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Tina et Bette de The L Word : Une femme avec une femme

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The L Word Tina Bette - Tina et Bette de The L Word : Une femme avec une femme

saint valentin - Tina et Bette de The L Word : Une femme avec une femmeComme le veut la tradition, Critictoo célèbre la Saint-Valentin en mettant à l’honneur les couples dans les séries télévisées.


Le mot en L de la série culte des années 2000 diffusée sur Showtime n’est pas forcément celui qu’on croit, et le plus adapté serait sûrement « Love ». L’amour y est partout, sous toutes ses formes. Pour ce qui est de celui qui vous marque une vie, celui qui est successivement passionné, sage, déchirant et tendre, il est porté par Bette (Jennifer Beals) et Tina (Laurel Holloman).

Les deux femmes forment le couple le plus emblématique de The L Word, le seul à jouer avec nos sentiments pendant l’intégralité des sept saisons du programme. Ensemble depuis sept ans lorsque la saison 1 débute, elles sont souvent considérées comme un modèle malgré les tensions qui les agitent. Couple polarisant parce qu’il passe autant de temps à se déchirer qu’à s’aimer, Bette et Tina font indéniablement sortir le meilleur et le pire l’une de l’autre. Complexes et touchantes, elles se sont fait une place à la télévision parmi les couples qui comptent, et pas seulement parce qu’elles ont ouvert la voie à une représentation moderne des couples gays.

Bette Porter et Tina Kennard se sont trouvées sur bien des points, ce sont des femmes brillantes, pétillantes, cultivées, animées par leurs passions et transportées par les arts. La première gère une galerie puis devient doyen d’une école d’art, la seconde opère en tant que producteur exécutif dans le cinéma et s’investit corps et âme dans le bénévolat.

Si elles partagent également des valeurs fondamentales, notamment pour tout ce qui a trait à la famille, leurs personnalités et leurs passés radicalement différents sont parfois difficiles à faire coexister. Bette est aussi control freak que Tina est spontanée, tandis que leurs visions respectives du couple divergent fréquemment. Anciennement cavaleuse à la réputation toute faite dans le milieu LGBTQ+ de Los Angeles, Bette a été amenée à revoir radicalement son mode de vie en tombant sous le charme de la jolie blonde jusque-là très hétéro et aux rêves de stabilité.

Après plusieurs années de vie commune, la communication s’étiole et les démonstrations d’affection se font rares. Ce climat d’incertitudes réveille les doutes de chacune et laisse la porte entrouverte à l’infidélité, la première grosse crise du couple. S’en suivront des problèmes financiers, des rivalités professionnelles, puis une séparation ferme lorsque Tina développe des sentiments pour un homme. Le destin les ramène pourtant toujours l’une vers l’autre, incapable de trouver ailleurs une telle connivence physique, mais surtout intellectuelle.

Chaque coup dur ou coup bas est l’occasion d’entamer ou de réinstaurer le dialogue, et de repenser pour le mieux leur dynamique. Au fil des saisons, on assiste à différentes étapes de leur vie commune : du couple fusionnel aux véritables partenaires de vie, en passant évidemment par le duo parental, le rôle qui leur sied le mieux.

Ce rêve d’enfant, d’un enfant métissé à l’image de leur amour, elles l’ont mûri à deux et elles se sont battues pour. Ensemble ou non, amoureuses ou pas, Bette et Tina ont toujours fait passer leur petite fille Angelica avant le reste. Elles étaient des parents exemplaires, mais devaient à la différence de beaucoup d’autres le prouver pour être reconnues devant la loi. Cette maternité sous condition, qui soulève plus d’une fois l’incompréhension et l’indignation des bien-pensants est l’une des illustrations les plus réussies de The L Word des difficultés rencontrées par les couples homosexuels au quotidien.

À travers Bette et Tina, on redécouvre que le mariage pour tous est loin d’être une évidence, et qu’aujourd’hui encore, des deux côtés de l’Atlantique, il est loin d’être entré dans les mœurs. Ne parlons pas de l’adoption bien moins accessible qu’on le croit à laquelle elles devront renoncer, faute de législation et d’encadrement. Pour ce qui est des détails plus insidieux du quotidien, on explore également avec elles l’impact que la vie personnelle peut avoir sur une carrière ambitieuse ou encore du rejet, voire du déni, des proches.

Cependant, si The L Word fait encore parler aujourd’hui, c’est parce qu’elle sait parler à tous, quels que soient le genre ou l’orientation sexuelle. Bette et Tina sont à l’image du couple que l’on connaît si bien, peut-être même dont on fait partie, qui s’inscrit sur la durée et fait face aux difficultés du temps. Si cela ne fonctionne pas toujours et que les tentations se font nombreuses, elles essaient très fort de se maintenir à flot et de continuer à écrire leur belle histoire.

Bette et Tina forment un couple imparfait auquel on s’identifie malgré nous. Portées autant par la passion que par la tendresse, leurs vies sont définitivement liées, quelle que soit la forme que leur duo prendra. Dans The L Word : Generation Q, elles ont pour de bon pris des chemins différents. Restent le plus important, leur famille, leur amitié sincère, et un nouveau chapitre à écrire ensemble.