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Séries Born to Kill : trajectoire d’un psychopathe

Born to Kill : trajectoire d’un psychopathe

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Born To Kill Channel 4 - Born to Kill : trajectoire d’un psychopathe

La télévision britannique est friande des histoires sombres où la nature humaine est auscultée dans ses moindres recoins. Avec Born to Kill, créée par Tracey Malone et Kate Ashfield, Channel 4 lance alors une mini-série qui s’intéresse à l’impuissance d’une mère face aux pulsions meurtrières de son fils.

Adolescent à la personnalité tortueuse, Sam vit avec sa mère infirmière qui lui fait croire que son père est mort dans un accident alors qu’il est en prison. Il passe son temps entre le lycée et l’hôpital où il visite des personnes âgées. Mais des pulsions meurtrières l’animent et il est sur le point de les assouvir.

Pendant les quatre épisodes qui la composent, Born to Kill place au centre de son récit la question du Mal sous sa forme la plus dure. À peine 16 ans, le jeune homme n’est donc pas uniquement confronté aux tourments de l’adolescence, car il se rend compte qu’il n’est pas comme les autres. Seulement, c’est le spectateur qui le découvre en premier et il faudra du temps pour que son entourage le comprenne.

Il y a donc une pulsion malfaisante chez lui et les scénaristes prennent le temps de nous faire comprendre que cela est inné, ancré en lui. Sam tente de se conformer aux normes sociales, d’être dans le monde comme on attend qu’il le soit. Il a ainsi des amis, s’essaie à avoir une petite-amie et à cacher ses pulsions. Cette apparente normalité se fissure dès qu’elle se construit, une sorte d’impuissance amicale, amoureuse et sexuelle l’habite si la mort ne fait pas partie du désir.

Cette inadéquation au monde qui l’entoure met en lumière un être profondément mauvais et pour qui aucune rédemption n’est possible. À aucun moment la série ne tente de le remettre dans le droit chemin, mais l’accompagne au lieu de cela dans sa descente jusqu’au point de non-retour. Le tragique de l’histoire réside dans le combat désespéré de sa mère pour comprendre son fils et l’arrêter avant l’irrémédiable.

Comment réagir face à quelqu’un qui n’est pas capable d’empathie ? Comment endiguer l’escalade de violence d’un être aimé ? Ce sont ces questions que Born to Kill aborde en confrontant les points de vue autour du jeune homme. Un sentiment d’urgence se fait alors sentir tout au long de la série qui se trouve moins dans les actions que pourrait ou ne pourrait pas commettre Sam que de voir si ses proches peuvent l’en prévenir.

Born to Kill pèche cependant lorsqu’elle tente d’expliquer les racines de ce comportement. En exploitant un arrière-plan familial avec un père absent physiquement, mais présent partout dans les mémoires, la série cherche une excuse qui se révèle qui plus est bancale. Le nombre d’épisodes ne permet pas d’étoffer plus le propos et quand bien même elle voudrait le faire, elle ne pourrait pas cacher une ambiguïté dans cette explication psychologisante peu raccord avec le reste. Heureusement, la série parvient à se terminer avec un certain sens de conclusion, prouvant qu’elle s’attache surtout au duo mère-fils.

Si Jack Rowan est d’une justesse sans nom dans la peau de Sam, c’est Romola Garai qui impressionne le plus. Elle donne corps à la bataille de cette mère à bout contre la véritable nature de son fils. On regrette dès lors qu’il ne lui soit pas offert plus de place pour mettre en avant ses conflits intérieurs alors qu’elle tente de vivre une existence normale.

En quatre épisodes, Born to Kill forme un récit intense, certes imparfait, mais qui parvient à distiller une tension palpable tout en construisant une représentation du mal et de ses dommages collatéraux sur ses proches. Si la dynamique familiale est déséquilibrée, la série permet à ses deux interprètes principaux de nous offrir des prestations impressionnantes, vectrices d’une histoire forte à défaut d’être originale.

La série Born To Kill est diffusée sur Canal + les lundis 8 et 15 janvier à partir de 21h00. Elle relate une histoire complète et il n’y a pas de saison 2.