Depuis le meurtre de Nana Brik Larsen dans la série danoise Forbrydelsen, la télévision aura certainement embrassé le format de l’affaire criminelle qui est conclue à la fin de la saison. Le dernier show en date le plus notable est sans aucun doute Broadchurch, avec le meurtre du jeune Danny Latimer – série qui découle directement de l’influence de la production scandinave sur la télévision anglaise.
Il est par ailleurs assez aisé de comprendre l’attrait de Secrets & Lies pour France 2 – qui la diffuse à partir de ce soir. La chaine tente de retrouver à travers une nouvelle affaire le succès obtenu lors de la diffusion de Broadchurch.
Et s’il n’y a pas grand-chose à faire pour labelliser Secrets & Lies comme un Broadchurch à l’australienne (avec son remake américain arrivant prochainement sur ABC), cette création de Stephen M. Irwin impose très vite ses différences narratives.
Ben Gundelach est donc un père de famille et peintre qui devient le suspect numéro 1 d’une enquête policière après avoir trouvé le corps d’un voisin et jeune garçon de 4 ans près de chez lui. Dès lors, Secrets & Lies relate son histoire à travers le point de vue de Ben qui perd progressivement pied et se montre de plus en plus paranoïaque au fil des 6 épisodes.
Secrets & Lies se veut avant tout être un thriller urbain et tropical se déroulant dans la ville de Brisbane à l’approche de Noël. La liste de suspects se révèle être très vite limitée, principalement au bout de rue où vit Ben qui est déterminé à prouver son innocence. En tête d’affiche, Martin Henderson (avec ou sans t-shirt) est un père de famille crédible, un type tout ce qu’il y a de plus ordinaire pris au cœur d’une situation angoissante. Pas de doute qu’être soupçonné de meurtre craint, et Henderson réussit à véhiculer le tumulte que traverse le personnage avec conviction au point qu’il n’est pas difficile de trouver par moment son entourage assez peu compréhensif.
En choisissant aussi de raconter cette histoire à travers Ben, Secrets & Lies s’éloigne de l’investigation policière. Le détective Cornielle (Anthony Hayes, The Slap) se présente alors au départ comme une figure aussi désagréable que mystérieuse, portant ses soupçons sur Ben et entrainant ce dernier à prendre des décisions plus ou moins discutables tout du long de la série.
Ce n’est pas le seul personnage qui irritera par son comportement, surtout avec les mensonges et les secrets qui doivent être étalé au bon moment pour que Ben puisse explorer tour à tour chaque possible suspect. Il y en a très peu et la familiarité avec les rouages d’un tel format télévisuel n’aidant pas, Secrets & Lies rencontre des difficultés à faire monter la tension. Celle-ci est bien présente pour Ben, mais pour le reste, le peu de preuves ou de renseignements qu’il glane ne le fait que passer d’un potentiel coupable à un autre sans que cela convainque outre mesure. Avec seulement 6 épisodes, la série se révèle superficielle dans le traitement de ses personnages, la relation de Ben avec sa jeune fille étant ce qu’il y a de plus travaillé. L’intrigue progresse néanmoins assez bien pour maintenir l’attention, aidée par une seconde partie qui réussit à mieux faire monter la pression.
Secrets & Lies n’est pas non plus très ambitieuse sur un plan technique, profitant naturellement du dépaysement offert par Brisbane pour trouver une façon de se démarquer (ce qui doit être moins attractif pour un Australien qu’un Français) ; le travail visuel est particulièrement classique et n’apporte pas grand-chose au récit.
Reste alors l’écroulement psychologique de Ben et les effets de cette affaire sur son existence – autant professionnel que personnel – qui aide Secrets & Lies à faire monter les enjeux. Il est d’ailleurs presque regrettable que, quand l’heure de vérité arrive, l’impact de la révélation ne puisse être exploré, s’inscrivant dans la logique narrative de la série. Tout ce que cherchait Ben était la vérité, et il l’a eu, aussi terrible soit-elle.