Il ne fait aucun doute que Blindspot ne sera jamais considérée comme étant une grande série (et elle n’en a pas les ambitions de toute manière), mais on peut dire que sa saison 3 a fait beaucoup pour en faire un divertissement tout à fait honorable dans son registre.
Née dans le sillage de The Blacklist avec son Raymond Reddington qui ne révèle jamais pourquoi il fait quoi que ce soit, Blindspot a malheureusement cherché à suivre le même principe durant ses deux premières saisons. Nous suivions alors des agents du FBI qui naviguaient tout le temps en aveugle, gérant les crises quand elles leur tombaient dessus. Les mystères devaient nous happer, mais ils n’ont fait qu’embourber le show au point de le rendre quelque peu ennuyeux. Combien de fusillades peut-on enchainer avant qu’elles ne finissent par toutes se ressembler ?
Quelle bonne surprise que fut donc cette saison 3 qui abandonna assez rapidement ses mystères pour une approche plus directe. Les tatouages étaient toujours là et étaient même encore plus nombreux, mais l’équipe entourant Jane et Weller a finalement appris les règles du jeu.
Blindspot suit bien souvent la même formule, mais quand tout le monde en a conscience, le résultat change. Concrètement, Roman (Luke Mitchell) devient le méchant de l’histoire et se présente comme étant le chef d’orchestre, poussant le FBI à tenir un rôle actif dans une vengeance qu’il a planifiée minutieusement. Quand il veut que quelque chose se passe, il libère l’information qui permet à Patterson (Ashley Johnson) de décoder un tatouage. Cela devient rapidement évident et, dans la dernière partie de la saison, les scénaristes s’amusent avec cela pour compliquer les choses au moment où Roman décide de ne plus distribuer les pistes à suivre.
Le personnage n’était plus un pion pour tenter de créer des enjeux émotionnels pour Jane, il est devenu le cœur du récit. La violence dans laquelle il a grandi, ses carences affectives, l’éducation donnée par Shepherd et son attachement à sa sœur font de lui quelqu’un de brisé et d’incontrôlable. Il se cherche une nouvelle famille qui pourrait l’accepter et il la découvre là où il ne pensait pas la trouver.
Concrètement, Blindspot s’est offert un bon vilain. Un dont les motivations sont bien plus complexes que l’idéologie mal dégrossie de sa mère. Un bon méchant ne fait pas toujours une bonne histoire, mais presque. En tout cas, dans le cas présent, cela fonctionne.
Cela met aussi en avant combien Jane et Kurt ne sont pas des protagonistes très intéressants par eux-mêmes. En fait, Reade (Rob Brown), Zapata (Audrey Esparza), Paterson et même Rich Dotcom (Ennis Esmer) ajoutent plus à l’histoire que les deux personnages principaux.
Heureusement donc que les scénaristes de cette saison 3 de Blindspot n’ont pas cherché à trop en faire avec leur duo de héros, transformant la série en un véritable ensemble show.
Concrètement, il y avait pas mal de choses à réviser après les deux premières saisons qui étaient malheureusement trop souvent laborieuses. Et elles ont été en grande partie gérées. Bien entendu, il y a certains éléments qui font partie de l’ADN de la série et qui sont impossibles à rectifier, mais Blindspot a suffisamment évolué pour contourner le problème, principalement en ne se prenant pas au sérieux la majorité du temps.
Martin Gero a voulu trop en faire avec ses tatouages au point de départ. Il a visiblement accepté ce fait et a décidé d’embrasser son absurdité pour mieux l’assumer. Blindspot en ressort grandie et plus divertissante que jamais.