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Les Revenants : à la vie, à la mort (saison 1)

les revenants saison 1 - Les Revenants : à la vie, à la mort (saison 1)

Dans un village de Savoie isolé qui est menacé par la fuite d’un barrage, des personnes mortes et enterrées reviennent. N’ayant ni conscience d’avoir disparu, ni du temps passé, ils viennent bouleverser des femmes, des parents, des maris, qui avaient appris à vivre sans eux. Il va falloir désormais revivre avec…

Si vous n’avez pas vécu dans un tout petit village de montagne sans télévision et sans internet depuis le début de l’automne, vous devriez être au courant que Les Revenantsir?t=critictoo 21&l=as2&o=8&a=B00960AJEC - Les Revenants : à la vie, à la mort (saison 1) est la série qui va faire basculer l’industrie sérielle dans une toute nouvelle dimension. Avec une campagne publicitaire pour le moins voyant, un marketing viral audacieux et des critiques presses qui nous disent « on a jamais vu ça, c’est énorme !!! », la série de Fabrice Goubert, adaptée du film de Robin Campillo (sorti en 2003) est rapidement devenu le hit annoncé. Avec à la clé les meilleures audiences historiques pour une « Création Originale » de la chaîne cryptée, le show a fait ce que l’on attendait de lui : cartonner.

Il faut bien dire que le scénario part sur une idée à la fois géniale et complètement glaçante. Pour rendre l’évènement encore plus troublant, tout commence avec une adolescente, une gamine innocente qui n’a fait que prendre le bus pour un voyage scolaire et qui a chaviré dans un ravin avec tous ses camarades. Camille donc, puisque c’est son nom, revient, trois ans après sans se souvenir qu’elle était partie. Un secret avec sa sœur et une séparation de ses parents plus tard, la jeune fille aura bien du mal à comprendre le monde qu’elle a laissé. De plus,  elle aura rapidement à justifier le pourquoi de son retour face à des familles entières terrassées par cet accident de bus. C’est d’abord cette famille qui va être touchée par le phénomène avant qu’il ne se propage comme une traînée de poudre dans tout le village, renversant les vivants comme de simples quilles.

Les Revenants nous place donc devant une des ces questions flippantes auxquelles aucune réponse n’est appropriée : que feriez-vous si votre fille, votre frère, votre petite amie ou votre mari revenait d’entre les morts ? Forcément le procédé d’identification fonctionne à plein régime et chaque famille, chaque couple touché par ce mystère vont résonner en nous d’une manière particulière. La principale trouvaille qui accompagne ce principe reste son traitement formel : les morts reviennent comme s’ils ne l’avaient jamais été. De chair et d’os, aux joues roses et sans lambeaux de peaux qui traînent, parlant, aimant même, à l’exact opposé des rôdeurs de The Walking Dead et de ce que n’importe quel film ou série à déjà produit en matière de zombies. Le terme « zombie » n’est d’ailleurs pas utilisé dans la série, à par une fois pour la blague. Ces revenants ont même l’air plus vivant que certaines des personnes qu’ils ont laissées à l’image d’Adèle, incarnée par Clotilde Hesme, qui est désarmante de désespoir. Plus inquiétant encore est une intrigue qui laisse découvrir au fur et à mesure des personnages et des forces sombres accompagnant ces retours.

La saison aborde alors tout un tas de questionnements mystiques et philosophiques.  Pourquoi reviennent-ils ? Pourquoi ceux-là et pas d’autres (formidable épisode 6 où Camille jouent les prêtresses)? Doit-on les accepter ? Sont-ils dangereux ? Peut-on (et doit-on) les arrêter ? Sans y répondre et préférant une approche réaliste en laissant les personnages évoluer en fonction de leurs croyances, la série joue avec nos références et nos convictions. Dans sa conclusion, Les Revenants ira même jusqu’au parallèle troublant avec une période sombre de notre Histoire. Voir des représentants de l’ordre en train de chercher et d’envoyer ces personnes « indésirables » vers une destination inconnue, avec des êtres aux motivations douteuses, sous le regard d’habitants impuissants ou lâches est tout bonnement effrayant.

Bien aidé par une direction artistique brillante dans un cadre naturel inquiétant à souhait et une musique cotonneuse mais étouffante de Mogwaï, Les Revenants ne se laisse jamais découvrir plus qu’il ne le faut. Le barrage, épais mais fragilisé ; les caméras de surveillance, œil omniscient du village ; ou encore le pub, qui voit se croiser morts et vivants… Tous ces éléments contribuent à donner à la série une atmosphère unique et irréelle qui fascine durant huit épisodes. À côté de cela,  la réalisation appuie cette ambiance blafarde, clinique, où chaque protagoniste prend le temps de dévoiler ses secrets.

De ce point de vue, on ne peut déplorer d’erreur de casting. L’équipe de comédiens embarquée dans cette histoire est tout simplement hallucinante : Victor, ce petit garçon mutique aux pouvoirs et aux motivations obscures va encore hanter quelques-uns de nos rêves (ou cauchemars) ; Camille, l’adolescente terrifiée qui voudrait juste (re)faire partie du monde ; ou Thomas le chef de brigade, prêt à tout pour défendre celle qu’il aime, jusqu’à en oublier son devoir de gendarme. Dans l’effroi, l’incompréhension ou l’acceptation et le bonheur de retrouver un être aimé, les acteurs évoluent dans une aire de jeu quasiment vierge où tout est possible.

Il devient alors difficile de ne pas attendre une saison 2,  prévue dans deux ans (maudite production française) et qui répondra sans doute à de nombreuses questions posées par les dernières minutes de la saison. Les plus ronchons trouveront qu’une saison se doit de boucler ses intrigues (chose que ne fait clairement le dernier épisode « La Horde ») pour relancer de nouvelles pistes ; les autres se laisseront emballer par un certain épaississement du mystère qui promet de grandes choses pour la suite. Avec tout ça, vous pourriez bien, vous aussi, avoir envie de revenir dans ce village…

La saison 1 de la série Les Revenants est disponible en DVD.