Mike reçoit la visite de la police de Philadelphie au sujet de la mort de deux policiers. Il fait alors appel à Jimmy pour qu’il lui rende un service qui n’est pas très éthique.
En titrant la série Better Call Saul, Vince Gilligan et Peter Gould paraissaient s’imposer des limites que cet épisode, Five-O, vient concrètement repousser. Il n’est en effet pas question de parler de Jimmy, mais de Mike.
Il faut dire que, pour nous raconter l’avant-Breaking Bad, se contenter d’explorer les origines de Saul Goodman aurait probablement été limitatif quand on voit les excellents personnages secondaires qui ont peuplé l’histoire du show et qui ne demandent qu’à ajouter leur pierre à l’édifice. Mike Ehrmantraut est d’ailleurs bien plus que cela. Son arrivée discrète ne laissait pas présager l’ampleur qu’il allait prendre, mais il fait partie de ce qui permit à Walter White (Bryan Cranston) d’aller aussi loin qu’il le pouvait et sa discrétion naturelle laissait transparaitre qu’il y avait vraiment beaucoup de choses que l’on ignorait sur lui.
Après Five-O, ce n’est plus autant le cas, puisque l’on découvre en détail ce qui a poussé ce flic de Philadelphie à venir s’installer au Nouveau-Mexique. C’est une histoire tragique qui nous révèle les blessures les plus profondes de ce personnage taciturne qui, derrière son comportement impassible, cache des cicatrices qui ne paraissent pas pouvoir guérir facilement.
La place de Mike dans Better Call Saul n’est cependant pas mieux définie après tout cela. Si cet épisode est d’excellente facture et offre à Jonathan Banks du matériel véritablement solide pour qu’il puisse nous délivrer une performance mémorable, il ne s’inscrit pas réellement dans l’univers du show, mais définitivement plus dans celui de la franchise.
Cette façon d’éloigner la lumière des projecteurs de Jimmy alors qu’une demi-saison s’est écoulée et que son petit monde commence à peine à prendre forme de manière autonome est légèrement déconcertante, mais témoigne d’une ambition certaine. Il y a plus dans cette série que le parcours d’un avocat véreux. C’est une prise de risques qui a probablement été bien réfléchie, car un épisode comme Five-O ne trouvera pas chez un non-initié le même intérêt que chez un spectateur de Breaking Bad. Gilligan et Gould ont visiblement choisi de ne pas essayer de contenter tout le monde et cela les libère de contraintes qui auraient certainement limité la portée du récit qu’il désire nous livrer.
Mike : You know what happened. The question is… can you live with it ?
Plus que nous raconter brillamment les origines du fascinant Mike Ehrmantraut, Five-O établit clairement quelles sont les ambitions de cette série. Même s’il est dommage que Better Call Saul semble à ce niveau condamnée à vivre dans l’ombre de son ainée, des épisodes de cette qualité démontrent la valeur d’une telle approche créative et on ne peut qu’espérer que cela se poursuive dans cette direction.