Aller au contenu
Séries A Very English Scandal : Une brillante farce politique (sur Salto)

A Very English Scandal : Une brillante farce politique (sur Salto)

  • par
  • 3 min read

a very english scandal - A Very English Scandal : Une brillante farce politique (sur Salto)

La réalité est plus étrange que la fiction. Si A Very English Scandal n’était pas basée sur une histoire vraie, on pourrait bien ne pas y croire. Cette série, tirée du livre de John Preston et signée Russell T. Davies pour BBC One, contient tous les ingrédients pour donner le jour à un récit aussi improbable que divertissant et révélateur sur la nature humaine et notre société.

Nous sommes dans les années 60 en Angleterre. Jeremy Thorpe est un ambitieux politicien libéral qui peut emmener son parti dans les hauteurs. Élégant, charmant, intelligent, manipulateur et effronté, Thorpe (re)prend vie sous les traits d’un Hugh Grant au sommet de son art. Plus que jamais, Thorpe s’impose comme une personnalité médiatique qui sait comment faire bouger les pions autour de lui pour obtenir ce qu’il veut.

Thorpe ne peut néanmoins pas tout contrôler, à l’image du jeune Norman Josiffe (plus tard Scott) qu’il surnommera affectueusement Bunnies. Sous les traits d’un Ben Whishaw particulièrement flamboyant, Norman est à la fois impressionnable, quelque peu instable et attachant. Norman a tout ce qu’il faut pour devenir une victime du système.

Jeremy et Norman vont entretenir une relation homosexuelle dans une Angleterre où cela est encore illégal. Leur histoire ne cessera de venir se rappeler à l’un ou à l’autre et nous fera traverser deux décennies à un rythme effréné pour mieux nous dépeindre les enjeux politiques et les strates sociales séparant les deux hommes.

D’ailleurs dépouillé de sa National Insurance card (sa carte d’assuré social), Norman va tenter d’en avoir une nouvelle via Jeremy Thorpe à plus d’une reprise. Cette dernière devient le symbole de l’aberration de toute cette histoire qui finit par prendre des proportions démesurées et sinistres. À chaque épisode, les enjeux grimpent de manière presque surréaliste à l’aide du plus insensé des scénarios nous venant de Jeremy Thorpe et de son entourage qui tente tant bien que mal de résoudre le problème que représente Norman pour la carrière de Thorpe.

Dans toute sa gaieté et sa frénésie, A Very English Scandal n’en oublie donc pas le statut de ses personnages — et les privilèges que cela peut octroyer —, la place des homosexuels à l’époque et les idéaux (et autres manipulations) politiques. Épaulé par son impeccable casting, Russell T. Davies développe une farce politique en trois épisodes qui ne rate pas une occasion pour saisir la grandiloquence de la situation à travers des échanges complètement improbables et des personnages tellement anglais. Il est naturellement soutenu par la musique de Murray Gold qui est assez déchainé en optant pour une partition qui souligne avant tout l’humour caustique du récit, tandis que la réalisation de Stephen Frears se charge de donner un véritable rythme et un style indéniable.

A Very English Scandal est alors une série parfaitement orchestrée pour nous livrer une critique sociale acerbe, une représentation des mœurs et des classes qui résonne encore de nos jours où l’absurde et la tragédie se rencontrent devant la porte de l’amour. Un joli tour de force qui mérite d’être célébré.


La série A Very English Scandal est disponible sur la plateforme Salto et en DVD (exclusivité Fnac).