La première saison d’American Gods touche à sa fin avec un épisode qui nous demande tout simplement d’avoir la foi. On ne peut pas dire que cela soit étonnant, c’est après tout le voyage qu’effectue Shadow Moon au cours de ces 8 épisodes. Il passe de quelqu’un qui ne croit pas et ne sait pas comment croire à quelqu’un qui voit sa vision du monde être transformée.
C’est d’ailleurs sur cette transformation que se repose cet épisode final, quitte à ne pas se doter d’un habillage correspondant à ce qu’on pourrait attendre d’une conclusion. Le sentiment est présent de par le fait que l’illumination pour Shadow se produit à l’aide d’une révélation qui n’en est pas une et qui est présentée comme un tournant pour lui. L’équipe créative met le paquet, mais c’est presque trop théâtral.
Avant cela, American Gods nous relate l’arrivée de Bilquis en Amérique, qui passe de déesse à une victime de l’oppression. Si cela commence presque comme une sorte d’exercice de style, le récit évolue pour prendre une forme plus émotionnelle et nous aider à mieux cerner cette déesse et la place qu’elle occupe présentement.
Revenir aux origines des Dieux et nous relater leurs périples aura permis d’élargir l’univers d’American Gods, mais aussi de nous éclairer sur sa mythologie tout en portant un regard sur l’évolution de nos modes de vie et de communication. Terminer par Bilquis est alors étrangement adéquat, cette dernière symbolisant à la perfection les progressions et les régressions qui façonnent une période. Le tout restant, à travers l’immigration, un récit de survie.
Sur ce sujet, Wednesday poursuit son recrutement d’anciens Dieux en allant à la rencontre d’Ostera qui, comme d’autres, a dû s’adapter et a été affectée par ce changement – pas forcément dans le bon sens. Cependant, cela ne signifie pas qu’il ne faut pas user de quelques tours et mensonges pour toucher au but.
C’est là que le périple de Laura prend une nouvelle dimension et une importance notable, avant tout pour sa signification. Cette dernière doit se confronter à sa décomposition et aux origines de sa tragédie. American Gods contemple notre rapport avec les Dieux et la place qu’ils occupent dans notre existence. Laura n’était peut-être pas croyante, mais cela ne signifie pas que sa vie n’a pas été affectée par les Dieux. Et il est bel et bien question de contempler à la fois les merveilles qui en découlent autant que les drames. Si le constat est fait via les Anciens Dieux, l’idée s’applique à Media et Technical Boy, peut-être même de manière plus importante au vu de la place qu’ils occupent et de comment ils manipulent leur environnement et les hommes.
Avec Ostera, American Gods en profite pour également se confronter à l’évolution de la religion, la déesse ayant si bien survécu grâce aux multiples Jésus. Bryan Fuller et son équipe approchent d’ailleurs l’imagerie de Jésus avec subtilité et malice – une combinaison dont l’efficacité est redoublée avec la performance de Jeremy Davies.
Si cette saison 1 d’American Gods se termine en mettant en avant l’importance de croire, cet épisode nous parle avant tout de la nécessité de s’adapter pour survivre – phénomène que les religions connaissent bien. On se retrouve dès lors face à un combat entre Anciens et Nouveaux Dieux qui est confirmé et une dynamique entre les personnages qui ne peut qu’être modifiée par les récentes découvertes de chacun.
Si on peut donc y voir la fin d’un premier arc, le sentiment n’est pas aussi fort que voulu. Ce n’est sans doute pas aidé par un plan final qui tease un lieu symbolique pour les lecteurs, mais dont ce qui est à venir reste inconnu pour les autres.
Cela reste néanmoins dans l’esprit de la série qui aura posé lentement les bases de son univers, à travers un récit plus abstrait que nécessaire avant que l’ensemble ne prenne forme pour nous délivrer une seconde partie plus captivante. Ce final possède alors son soupçon de mystère pour nous inviter à vouloir nous plonger dans sa saison 2… en 2018.