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Breaking Bad : une guerre psychologique (saison 4)

breaking bad saison 4 - Breaking Bad : une guerre psychologique (saison 4)

Après la mort de Gale, Walt et Jesse continuent de travailler pour Gus, mais ce dernier s’exerce à séparer les deux hommes pour servir ses intérêts. Hank se remet difficilement de sa blessure et rend la vie de Mary plus compliquée alors que Skyler fait ses premiers pas dans le monde de l’illégalité.

Suite aux évènements qui ont conclu la saison 3,  Breaking Bad impose rapidement un danger perpétuel pour Walt sous la forme de Gus. Encore une fois, il s’agira de voir jusqu’où ils sont capables d’aller pour survivre et chaque nouvelle épreuve apparaît plus douloureuse que la précédente.

Qui plus est, contrairement à avant, Walt a un adversaire qui est un manipulateur hors pair, largement au-dessus de son champ d’action. En gros, Gus est un fin psychologue qui va appuyer là où cela fait mal, soit l’orgueil de son ennemi. Durant toute la première partie de saison – et même après -, Gus s’exercera alors à isoler l’ancien professeur, le tenant le plus à l’écart en même temps qu’il cherche à s’allier Jesse de façon assez maligne. Ainsi, les deux fabricants de meth vont plus ou moins s’éloigner l’un de l’autre. Cela n’a rien d’étonnant, ils n’en sont pas à leur premier coup dur, mais Jesse doit encaisser l’acte de meurtre et surtout regagner une place qui lui revient de droit dans cette conjoncture. Gus est, l’air de rien, prêt à l’entrainer dans cette direction, même si c’est sans compter sur un aspect de la personnalité du jeune homme souvent sous-estimé et qui le place moralement au-dessus des joueurs qu’ils fréquentent : il est naturellement juste.

L’élimination de Walt pourrait en effet servir ses intérêts et la série laissera vaguement planer le doute à ce sujet. Après tout, Jesse pourrait bien avoir atteint un point de non-retour qui le motiverait à se séparer définitivement de son mentor. Malgré toutes les épreuves, les épisodes seront là pour démontrer qu’il faut pousser Jesse dans ses retranchements pour qu’il en vienne à prendre des décisions drastiques. Pas de doute en tout cas, Jesse, appuyé par Mike – l’homme de main de Gus – s’émancipe totalement au cours de cette saison.

Avant que cela n’arrive, il faudra patienter. Sur ce plan-là, le show jouera avec les nerfs du spectateur avec une grande habileté. C’est bien simple, la frustration de Walt est plus que communicative. Cela atteint un tel niveau qu’il est difficile de ne pas avoir l’impression que la série se retient elle-même de faire progresser son intrigue. Walt et Gus mènent donc une guerre psychologique intense qui aura des répercussions trop palpables sur le rythme des épisodes et de l’histoire.

Conséquence : quand la saison décolle dans sa seconde partie, c’est une progression qui ne s’arrêtera pas avant d’arriver à son apogée dans l’avant-dernier épisode. Dommage que le final soit un peu moins convaincant, mais pas de doute, Walt aura su tout du long largement évolué. D’homme terrorisé par la mort à fabricant de meth bridé et isolé, il finit par émerger une personnalité qui est maintenant prête à affronter le pire et mener la guerre de front. Quand il n’y a plus rien à perdre ou presque, Walt se révèle avoir encore plus de ressources qu’à l’accoutumée.

Il faut aussi dire que son travail fut cette saison en partie simplifié par l’intégration de Skyler dans le business. Certes, à l’image de Gus, elle sera au départ utilisée pour enfoncer le clou et enlever à Walt le peu de commandes qu’il possède. Sacrément autoritaire, Skyler va découvrir les coulisses du monde de son mari pour y plonger à sa façon. En ressort une femme loin d’être vertueuse, mais qui a évolué. La conjoncture familiale n’en est pas pour autant bousculée, car il faut maintenir les apparences, tout particulièrement auprès des proches. En tout cas, pour l’épouse de Walt, il est évident que la DEA ne représente plus la même chose ; comme souvent, Hank ne sera pas bien loin, même si son enquête est non officielle. Celle-ci sera à la fois employée à remettre sur pied le beau-frère et à offrir des moments plutôt intenses avec Walt, en constante pression. Le second degré ne sera certainement pas exempt de ces scènes, jouant toujours habilement de la réelle position de chacun dans l’histoire. Par contre, il serait bel et bien temps que le DEA surprenne au lieu de n’être qu’un rouage, voir un outil scénaristique pour faire monter les enjeux, mais ne jamais représenter une menace vraiment concrète.

En définitive, cette saison 4 de Breaking Bad sera une longue montée en puissance, et pour être plus précise, une trop longue montée en puissance. Entre mise en place de la conjoncture et manipulation psychologique, les évolutions et retours émergent seulement dans la seconde partie. Il n’y aura pas eu que Walt que Vince Gilligan aura ainsi mis à l’épreuve au cours de la saison. Il faut donc prendre son mal en patience pour une conclusion magistralement orchestrée.