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Séries Big Little Lies Saison 2 : Une goutte d’eau dans l’océan (sur TF1)

Big Little Lies Saison 2 : Une goutte d’eau dans l’océan (sur TF1)

big little lies saison 2 - Big Little Lies Saison 2 : Une goutte d’eau dans l’océan (sur TF1)

Deux ans après avoir marqué les esprits par son style visuel affirmé, sa narration décousue à souhait et son casting prestigieux, Big Little Lies revient avec une suite improvisée qui explore les retombées du drame concluant la première saison. Au cœur de Monterey, on retrouve ce groupe de femmes maintenant unies par le silence qui entoure la mort de Perry (Alexander Skarsgård), pervers et manipulateur mari de Celeste (Nicole Kidman).

Alors que Madeline (Reese Witherspoon) tente de sauver son couple, Jane (Shailene Woodley) va de l’avant, Renata finit sur la paille, Bonnie (Zoë Kravitz) subit les tourments de la culpabilité et Celeste se reconstruit tant bien que mal en protégeant ses jumeaux de sa belle-mère intrusive (Meryl Streep) et bien décidée à ne pas laisser la mémoire de son fils disparaître. Jean-Marc Vallée laisse cette année la réalisation à Andrea Arnold, une transition qui manque malheureusement de fluidité, mais largement compensée par des qualités de fond indéniables.

Une suite dispensable, mais bien exécutée

Cette seconde saison, toujours écrite pas David E. Kelley, s’inscrit comme étant une suite au roman de Liane Moriarty. Sans support, l’exercice est bien plus périlleux. Le scénariste prouve néanmoins qu’il maîtrise parfaitement la psychologie des personnages en composant pour eux des arcs plus aboutis et moins bridés qu’en saison 1.

Si, pour des problèmes de construction sur lesquels nous reviendrons, cette saison s’avère moins bonne que la première, elle reste bouleversante et efficace. Big Little Lies explore encore davantage les revers du mensonge et ses conséquences lorsqu’il s’effrite. Cette année est l’année de l’« après », et aborde avec talent la reconstruction sous tous ses aspects.

Toujours impeccable visuellement parlant, l’équipe créative fait vivre l’héritage de Vallée en conservant cette ambiance moite aux couleurs étrangement saturées si caractéristique. On peut cependant regretter que la crédibilité de certaines situations, notamment le procès final, soit sacrifiée au nom du drama. L’histoire se déroule subtilement jusqu’à une conclusion prévisible, mais cohérente, qu’il serait bon cette fois de ne pas gaspiller dans une énième prolongation loin d’être nécessaire.

Des problèmes de forme déstabilisants

Si l’histoire reste passionnante, le visionnage de la saison est bien plus difficile que celui de la première. Big Little Lies souffre en effet de gros problèmes de rythme, éventuel résultat d’un travail en post-production qui aurait eu pour effet de diminuer les choix artistiques d’Andrea Arnold selon les rumeurs. Que cela soit véridique ou non, on sent que la série a été énormément retouchée et que certaines directions ont changé en cours de route. L’exemple le plus probant est probablement les séances chez la psychologue, supposées miner le récit imbriqué de la saison 1, qui s’arrêtent brusquement sans raison apparente.

Le montage, qui a pourtant été le grand point fort de la série, est très problématique cette année. Haché, les transitions manquent de fluidité et le timing des scènes est souvent frustrant. Entre celles qui traînent inutilement en longueur et celles dont on ne nous laisse pas le temps de saisir la lourdeur ou les sous-entendus, on se sent ballotté dans une saison rafistolée à la dernière minute.

Nombreuses sont également les conversations abruptement terminées. On ne retrouve que sur le tard les grandes discussions maladroites, mais lourdes de sens, qui avaient ponctué la saison 1. On se sent également spoliés de petits moments sans conséquences, des gestes qui en disent longs, de regards furtifs si importants aux personnages.

Femmes incroyablement désespérées

La force insoupçonnée de Big Little Lies est de posséder des actrices si douées qu’elles nous font oublier tous les défauts énumérés précédemment. Plus que pour l’histoire, la série nous tient en haleine avec une curiosité malsaine de voir la suite pour la prestation des actrices principales. A vous de décider si c’est une bonne chose pour la série ou non.

Shailene Woodley s’efface cette année, ce qui lui permet paradoxalement de donner une second souffle à son personnage, et laisse la lumière à Nicole Kidman, toujours aussi incroyable dans la peau de Celeste, à Reese Witherspoon, plus à l’aise dans le rôle de Madeline et toujours aussi drôle, et surtout à Laura Dern, incroyable Renata au fond du gouffre. Bonnie gagne également en importance mais ,malgré une performance d’actrice louable, le personnage ne parvient pas à susciter un réel intérêt, son intrigue tournant vite en rond.

Et il y a Meryl Streep, totalement habitée par son rôle de mère dévastée et torturée. Elle offre les moments les plus forts de la saison, entre rires et larmes. Ses répliques acérée, sa répartie à faire pâlir et sa délicieuse ambivalence nous révolte autant qu’elle nous attendrit. Indispensable à la saison, elle brille de mille feux sans pour autant voler la vedette.


Big Little Lies s’est éteinte – on peut espérer pour de bon – sur une saison imparfaite, mais poignante. Probablement moins graphique et maîtrisée que la première, elle gagne cependant grandement en humanité et nous bouleverse malgré tout. On retiendra de cette série de magnifiques portraits de femmes réunies par un malheureux coup du destin, des prestations exceptionnelles et un esthétisme marquant.


Publié en aout 2019, cet article sur la saison 2 de Big Little Lies est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de la fin de la diffusion sur TF1. Vous pouvez toujours revoir la série en intégralité sur OCS.