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American Crime, Saison 1 : L’Amérique raciste illustrée

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American Crime Saison 1 - American Crime, Saison 1 : L’Amérique raciste illustrée

Quand Matt Skokie est retrouvé mort chez lui à Modesto en Californie, la police arrive rapidement à relier le jeune Tony Gutiérrez qui n’a fait que prêter une voiture à Carter Nix, un toxicomane qui devient le suspect principal. Barb, la mère de Matt, cherche à comprendre ce qui se passe et va commencer à faire des vagues.

Alors que de récents évènements à Ferguson ou encore Baltimore ont mis en évidence un problème systémique, American Crime explore cela sur ABC. Adoptant la forme d’une anthologie, la première saison de cette série créée par John Ridley (12 Years a Slave) nous plonge ainsi dans une histoire complète, celle qui débute avec le meurtre de Matt Skokie et l’agression de sa femme.

Matt est blanc, son présumé meurtrier est un Afro-Américain et deux personnes associées au crime sont originaires du Mexique. Le melting pot de la Californie impose naturellement une conjoncture propice pour parler du racisme en Amérique. Cela ne veut pas pour autant dire que le sujet est abordé frontalement.

Bien au contraire, car il s’immisce doucement et n’adopte pas nécessairement la forme la plus évidente qui soit. En fait, cette première saison d’American Crime joue avec les idées préconçues sur son sujet pour mieux montrer à quel point elles sont simplistes. Plus les épisodes passent et plus il devient indéniable que les préjugés dominent sur le bon sens et attaquent la base du système judiciaire américain. Ici, tout le monde se voit condamné par quelqu’un d’autre sans que la culpabilité soit prouvée. Ainsi, entre les familles déchirées par la procédure judiciaire et la communauté qui s’embrase à cause d’une administration qui encourage les disparités raciales, c’est toutes les facettes d’une culture qui sont passées au microscope.

Avec American Crime, John Ridley s’efforce d’exposer que tout le monde est blessé par le racisme, personne n’y échappe. D’ailleurs, il explicite bien le fait que le problème ne va pas dans un sens unique en cherchant à explorer les racines culturelles de ce mal contemporain. Sans complaisance et en évitant soigneusement de donner des leçons, cette première saison se montre ainsi extrêmement intelligente et nuancée dans le développement de son propos.

Si cela fonctionne, c’est bien entendu grâce à l’écriture, le fait que le show possède une identité visuelle propre qui l’éloigne des standards de la chaine et, surtout, parce qu’elle a un casting particulièrement solide. Felicity Huffman est d’ailleurs impressionnante dans son rôle de mère blessée qui n’assume pas son racisme, mais qui se laisse mener par lui. Face à elle, Timothy Hutton, Elvis Nolasco, Benito Martinez ou encore Caitlin Gerard donnent à merveille corps à des personnages qui ont tous été modelés par leurs erreurs et la société qui les a poussés à combattre – avec ou sans succès – leurs vices au détriment de leurs rêves.

Concrètement, cette première saison d’American Crime parvient à ne pas tomber dans les pièges posés par son sujet sensible en évitant toute forme de sensationnalisme. C’est avant toute chose un drame humain qui ne s’aventure jamais dans le pathos et qui n’a pas la prétention d’apporter des solutions. Il offre par contre une illustration qui permet de mieux saisir les profondes ramifications du racisme dans la société américaine moderne. Comme toute série de qualité se doit de le faire, elle ouvre la discussion et propose un début de réflexion, mais c’est à nous de prendre la suite.

Dans ce sens, il est difficile de laisser derrière soi American Crime une fois que l’on a vu cette première saison. On peut espérer que la seconde parviendra à être du même niveau, car il y a malheureusement encore beaucoup de choses à creuser avec ce crime américain.