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The Old Shows - Saisons précédentes Autres Pays Summer Heights High

Summer Heights High

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bilan shh - Summer Heights High

Summer Heights High est l’un des plus gros succès australiens, et sûrement le plus gros de ces dernières années. Tournée comme un documentaire, la série est en fait une parodie s’articulant autour de 3 protagonistes (tous incarné par le même acteur) : Ja’mie King, M. G et Jonah Takalua. La différence culturelle est le plus gros obstacle face à la création de Chris Lilley, mais c’est aussi le réalisme qui en ressort laissant perplexe quant à l’humour utilisé. Cela sonne trop juste pour que l’on puisse en rire. Les débuts sont donc cahoteux, difficiles, froids, et déstabilisants. Avec seulement 8 épisodes, ce n’est pas bon signe. La seconde moitié de la série s’affirmera plus, allant plus dans l’exagération, et pointant encore plus le ridicule de certains portraits.

Ja’mie King : elle est américaine, riche, et étudie dans une école privée. Ja’mie est détestable à souhait, raciste, ignoble et imbue de sa personne. Mais aussi, totalement réaliste. Sa façon de traiter les autres, les réactions de ses nouvelles amies, on se croirait en face d’un groupe d’adolescente de 16 ans. Ce qui jure le plus est en fait Chris Lilley et sa perruque et la difficulté à concevoir que Ja’mie puisse être ‘hot’, comme il l’ait dit bien des fois dans la série. Le ton décalé choisi pour ce personnage ne prend pas tout de suite. Dans le premier épisode, Ja’mie est sûrement l’élément le plus comique, mais il est évident que c’est l’humour le plus dangereux, car c’est celui qui a le plus de chance de devenir insupportable. Chris Lilley évite à moitié la bavure, car il faut dire que le comportement outrancier de la jeune fille, montant graduellement tout du long, a fortement aidé.
Ja’mie fait donc des réflexions racistes, un thème fortement abordé dans la série, l’Australie n’étant pas un modèle de vertu là-dessus, sort avec un garçon plus jeune qu’elle, et préfère être pédophile que lesbienne ! Tout un programme.

Jonah Takalua : c’est un adolescent de 13 ans, victime de la société, vulgaire et qui a de gros problèmes à lire. Jonah est l’incarnation du cas social, et, à lui tout seul, le symbole de l’échec scolaire, et j’entends par là, du système. Il est la victime. Difficile de ne pas ressentir de l’empathie pour lui, tellement son portrait est criant de vérité, et pointe tous les défauts du milieu dans lequel il évolue. Certains en ont ri, c’en est pourtant presque gênant. Minorité et élève en difficulté, le système le rejette presque, les professeurs l’humilient, et à l’exception d’une seule, aucun n’a le comportement adéquat pour l’aider. Encore plus gênant est le réalisme des acteurs, où l’on retrouve exactement la façon dont on de se comporter les professeurs. On peut dire de même pour les élèves, Jonah ayant une bande d’amis, sous exploité, mais renforçant le tableau.

M. G : professeur d’art, avec un égo surdimensionné, Mr. G. est sans conteste la réussite de la série, qui, comme Ja’mie, ne va qu’en empirant. Mais, ici, la caricature est réussie, les excès ne nous rappellent pas forcément la réalité, mais se trouve bien être une parodie de ce que l’on a pu connaître ou voir. M. G. est persuadé que tout le monde l’aime, et qu’il est fabuleux. Narcissique au possible, sa vision est complètement flouée et il n’a pas la moindre idée de ce que les élèves pensent réellement de lui. Sa mégalomanie le pousse à être insultant et méchant. Mais, il pense toujours bien faire. Il exploite les situations, n’aime pas qu’on le remette à sa place, et pour toutes ces réactions, complètement en décalage avec ce qui est vrai, Mr. G. fait forcément rire. Il est excessif, et c’est ce qui fait que le personnage fonctionne.

En définitive, un réalisme trop présent pour une série qui se veut comique, Summer Heights High surprend par son ton et son style. On regrettera régulièrement que le concept de documentaire n’ait pas été poussé plus loin, que les intervenants soient limités, tout autant qu’on se souviendra de l’absurdité totale de certains propos, exploitant alors totalement le concept.