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Séries Avant The Night Of, Criminal Justice nous plongeait dans les rouages du système judiciaire anglais

Avant The Night Of, Criminal Justice nous plongeait dans les rouages du système judiciaire anglais

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criminal justice saison 1 ben whishaw - Avant The Night Of, Criminal Justice nous plongeait dans les rouages du système judiciaire anglais

Après la seconde saison de True Detective, HBO mise sur le show The Night Of pour occuper son été. Développée à l’origine par James Gandolfini qui devait y tenir l’un des rôles principaux (qui est endossé pour le coup par John Turturro), The Night Of est tout simplement l’adaptation américaine de l’anglaise Criminal Justice de Peter Moffat. Avant de découvrir l’enfer judiciaire dans lequel va être plongé Naz (Riz Ahmed), un américain d’origine pakistanaise qui est accusé d’un meurtre sur HBO, c’est le moment opportun de revenir sur la série qui l’inspire.

Ancien avocat de profession, Peter Moffat a fait ses débuts en tant que scénariste avec un épisode de Kavanagh QC en 1999, avant de créer North Square (2000). Après cela, il va prendre ses distances avec la loi avant d’y revenir quelques années plus tard pour scénariser Criminal Justice. Comme son titre l’indique, la série s’intéresse de près au fonctionnement de la justice pénale, à travers deux saisons diffusées en 2008 et 2009 sur BBC One nous racontant chacune une histoire indépendante.

Une descente en enfer

Avec un tel sujet, Moffat aurait pu aisément passer le plus clair de son temps à dénoncer les failles d’un système imparfait – tout simplement, car il n’en existe aucun de parfait. Au lieu de cela, le scénariste va multiplier les angles, autant pour décortiquer les rouages de la justice pénale que pour mettre en avant ses forces, ses faiblesses et ce qui reste éternellement un mystère : la psychologie humaine. Chaque saison se concentre sur une personne différente qui se retrouve aux prises avec un système qui peut fonctionner autant sur la base du mensonge ou de la vérité – et principalement sur un mélange des deux.

Composée de 5 épisodes, la première saison nous relate la descente aux enfers de Ben Coulter (incarné par Ben Whishaw) accusé du meurtre d’une jeune femme (Ruth Negga). Du rôle de la police à la condamnation en passant par la cour de justice, le récit suit Ben dans la majorité de ses épreuves.

Whishaw offre alors une prestation réaliste et touchante qui donne corps à l’épreuve traversée par le personnage, pris au piège dans une situation particulièrement morbide. L’approche visuelle, avec des tons majoritairement gris, soutient l’ambiance générale de l’œuvre qui se montre oppressante sans pour autant trop en faire.

Moffat intrigue en jouant avec la plus grosse ficelle scénaristique: Ben est-il innocent ou coupable ? Cela est un mystère, même pour lui. En faisant germer le doute, la tourmente du personnage n’en est que plus forte tout en facilitant la mise en perspective du fonctionnement judiciaire. De cette première saison, on regrettera surtout l’utilisation d’un Deus Ex Machina à la toute fin qui vient légèrement gâcher le travail effectué.

criminal justice saison 2 maxine peake - Avant The Night Of, Criminal Justice nous plongeait dans les rouages du système judiciaire anglais

L’interprétation des faits

De retour pour une seconde saison (aussi composée de 5 épisodes), Peter Moffat changera quelque peu son approche pour dévoiler un récit d’une toute autre envergure. Si l’histoire de Ben était intrigante, celle de Juliet Miller se révèle plus dérangeante.

Incarnée par Maxine Peake (qui travaillera plus tard avec le scénariste sur Silk et The Village), Juliet se retrouve dans le système suite à la mort de son mari. Cette fois-ci, il n’y a pas de doute sur la personne responsable. Les questions développées tournent clairement autour des motivations, de ce qui peut conduire à un tel acte et comment juger si la vérité complète n’est pas exposée.

À travers Juliet et sa fille, témoin du meurtre, cette seconde saison de Criminal Justice nous entraine encore plus loin dans les dessous du système. L’histoire s’articule autour de l’idée classique que les apparences sont souvent trompeuses et que seuls les concernés connaissent vraiment les tenants et les aboutissants. Autour, les gens tentent de tirer leur conclusion, cherchent à obtenir des réponses comme ils le peuvent, les mensonges et les silences venant aussi s’y mêler et compliquer le travail. En découlent alors des conséquences inavouables.

Comme Whishaw dans la première saison, Maxine Peake délivre une performance électrisante, donnant vie à une femme psychologiquement détruite qui sombre au plus profond d’elle-même. À chaque fois, les deux acteurs sont par ailleurs particulièrement bien entourés, que ce soit avec Pete Postlethwaite, Juliet Aubrey et Con O’Neill en saison 1 ou Matthew Macfadyen et Sophie Okonedo dans la seconde.

Cette saison 2 de Criminal Justice se révèle donc encore plus éprouvante que la première. Moffat joue aussi plus habilement avec l’empathie que son histoire suscite. Il met un soin particulier à exposer la complexité d’un système où il est difficile de savoir quoi faire face à l’inconnu. Au final, aussi imparfaite puisse être la justice, que faire quand la seule personne à détenir la vérité se refuse à parler ?

*

Avec Criminal Justice, Peter Moffat portait donc un regard captivant sur le système judiciaire britannique. Soutenue par un impeccable casting dans les deux cas, la série délivre deux histoires particulièrement intenses, poignantes et sans aucun doute déroutantes.

La première saison de Criminal Justice a été diffusée en France sur Canal+ ainsi que sur France 4 et OCS Max. La série est disponible en DVD impork UK (sans piste et sous titres français). The Night Of arrive le dimanche 10 juillet sur HBO et le lendemain en France sur OCS.