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Brave New World : Le meilleur des mondes revisité et mis à jour pour notre époque (sur StarzPlay)

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Brave New World Saison 1 Bernard and Lenina - Brave New World : Le meilleur des mondes revisité et mis à jour pour notre époque (sur StarzPlay)

En développement depuis 2015, dans un premier temps pour la chaine SyFy, puis USA Network, Brave New World est finalement arrivée sur les écrans américains via la nouvelle plateforme de streaming Peacock (et en France sur StarzPlay). Donner le jour à cette adaptation du classique roman de science-fiction écrit par Aldous Huxley (titré Le Meilleur des Mondes en français) fut donc long.

Il faut dire que, quand le matériel original date de 1932, il est nécessaire de faire un travail de mise à jour conséquent — l’eugénisme n’étant plus un sujet à la mode. C’est ce que Grant Morrison, Brian Taylor et David Wiener ont réalisé, reprenant le point de départ de l’histoire, les noms des personnages et quelques concepts, mais étoffant le tout avec des idées plus modernes et en empruntant à d’autres œuvres d’anticipation.

Ainsi, Brave New World nous entraine dans un futur utopique dans laquelle assurer le bonheur de l’individu est un devoir partagé par chacun. Pour ce faire, tout le monde a un rôle à jouer, une place à tenir déterminée par une prédisposition génétique. Personne ne doit remettre en question quoi que ce soit. Dans cette société où tout le monde couche avec tout le monde, où les émotions sont maintenues à baie à l’aide d’une consommation constante de drogues et où chacun est conditionné à embrasser le fait d’être conditionné, il n’y a pas d’espace pour l’individualité, l’intimité, la jalousie, la haine ou même l’amour.

Le système fonctionne, sauf pour Bernard Marx (Harry Lloyd) et Lenina Crowne (Jessica Brown Findlay) qui vont chercher à comprendre pourquoi ils ne sont pas heureux. Cela les mettra sur la route de John (Alden Ehrenreich), un « sauvage » qui va se retrouver plongé dans leur société.

Là où le roman de Huxley prenait la forme d’une sorte de voyage initiatique qui menait Bernard et son ami Helmholtz (totalement redéfini et joué par Hannah John-Kamen dans le show) à réaliser que leur curiosité et leur quête de connaissances faisaient d’eux des perturbateurs qui n’étaient simplement pas faits pour évoluer dans une société où l’uniformité est la règle première, la série se saisit d’éléments particuliers pour se focaliser sur autre chose. Certes, le fait que Bernard et Lenina (la version série étant bien plus développée) sont différents et osent remettre en question leurs rôles est bien présent. Néanmoins, Brave New World n’emploie cela que comme un catalyseur pour aborder beaucoup plus de concepts.

Cette première saison sert alors une critique sur les classes sociales et l’absence de remise en question qui permet aux privilégiés de maintenir leur position supérieure au détriment de ceux, excessivement plus nombreux, qu’ils perçoivent comme étant inférieurs.

Bernard est un Alpha+, mais il est considéré comme étant défaillant, ce qui ne l’empêche pas de profiter de tous les avantages qu’être de sa caste lui apporte. Il a été élevé pour dominer les autres, là où Lenina — une Beta+ — remplit toujours son devoir, se comportant comme on lui a dit de le faire, servant les Alphas et leurs besoins. Du point de vue extérieur, tout cela est absurde, comme nous le montre John, celui qui vient du monde « sauvage » et doit s’intégrer à cet univers où il n’est pas à sa place, devenant alors une curiosité pour certains et un agent du chaos pour les autres.

Sur neuf épisodes, Brave New World s’efforce de livrer ses critiques à l’aide de métaphores devant nous encourager à remettre en question notre propre vision des codes sociaux — ce qui donne à l’ensemble un côté satirique dans un premier temps. Néanmoins, tout cela s’ajoute à une exploration de l’individu et son rapport à la société, mais aussi à une mythologie expliquant comment cette utopie a vu le jour. L’émergence d’une guerre des classes est alors prévisible, mais ce n’est qu’un développement de plus dans une saison qui s’égare progressivement entre le message qu’elle doit véhiculer, l’évolution de ses personnages et la construction de son univers.

On ne peut pas accuser Brave New World de ne pas être une série ambitieuse. Elle l’est d’ailleurs plus que le roman sur lequel elle se base. Le problème est que, à force de jongler entre leurs grandes idées et leurs obligations narratives, les scénaristes aboutissent sur des épisodes inconsistants qui proposent des scènes captivantes au milieu d’autres génériques ou répétitives. Les concepts les plus substantiels se heurtent à des rebondissements superficiels, mais nécessaires pour faire progresser le récit.

Dans l’ensemble, cette première saison livre une histoire qui va au bout de ses objectifs premiers, mais s’égare souvent en voulant en développer plus. Quand arrive la conclusion, l’univers du show apparait finalement construit et, si l’on peut être satisfait que les principales intrigues soient bouclées, il reste l’impression que bien des points auraient mérité d’être plus creusés.

Comme The Handmaid’s Tale avant elle, Brave New World paraissait destinée à prendre la forme d’une mini-série avant de révéler qu’elle allait utiliser le roman qu’elle adapte comme n’étant que le point de départ d’une longue critique sociétale.

Le résultat est intrigant et encourage à la réflexion. La mise en œuvre est perfectible, les bonnes intentions n’étant pas toujours une excuse pour les flottements qui rendent certains épisodes un peu trop lourds (en particulier durant la première moitié) et le trop-plein d’idées finit par laisser planer le doute sur ce que les scénaristes veulent vraiment nous dire. Cela dit, l’ensemble est divertissant et indéniablement intéressant. Une suite aurait en tout cas été bienvenue, mais elle ne verra pas le jour, puisque l’annulation a été officialisée.


Publié en aout 2020, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion de l’arrivée de cette saison 1 de Brave New World sur StarzPlay en France ce dimanche 20 décembre.

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