qui travaillaient ensemble. Le studio était réticent, imaginant déjà des stations affiliées rejeter le show à cause de cela. Gene Roddenberry ne céda pas aux pressions.

Le tournage pour ce pilote renommé The Menagerie débuta en fin de compte le 12 décembre 1964 et dura 12 jours. Si on passe outre le fait que le coût de la production monta jusqu’à 630 000 dollars – largement au-dessus de la moyenne de l’époque –, l’aventure Star Trek était bien lancée. En février, elle s’arrêta. NBC rejeta le pilote.

Le network aimait l’épisode, tout comme les spectateurs qui furent invités à une projection test. Le souci était que, pour la chaine, cette introduction était trop cérébrale et l’action qui avait été promise manquait légèrement. Ajoutons également une certaine insatisfaction envers des décisions de casting et, surtout, au sujet Spock.

Les oreilles pointues du personnage qui était par ailleurs une véritable torture à porter pour Leonard Nimoy, étaient en partie la cause du problème. Apparemment, cela lui donnait une apparence trop diabolique et certains groupes religieux risquaient de s’en plaindre.

Heureusement, NBC finit par réaliser que la source de leur mécontentement découlait de la commande d’origine et non du produit fini qui correspondait à ce qui avait été promis. Pour la première fois de l’histoire de la télévision, un second pilote a été commandé.

Star Trek Where No Man Has Gone Before - Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

Le Second pilote

Gene Roddenberry accepta ainsi de se remettre au travail… à condition que Mr Spock reste. Cela fut donc accordé, mais le Vulcain devait se faire discret. L’autre problème qui se posait était toujours à propos de la mixité raciale de l’équipage de l’Enterprise, mais là encore cela finit par se dissiper.

NBC réclama trois nouveaux scripts, celui intitulé Where No Man Has Gone Before écrit par Sam Peeples fut sélectionné en juin. Après cela, il y eut de nombreuses discussions sur les personnages présents dans The Menagerie et des changements furent décidés.

Number One a alors été éliminée à la demande de NBC, car le public de l’époque avait du mal à accepter une femme à un tel poste de pouvoir – Majel Barrett reviendra plus tard dans le rôle de l’infirmière Chapel. Spock en tira profit, puisqu’il devint le bras droit du capitaine. Enfin, le budget ne devait pas dépasser les 300 000 dollars cette fois.

Ce second pilote fut en quelque sorte une bénédiction en ce qui concerne les coûts de production. Toute l’équipe réalisa en effet le temps et l’argent qui devait être considéré pour chaque épisode. De nouvelles techniques devaient être développées et elles le furent.

Le 5 juillet 1965, le tournage devait débuter. Avant cela, il fallait recomposer le casting. Leonard Nimoy était donc de retour, mais Jeff Hunter était occupé sur un film et devait être remplacé. William Shatner fut ainsi engagé pour jouer celui qui se nommait à présent le Capitaine Kirk. James Doohan décrocha le rôle de Scotty et George Takei devint Sulu.

Finalement, la production de ce nouveau pilote ne débuta que le 21 juillet. Le script avait été révisé plusieurs fois dans le but de réduire les coûts, mais il y eut tout de même un dépassement de plus de 12 000 dollars du budget.

Le tournage ne fut pas non plus sans problème. Le plus important d’entre eux a été une attaque de guêpes. William Shatner fut piqué sur une paupière. Heureusement, même si faire venir l’exterminateur interrompit la production pendant plusieurs heures, si cela s’était réalisé à un autre moment de la semaine, la pause aurait pu couter plus cher encore. Puisque l’incident se produit un vendredi, l’œil de l’acteur a eu le week-end pour dégonfler et le business reprit normalement le lundi.

La post-production n’a pas souffert de la même façon, mais elle n’a pas non plus été de tout repos. Les effets spéciaux ont demandé plus de temps que prévu et Gene Roddenberry s’est retrouvé en aout à la production d’un autre pilote, celui de Police Story, puis celui de The Long Hunt of April Savage en septembre. Il ne put s’occuper de nouveau de Star Trek qu’en octobre et, à cause de son perfectionnisme, il prit du retard dans la livraison de l’épisode.

En janvier 1966, Gene Roddenberry boucla donc son second pilote de Star Trek et, le mois suivant, NBC commanda la série.

Star Trek Behind The Scenes - Star Trek a 50 ans : La courte histoire du développement de la série culte

En route vers les étoiles

Après tout ce qu’il a fallu mettre en œuvre pour réaliser les deux pilotes, tout le monde savait que produire les 16 premiers épisodes commandés demanderaient beaucoup. Préparer la saison pour qu’elle puisse entrer en production assez tôt s’est alors imposé comme une nécessité afin de tenter de prendre de l’avance de manière à pouvoir tenir les délais.

Dans ce sens, l’idée d’utiliser The Menagerie – le premier pilote – pour monter un épisode en deux parties est clairement née du besoin de gagner du temps et de l’argent.

En premier lieu cependant, il était nécessaire d’écrire les scénarios et, une fois de plus, de recaster des acteurs à cause de problèmes de disponibilité. C’est là que DeForest Kelley décrocha le rôle du docteur Leonard « Bones » McCoy, et ce, grâce à sa performance dans le pilote de Police Story.

Ensuite, le rôle de l’officier en charge des communications a été réécrit dans le but d’avoir une autre femme au casting. C’est ainsi que Nichelle Nichols fut engagée pour jouer Uhura. Enfin, Grace Lee Whitney devint Janice Rand, l’assistante de Kirk.

Au-delà des acteurs, plusieurs problèmes devaient absolument être adressés, comme le design des phasers et des costumes, le déménagement des décors dans de nouveaux hangars de tournage et les effets spéciaux qui réclamaient de l’argent et du temps. Les détails à régler s’accumulaient, les scénarios avaient des soucis et demandaient beaucoup de réécritures, dont certaines découlaient des demandes de NBC – notons d’ailleurs que la chaine avait fait la paix avec Spock.

Le 8 septembre 1966, Star Trek débuta donc sur NBC. Malgré les nombreux obstacles que Gene Roddenberry devait sans cesse surmonter, la grande aventure se poursuivit et elle ne s’est toujours pas arrêtée.

Cette article a en partie été rédigé à l’aide de « Making of Star Trek » de Stephen E. Whitfield et Gene Roddenberry.