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Séries 4 Blocks Saison 1 : La famille, la religion et le sang

4 Blocks Saison 1 : La famille, la religion et le sang

4 Blocks Saison 1 - 4 Blocks Saison 1 : La famille, la religion et le sang

La famille représente une source intarissable d’inspiration pour les scénaristes. Si nombre de séries américaines ont traité, traitent et traiteront de ce thème, celles venant d’autres pays n’hésitent pas non plus à analyser et dépeindre les relations familiales. Et parfois, la drogue vient s’immiscer dans une équation qui n’en devient que plus complexe.

Série allemande diffusée sur TNT Séries de mai à juin 2017 et sur Warner TV en France, 4 Blocks raconte l’histoire de la famille Hamady qui, à travers son chef Toni, gère une bonne partie du trafic de drogues de Berlin. Vendue lors du festival Séries-Mania comme « le Gomorra allemand », 4 Blocks en possède en effet les codes et les arcs narratifs, mais elle réussit tout de même à se démarquer.

Comme l’écrivait très justement Thomas dans son article sur le pilote, la série a du mal à démarrer. Les personnages sont nombreux et les scénaristes prennent tout leur temps pour placer les enjeux de la saison. Ces derniers sont relativement classiques, avec une lutte pour contrôler Berlin au niveau de la drogue entre les Hamady (qui sont arabes) et les Cthulhu (qui sont turques). On rajoute dans le mélange Vince, un ancien ami de Toni, désormais infiltré pour faire tomber le clan Hamady ; Abbas, un frère qui n’en fait qu’à sa tête ; une jeune génération fracturée sur le chemin à suivre ; et on a là tous les ingrédients d’une série passionnante. Il faut juste lui laisser le temps de se mettre en marche.

L’un des traits distinctifs de 4 Blocks est de brasser un nombre conséquent de sujets au sein de chaque épisode – la première saison en possède six. Comme attendu, le thème de la loyauté est grandement mis en avant, que ce soit avec Vince, en conflit interne vis-à-vis de son travail de policier et son amitié avec Toni, avec Abbas, imprévisible et toujours sur le point d’exploser ou encore avec les jeunes du clan censés représenter le futur, mais qui ne trouvent pas toujours leur place dans ce monde violent. Il y a une vraie notion de clan, à la vie à la mort. Soit tu fais partie de la famille, soit tu ne fais pas partie de la famille. Cela paraît simple, mais la réalité est toujours plus compliquée. C’est cette absence apparente de « zone grise » qui rend la série si intéressante.

De son côté, la religion prend au fil de la saison une place de plus en plus importante. Au-delà du conflit entre les Hamady, les Cthulhu et les policiers (Allemands) fortement teinté d’une opposition de croyance, il y a également une belle réflexion sur ce qui motive les gens à se tourner vers des valeurs religieuses. C’est particulièrement visible dans l’évolution de Kalila, la femme de Toni. D’abord sans le voile et très « occidentalisée » dans sa façon de vivre, elle cherche du réconfort dans la religion, pour tenter de faire face aux évènements de plus en plus graves qui se présentent à elle. Je regrette que cette partie-là ne soit pas plus développée, mais cela le sera peut-être davantage le cas en saison 2, prévue pour 2018.

Enfin, 4 Blocks s’intéresse beaucoup aux mécanismes qui peuvent pousser des gens à passer du mauvais côté de la loi. Et en ce sens, Toni incarne le personnage qui souhaite vivre une vie honnête, mais qui est coincé dans l’injuste machine du destin. Se voyant refuser de nombreuses fois un visa pour enfin pouvoir travailler légalement en Allemagne, il est obligé de replonger encore et encore dans les affaires familiales. La série garde un regard lucide sur ses personnages, mais elle n’oublie pas l’empathie. Ce n’est jamais mieux résumé que dans le personnage de Toni : s’il est indubitablement un criminel, c’est aussi en partie à cause de la société.

Ce brassage de nombreux thèmes est responsable du manque d’intérêt des premiers épisodes – trop lents et se perdant quelque peu en intrigues inutiles ; néanmoins, lorsque les scénaristes dégagent une ligne narrative directrice, la tension monte graduellement et ne retombe jamais. On se sent happé par ce qu’il se passe devant nos yeux, parfois révolté, mais toujours fasciné. La montée en puissance se concrétise dans deux derniers épisodes explosifs, où la majorité des arcs narratifs arrivent à leur conclusion logique. Et dans une guerre des gangs marquée par la violence et le prix du sang, tout le monde n’en sort pas vivant.

4 Blocks a donc une très bonne première saison qui souffre quelque peu de n’avoir eu que six épisodes pour raconter son histoire. Sa violence, les thèmes développés et la force de ses interprétations rendent le visionnage captivant. Parce que, au-delà de la drogue et la religion, rien ne parle plus que les liens qui unissent – et parfois désunissent – la famille.

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