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Les Hommes de l’ombre, saison 2 : Toute ressemblance avec des personnages ou des situations…

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Les Hommes de lombre saison 2 - Les Hommes de l'ombre, saison 2 : Toute ressemblance avec des personnages ou des situations...

Après la défaite d’Anne Visage à l’élection présidentielle anticipée, Simon Kapita est reparti gérer son cabinet de communication à New York. Quand Alain Marjorie, le nouveau président de la République, lui demande de revenir pour gérer une situation de crise, Simon s’aperçoit que la tâche sera des plus compliquées.

Trois ans après une première saison qui avait rencontré un beau succès public et une reconnaissance critique plutôt correcte, Les Hommes de l’ombre a fait son retour pour une nouvelle plongée dans la jungle de la politique française. Le terme « jungle » n’a ici rien d’usurpé ou de galvaudé, tant l’ambiance de cette saison 2 s’avère sauvage et dangereuse. En toute logique, après la déconstruction d’une campagne électorale, c’est l’exercice du pouvoir qui est mis à rude épreuve dans ces six nouveaux épisodes.

Exit Anne Visage, bonjour Alain Marjorie. Le plan final de la première saison laissait le suspense quant au vainqueur de cette élection. Les scénaristes ont eu le nez fin puisque Nathalie Baye, non-partante pour la reprise, aurait crée un sacré problème de cohérence. Débarrassé de ce personnage, Les Hommes de l’ombre peuvent alors ouvrir un nouveau chapitre qui se concentre sur la vie du locataire de l’Élysée, Alain Marjorie, candidat de gauche face à Visage au second tour de l’élection présidentielle.

Même si tout cela est avant tout de la fiction, difficile dans de telles conditions de ne pas voir un parallèle troublant avec l’actuel président de la République. Néanmoins, le commentaire politique ne s’arrête pas à une bête métaphore sur le chef d’État qui nous gouverne aujourd’hui et vise plutôt à s’intéresser à la fonction présidentielle dans notre société moderne.

Déjà utilisé comme amorce pour la saison 1, la scène choquante est visiblement le gimmick qui permet d’entamer les premiers épisodes de Les hommes de l’ombre. Cette année, c’est un accident de voiture. Pas n’importe lequel vu que la première dame se trouvait à l’intérieur avec son amant, mort sur le coup.

À la différence de la précédente saison, la seconde s’ouvre ainsi sur un fait personnel et non politique. Il faut dissimuler un meurtre (disons un homicide), ainsi qu’une première dame infidèle. Évidemment, cet acte ne peut qu’avoir des répercussions politiques, qu’on veuille le révéler ou le cacher. C’est précisément ce que veux faire Alain Marjorie en appelant à la rescousse l’homme qui a pourtant failli faire gagner son opposante : Simon Kapita. D’abord réticent, celui-ci va finalement accepter, ce qui lui permet de revoir sa fille, jeune journaliste ambitieuse, mais aussi son ennemi, Ludovic Desmeuze, bien informé sur ce qui se trame dans les couloirs de l’Élysée et décidé à faire tomber le pouvoir pour le compte de Philippe Deleuvre.

Cette saison pose tout d’abord un sérieux problème de dualité. Elle est souvent brillante dans ses approches politiques, mais fade dans ses parties personnelles. Plutôt réussis en saison 1, les histoires privées des uns et des autres sont ici au mieux prévisibles, au pire complètement à côté de la plaque. La « poupée » blonde du ministre de l’Intérieur qui fait la girouette entre les camps politiques, l’ex-femme déterminée à sortir des scoops quitte à sacrifier ses inquiétudes pour sa fille, sans parler d’Élisabeth Marjorie, plus Trierweiler que Trierweiler elle-même… Les Hommes de l’ombre regorge de personnages bancals et d’intrigues faciles. Le problème est donc que, forcément, ces protagonistes ont une influence plus ou moins majeure sur les affaires politiques.

Mais là où le scénario est convaincant, c’est que ses personnages – aussi faiblards soient-ils –sont vite dépassés et absorbés par les résonances des sujets politiques abordés. Si l’accident d’Élisabeth est le fil rouge de la saison, la « crise » d’otages dans les épisodes 3 et 4 interrompt tout le reste. Comment ne pas réagir vivement quand la fiction se révèle aussi ancrée dans son époque, puisque quelques jours seulement avant la diffusion, le français Hervé Gourdel se faisait tuer par un groupe terroriste ? Si la fiction reprend le dessus avec la « chasse » d’un négociateur qui agit pour ses propres intérêts, ce contexte favorise sans difficulté la prise au réel de la série. De même, comment ne pas être interloqué par la décision de Juliette de partir en Syrie parmi les djihadistes pour une enquête journalistique, à l’heure où les médias déroulent des pages entières et des heures de reportages consacrés à ce sujet ?

Sur un volet moins grave mais tout à fait remarquable, nous avons aussi une première dame qui révèle détester sa fonction et hésite à partir pour ne plus avoir à subir cette pression et les tourments de la vie publique. Et ce n’est qu’un cas parmi d’autres des luttes internes, des jeux de pouvoirs et des accords secrets entre hommes et partis qui font la richesse et la force du récit de cette deuxième saison.

Les Hommes de l’ombre décrit avec un œil aiguisé le grand cirque médiatico-politique français et fait mouche dans les aspects les plus réels de son déroulement. Si la série ne nous apprend finalement pas grand chose (les tractations, les accords, les messagers,…), elle se révèle particulièrement bien informée, s’ancre définitivement dans son temps et n’a peur d’aborder aucun sujet délicat d’actualité. Et dans la fiction française, elle se place sans problème parmi les plus audacieuses.

Voulue comme un triptyque sur l’avant-pouvoir, le pouvoir et l’après pouvoir, une troisième et dernière saison est donc en cours d’écriture.

La saison 2 de Les hommes de l’ombre est disponible en DVD.