Si cette saison 2 d’American Gods a un problème, on pourrait presque nommer celui-ci Shadow Moon. Ce dernier occupe une place particulière dans l’histoire, cependant il ne sait pas laquelle. Il ne cesse de poser les mauvaises questions, selon Anansi, mais ce n’est pas comme si les Dieux l’entourant étaient prompts à répondre explicitement à ses interrogations pour commencer. On peut au moins apprécier que Mr. Ibis prenne le temps de fournir des éclaircissements même s’il a une perception de la situation plus développée que Shadow.
Il est dès lors aisé de ressentir la frustration qui peut envahir Shadow Moon, au même titre que se laisser, comme lui, emporter par l’histoire qu’on choisit de lui raconter. Juste, car chaque bout d’informations est précieux pour mieux cerner l’interlocuteur et saisir son univers. Peut-être que Shadow Moon ne pose pas les bonnes questions, mais il a le mérite d’en poser et de chercher à découvrir le Monde dans lequel il vit.
Après tout, cet épisode d’American Gods utilise la relation entre Salim et Le Jinn pour mettre en exergue ce trait de caractère particulièrement humain qui est de ne pas redéfinir son univers malgré une révélation marquante. Les croyances de Salim n’ont pas été transformées par la découverte des Dieux nordiques. Si la foi qu’il a dans son Dieu est rassurante, son choix de ne pas mettre en perspective ses croyances face à ses récentes découvertes montre pour Jinn une incapacité à cerner le monde qui l’entoure.
Une chose est sûre, les Dieux dans American Gods sont des manipulateurs qui aiment avoir des dévots, mais ne les traitent pas vraiment bien la plupart du temps. Ils s’utilisent de toute façon les uns les autres, et l’on ne cesse de rencontrer des personnages qui n’ont tout simplement pas envie de se lancer dans la guerre de Wednesday.
Cependant, les préparatifs pour cette guerre place Wednesday/Odin dans un rôle actif et pas de doute que Ian McShane s’amuse. Que ce soit dans ses échanges avec Salim et Jinn ou dans l’introduction du Nain Alviss (joué par Lee Arenberg, ou Leroy dans Once Upon a Time), il reste notre meilleur guide dans l’univers des anciens Dieux, entre un sens de l’humour piquant et une dose de mythologie qui fascine.
Le parcours de Laura Moon, qui retrouve en Nouvelle-Orléans Mad Sweeney, se montre cependant bien moins attractif qu’on n’aurait pu l’espérer. Là où son association avec Wednesday avait le mérite d’explorer une autre dynamique, celle présente au sein de cet épisode nous plonge dans du voodoo, en compagnie de Baron Samedi (Mustafa Shakir) et Maman Brigitte (Hani Furstenberg) avec un certain classicisme. Pousser Laura à se confronter à la vérité est une bonne chose, mais la tournure prise manque sincèrement de piquant et d’intérêt.
Si cet épisode permet de mettre en valeur certaines relations — à l’image de celle de Salim et Jinn qui a été peu mise en avant depuis la reprise —, cette saison 2 d’American Gods se poursuit ici avec ce qui ressemble presque à un petit détour, ou tout du moins, avec un épisode qui fait avancer lentement les évènements. Pas désagréable, mais pas de quoi jurer fidélité à un Dieu.