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Bates Motel : Le(s) psychopathe(s) en puissance (saison 1)

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Bates Motel Saison 1 - Bates Motel : Le(s) psychopathe(s) en puissance (saison 1)

Après la mort mystérieuse de son mari, Norma Bates décide de refaire sa vie loin de l’Arizona, dans la petite ville de White Pine Bay dans l’Oregon, avec son fils, Norman. Elle rachète là-bas un vieux motel abandonné ainsi que le manoir qui trône majestueusement quelques mètres plus loin. À peine installés, des événements tragiques vont renforcer le lien qui existe entre eux.

2013 est l’année du serial killer (The Following, Hannibal, The Fall) la chaîne du câble A&E n’y échappe pas avec Bates Motel. Conçue comme une préquelle à Psychose, monument du thriller réalisé par Alfred Hitchcock en 1960, la série créée par Anthony Cipriano nous propose de suivre l’adolescence tourmentée de Norman Bates et sa relation avec sa mère Norma.

Alors que plane au-dessus l’ombre d’Hitchcock et de son film, Bates Motel choisit de développer une certaine distance en plaçant son récit non pas dans les années 50, mais à notre époque. Elle peut ainsi revisiter les fondements de Psychose – un psychopathe qui nourrit une obsession pour une femme blonde – en réactualisant et élargissant son propos: comment et pourquoi devient-on tueur en série ? Le show va donc s’intéresser aux origines, aux causes d’un tel état psychologique, d’une telle violence.

Le réveil du monstre qui sommeille en Norman va se faire alors que la mère et le fils emménagent à White Pine Bay, au moment où le jeune homme a perdu tous ses repères. Son père vient de mourir dans des circonstances obscures et il n’a personne d’autre que sa mère sur qui se reposer. Il développe alors un amour inconditionnel pour elle, proche de l’inceste, donnant à voir à l’écran un complexe d’Oedipe bien imagé. Désormais, ses rapports à la gent féminine se définiront par cette relation malsaine et les jeunes filles avec lesquelles il va se lier (Bradley lycéenne populaire et Emma, atteinte d’une maladie respiratoire) se rendront compte rapidement que Norman n’est pas un adolescent comme les autres.

Les causes de cette instabilité mentale qui caractérise le jeune homme semblent trouver une explication dans le comportement de sa mère. À la fois autodestructrice et sur protectrice envers son fils, elle l’isole socialement pour pouvoir garder le contrôle. En témoigne cette scène où elle l’empêche d’aller réviser parce qu’elle ne veut pas être seule où Norma réagit comme une gamine égoïste. Les relations qu’elle tisse, notamment avec le shérif adjoint, et les menaces qui pèsent sur elle, ont tendance à la dévoiler aussi perturbée et inconsciente que son fils.

Il est d’autant plus difficile pour elle de garder le contrôle sur Norman car rapidement, le monde extérieur se fait bien présent dans leur foyer. Entre le fils aîné de Norma, Dylan, qui revient et se trouve mêlé à diverses activités criminelles (meurtre, drogue..) ou les habitants de White Pine Bay qui ont tous un secret à cacher, la vie sera mouvementée au Bates Motel. Heureusement, si autant de criminalité à la ronde peut pousser à la surenchère, les scénaristes réussissent à gérer plutôt bien ses différentes intrigues, contribuant à donner une ambiance étouffante et un récit plus imprévisible que Norman lui-même.

Le soin apporté à l’écriture de ses intrigues et ses personnages se ressent particulièrement dans l’affaire d’esclavagisme sexuel qui court sur les six premiers épisodes. Le fil rouge avance rapidement et dans un but précis qui mène à un sixième épisode d’une tension extrême où les acteurs peuvent nous donner la mesure de leur talent. Le casting est d’autant plus solide qu’à un aucun moment il n’y a de distinction radicale entre le bien et le mal, la nuance du jeu de Freddie Highmore et Vera Farmiga ne le permettant pas. La suite se révèlera un peu inégale même si elle se recentre sur les personnages, offrant un beau développement à Emma qui veut sortir de sa condition de malade.

Au final, Bates Motel compense rapidement ses quelques défauts de rythme et d’écriture par une tension psychologique intense entre Norma et son fils et des seconds couteaux captivants (Dylan et Emma). Peu à peu, elle tisse une toile à l’intérieur et à l’extérieur du manoir, ce qui rend le tout réellement passionnant. Elle n’a pas peur d’aller vite et maîtrise globalement son propos tout au long de sa première saison.