Après une première saison qui est parvenue à imposer sa propre personnalité et à prendre de cette manière son indépendance vis-à-vis de la série originale, The Bridge évolue à présent sur une route bien à elle. On pouvait croire que cela permettrait au show de véritablement prendre son envol, mais le début de la seconde saison peut légèrement laisser dubitatif à ce sujet.
Peut-être est-ce le départ de Meredith Stiehm qui laisse ainsi Elwood Reid seul au poste de showrunner, à moins que ce ne soit justement le fait que l’on ne suive plus une storyline déjà explorée dans Bron/Broen. En tout cas, l’enquête de Sonya Cross (Diane Kruger) et de Marco Ruiz (Demian Bichir) peine à prendre forme.
L’histoire reprend là où on l’avait laissé, mais nous ne rebondissons pas spécialement sur les derniers évènements. À la place, Marco est en perdition de son côté et accepte de naviguer sur une ligne très fine qui le force à jouer le jeu du Cartel de Fausto Galvan (Ramon Franco). Il faut dire qu’entre la mort de son fils et sa femme qui est partie avec ses autres enfants, il tend à broyer du noir.
Le duo de flics finit par se reformer, mais la dynamique qui fonctionnait si bien durant la première saison est quelque peu difficile à discerner ici derrière les différentes distractions. Si Marco a son lot de problèmes, Sonya est aussi dispersée par le fait que celui qui est responsable de la mort de sa sœur est également mourant.
Au milieu de tout ça, Franka Potente fait son entrée de façon sanglante. Elle incarne une femme mystérieuse qui travaille pour le Cartel de Galvan. Elle tend à laisser derrière elle des trainées de sang, mais elle n’est pas pour autant facile à trouver, puisque tout le monde la cherche et personne ne lui met la main dessus.
Elle erre donc, un peu comme tous les autres. C’est au point où Daniel Frye (Matthew Lillard) et Adriana Mendez (Emily Rios), les intrépides journalistes, sont ceux qui apportent à ce début de saison sa seule véritable ligne directrice. Ils ne sont pourtant pas assez présents, ce qui ne les empêche pas de délivrer du tangible en termes d’intrigue. De plus, ils entretiennent une dynamique intéressante, quelque chose que le duo Sonya/Marco ne réussit donc pas à faire convenablement pour le moment.
The Bridge a cependant plus à offrir que ses personnages. De ce registre, la seconde saison est dans la droite lignée de la première. L’ambiance est parfaitement maitrisée et parvient ainsi toujours à captiver grâce à un dosage minutieux de violence et d’empathie qui permet d’explorer les peurs, les dangers et la souffrance qui caractérisent la conjoncture particulière de la série.
C’est un point fort qui délivre de quoi rester investi dans le show, mais il serait pertinent que l’histoire prenne de la consistance. La fin du quatrième épisode suggère heureusement que c’est ce qui est sur le point de se produire.
Quoi qu’il en soit, les scénaristes de The Bridge ont pour mission de prouver que leur show peut exister réellement en sortant de l’ombre de Bron/Broen, ce qui se révèle plus compliqué qu’on pouvait le penser après la première saison. Les personnages se sont bien développés, mais il faut que le reste suive et c’est ce qui manque un peu pour le moment.