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Any Human Heart (A livre ouvert) : Les Carnets intimes de Logan Mountstuart

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Any Human Heart - Any Human Heart (A livre ouvert) : Les Carnets intimes de Logan Mountstuart

Le destin de Logan Mountstuart, écrivain né au début du XXe siècle, et qui va connaître tout au long de ce dernier la guerre, l’amour, la tragédie, la déchéance, la richesse, la pauvreté, le conflit et la paix.

Logan Mountstuart. Le nom laissait présager bien des péripéties et une vie qu’on imagine mouvementée rien qu’en le prononçant. Écrivain, amoureux éperdu, égocentrique traversant le siècle, c’est à travers son existence que William Boyd, auteur du roman À livre ouvert : Les Carnets intimes de Logan Mountstuart, a décidé de plonger le lecteur dans cette « aventure », puis le spectateur, vu qu’il se charge lui-même de l’adaptation, diffusé sur Channel 4.

Pour incarner cet homme, il en faudra au moins trois : Sam Claflin pour le jeune âge, Matthew MacFadyen pour la plus grosse période, et Jim Broadbent pour la dernière ligne droite. Logan nous le dit lui-même, on ne reste pas toute sa vie la même personne, et sur ce principe, son visage change et sa personnalité se forge au gré de ses expériences multiples ayant donné à sa vie des allures de montagnes russes dans laquelle bonheur et tragédie s’alternent. Bonne chance ou malchance, comme le veut sa conception de la vie, mais juste de la chance.

L’histoire d’Any Human Heart s’ouvre avec un jeune Logan (Sam Claflin), qui pense plus à perdre sa virginité qu’à faire quelque chose de concret de son existence, et qui assurément pose les bases du personnage avec trop de solidité. Des débuts difficiles ont alors lieu, mais qui vont faire plus que nous présenter au personnage central, mais aussi nous faire entrer en contact avec ses deux meilleurs amis, Peter (Samuel West) et Ben (Ed Stoppard), et à ce qui motive Logan dans la vie : le sexe et dans une certaine mesure, l’argent.

Au-delà des rapports, il y a donc des femmes. Elles vont être le port d’attache de Logan, le thermomètre de ses passions et de la progression de son existence, le poussant vers les défis, le bonheur ou la misère. De Tess (Holliday Grainger) la libérale campagnarde à l’investie Land (Charity Wakefield) pour nous conduire à sa première épouse Lottie (Emerald Fennell), Mountstuart n’est menée que par ses instincts les plus primaires ne le menant décidément pas dans la bonne direction.

Les choses vont quelque peu changer avec l’âge (et l’arrivée de Matthew MacFadyen), et surtout, grâce à sa rencontre avec Freya (Hayley Atwell), l’amour de sa vie, celle qui viendra assurément fournir une sensibilité différente au récit, et une direction plus louable, dans laquelle viennent à intermittence variable s’y glisser des figures historiques tel que Ian Fleming (Tobias Menzies), Ernest Hemingway (Julian Ovenden) ou encore le couple Windsor (Gillian Anderson et Tom Hollander).

À l’image de ces rencontres, le récit d’Any Human Heart prend de la valeur non pas à travers son personnage principal, mais par les gens qu’ils rencontrent. Principalement des femmes. Si les premières étaient parvenues à imposer leurs personnalités, Freya affirmera sans conteste son goût pour les femmes intelligentes, dissimulant aisément plus de subtilité que lui-même n’en possède. Elles rythmeront en tout cas son existence, un fait dont il est certainement bien conscient, ne séparant pas celle-ci en fonction de ce qu’il a vécu – la prison, la mort, les voyages, la guerre, New York – mais bien en fonction de celle qui se trouvait présente près de lui. Sa première épouse, sa seconde, sa troisième, Gloria (Kim Cattrall)… La mort finit par l’entourer, pour fournir à la série une puissance narrative qui lui manquera bien trop souvent et qui se verra d’ailleurs occasionnellement entachée par quelques tentatives de plans de caméra peu inspirés – sans compter quelques insertions pour connecter les trois Logan ensemble, se montrant régulièrement peu pertinentes.

L’âge (Jim Broadbent) entrainera le personnage dans des épreuves financières, le poussant à s’éloigner de ces premiers instincts pour en poursuivre d’autres, mais sans pour autant perdre le fil de ce qui l’anime réellement, nous faisant inexorablement (bien que doucement) replonger dans les défauts narratifs de la série, ayant du mal à tirer le meilleur d’un personnage qui ne possède définitivement pas la complexité nécessaire pour fournir une histoire véritablement prenante d’un bout à l’autre.

Logan Mountstuart (1906-1991) a donc traversé le XXe siècle, mais ce voyage finit par prendre des tournures trop anecdotiques, au sein duquel des moments clés se détachent, mais une absence de solidité d’ensemble en ressort trop.  À l’image d’une partie de la vie de son personnage, Any Human Heart ne se montre pas assez passionnante et garde principalement le cap grâce aux talents qui sont venus donner vie à la série.