Cet article contient des spoilers sur cette saison 5 de Bates Motel et surtout son final.
Le Bates Motel vient de fermer ses portes pour de bon. Cela fait toujours un petit pincement au cœur d’arriver au terme d’une bonne série, mais cette dernière ne pouvait se permettre de faire durer encore la folie et méritait une fin programmée.
La série a ainsi pu fermer chaque porte tout au long de la saison, pour mieux se concentrer au final sur l’essentiel : Norman.
Encore et toujours Norma
Deux ans sont passés entre les deux saisons de Bates Motel. Romero croupit en prison, Dylan et Emma se sont mariés et ont eu une petite fille loin de Pine View et Norman coule des jours heureux, gérant le motel pendant que sa mère s’occupe de la maison… Voilà deux ans que personne ne s’est vraiment intéressé à Norman et qu’il n’est plus suivi médicalement parlant. Ce qui lui permet de vivre son fantasme où il est persuadé que sa mère a feint un suicide pour qu’ils puissent être tranquilles, tandis que le corps embaumé et congelé de celle-ci trône dans la cave.
Mais une série d’événements va venir tout bouleverser. D’abord l’arrivée d’un homme étrange qui tente d’assassiner Norman, puis la rencontre avec Madeleine (Isabelle McNally), sosie juvénile de Norma qui va lui rappeler sa solitude et son envie de plaire. Et bien sûr le retour de Caleb qui va découvrir la mort de sa sœur.
La confrontation entre les deux hommes de la vie de Norma est alors l’un des moments forts de la saison et Freddie Highmore et Kenny Johnson nous livrent une interprétation poignante. C’est finalement le premier pas que fait Norman vers l’acceptation de sa folie. Il nous prouve qu’il n’a aucune envie de tuer son oncle et que la série de cadavres qu’il traîne derrière lui n’est pas de consciemment de son fait.
Un petit tour sous la douche ?
La scène de la douche est le symbole même de Psychose et Bates Motel ne pouvait pas y couper. On avait bien sûr eu plusieurs allusions dans les saisons précédentes, mais on savait qu’elle allait faire son grand retour, notamment avec l’annonce du choix de Rihanna pour interpréter le rôle de Marion, personnage iconique du film d’Hitchcock.
Ce sera finalement le point négatif de cette ultime saison. Rihanna fait pâle figure face à ses collègues de la série et son personnage n’apporte pas grand-chose. Qui plus est, ce n’est pas elle qui est tuée dans la douche, mais son amant. Il est par contre intéressant que Bates Motel choisisse cette scène culte du cinéma pour être le seul meurtre que Norman commet lui-même.
Cet acte engendre la vraie révélation de la saison. Norman ne se prend pas pour sa mère, il a créé son double enfant pour se protéger de son père. Un mécanisme de défense qui n’est pas sans rappeler celui de Norma et Caleb. Si les deux enfants avaient lié un amour incestueux pour se protéger mutuellement, la solitude de Norman l’a poussé à en faire autant avec une mère imaginaire.
Cette découverte est un tournant pour le jeune homme dans l’acception de sa maladie, mais aussi pour le spectateur. En effet, cela remet en cause toute l’opinion qu’on pouvait avoir de Norma. Pendant 4 saisons, toutes les scènes où elle est en compagnie de son fils peuvent totalement être issues de l’imagination de celui-ci, même si la Norma Bates imaginaire est fortement inspirée par la réelle — qui n’était pas non plus une sainte ! Elle peut d’ailleurs maintenant laisser libre cours à sa nature maléfique pour mieux manipuler Norman et permettre à Vera Farmiga de nous livrer une prestation toujours plus incroyable.
Revenir pour en finir
Une fois cette révélation faite, on peut remonter le fil de la série pour mieux la conclure. Bates Motel nous propose d’ailleurs cette métaphore avec les corps qui sont remontés du lac et qui vont à la fois permettre de revenir sur les intrigues inachevées de la série, mais aussi sur le piège qui va se refermer sur Norman, pour lequel on finit par avoir de la peine.
Le meurtre de la mère d’Emma (Olivia Cooke) est donc élucidé et celle-ci va pouvoir faire son deuil, non sans en vouloir injustement à Dylan (Max Thieriot) au passage. Mais c’est légitimement cette souffrance de plus qui va pousser le jeune homme jusqu’à la conclusion de l’histoire.
Au final, Alex Romero (Nestor Carbonell) sera très accessoire dans cette saison et principalement un levier de tension. C’est parce qu’il envoie un homme tuer Norman que celui-ci est réveillé de la torpeur dans laquelle il se complaisait depuis deux ans. Son évasion n’a pas beaucoup d’intérêt. On comprend vite qu’il ne sera pas celui qui mettra fin à la folie meurtrière de Norman et sa storyline n’a pour but que de le réunir dans la mort avec celle qu’il aime.
Si j’ai craint depuis la toute première saison pour Dylan — personnage dont la rivalité avec son petit frère était telle qu’il pouvait à tout moment être sa prochaine victime — je ne voyais pas qui d’autre pouvait être mieux placé pour libérer Norman. Les derniers épisodes nous montrent à quel point les deux frères s’aiment et jusqu’où Dylan est prêt à aller pour soutenir Norman qu’il ne considère jamais comme un meurtrier, mais comme quelqu’un de malade.
Ainsi, Norman peut rentrer chez lui une dernière fois et revivre son arrivée à Pine View (qui est d’ailleurs le tout début de la série) — malgré le peu de réalisme de cette scène puisque le motel et la maison sont censés être sous bonne garde policière. Freddie Highmore est impressionnant dans ses dernières scènes dans la peau de Norman Bates, alors que la folie a finit par prendre le dessus. Grâce à l’amour que lui portait son frère, il a ainsi pu retrouver sa Norma : la mère aimante et un peu envahissante qui incarnait la lumière pour ceux qui l’aimaient et non la version meutrière psychotique qu’il avait crée.
On gardera de Bates Motel l’image d’une série de qualité qui a su jusqu’au dernier moment rendre hommage à l’œuvre originale tout en y apportant sa touche personnelle et qui ne laisse pas le spectateur avec un goût d’inachevé, bien au contraire.
Cette saison 5 de Bates Motel est disponible en téléchargement légal sur itunes. Pour le moment, les 4 premières saisons sont disponible en DVD.
