Famille de la middle-class, les Manson mènent une vie tranquille et heureuse, jusqu’au jour où leur fille Prue leur annonce qu’elle va se marier et avoir un bébé avec Gavin, son professeur d’anglais. Son père est dévoré par la jalousie alors que Gavin dissimule un secret qui ronge et divise les membres de la famille Manson
34 ans après avoir adapté le roman d’Andrea Newman, ITV donne le jour à une nouvelle version de Bouquet of Barbed Wire. L’histoire nous entraine au sein de la famille Manson, qui va se déchirer suite à l’introduction de Gavin (Tom Riley), futur mari de Prue (Imogen Poots) et père de l’enfant qu’elle attend.
La série – composée de trois épisodes – va donc avant tout jouer sur les rapports qu’entretiennent les membres de la famille Manson, détruisant en morceaux leur bonheur à l’aide de mensonges et secrets passés. Pour faire ressortir la vérité, il y a Gavin, ayant spécialement choisi Prue pour orchestrer sa vengeance contre son père, celui qui a causé la perte de Paula.
Qui est donc Paula ? La question n’aura une réponse qu’à la fin, et ce, sans véritablement fournir à l’histoire l’amplitude dont elle aurait eu bien besoin. Pourtant, avant son dernier épisode, Bouquet of Barbed Wire, bien que clairement imparfait, réussissait à délivrer avec une certaine maitrise la tension sexuelle et les sous-entendus nécessaire à son sujet pour se révéler, si ce n’est pas captivante, au moins suffisamment prenante pour donner envie de voir la suite. Explorant l’obsession que nourrit Peter (Trevor Eve) pour sa fille Prue, les images, les regards et lieux se font plus significatifs que les dialogues pour réellement donner du poids à cette relation malsaine, que Gavin a exposé et compliqué. Ce dernier n’est pas non plus en reste, bien décidé à utiliser sa femme et Cassie (Hermione Norris), sa mère, pour toucher Peter et le forcer à dévoiler son secret.
Heureusement pour l’histoire, elle ne repose pas entièrement sur le mystère autour de Paula, qui sera fané avant même d’avoir été exposé, et qui ne parviendra pas à avoir l’effet escompté, malgré sa volonté de placer le rapport père-fille entretenue par Peter et Prue à un autre niveau. La série s’affirme avant tout à travers la complexité de ces personnages – à commencer par un Gavin extrêmement torturé et brisé – pour donner corps à des relations s’épanouissant dans une sorte de mensonge, et qui poussent chacun dans une spirale quelque peu autodestructrice quand la vérité menace d’ébranler leur monde. Au cœur, il y a donc l’amour obsessif de Peter pour sa fille Prue, et la difficile tâche de jouer sur la moralité de ces sentiments. La ligne est fine entre son besoin de protection et des sentiments interdits, et l’histoire ne parviendra pas continuellement à bien exploiter ce fait, les manipulations de Gavin empêchant l’aspect malsain de leur relation de complètement s’exprimer alors que celui-ci, où qu’il soit, s’impose et pousse tout le monde vers sa partie la plus immorale. Il se révèle aussi parfois difficile de comprendre totalement les motivations de certains personnages, à commencer par Prue, dont quelques traits de caractères exagérés et une mise en scène malhabile de sa volonté d’émancipation empêche de tout de suite saisir ce qui l’anime.
Cette nouvelle version de Bouquet of Barbed Wire ne parvient donc pas à être aussi sulfureuse – ou choquante – que son sujet le voudrait. Malgré un certains nombres de maladresses, elle réussit quand même à mettre en scène avec une certaine force les problèmes dysfonctionnelles de la famille Manson, entre secrets, mensonges et relations tortueuses.