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Bullet in the Face : Violemment parodique

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bullet in the face serie - Bullet in the Face : Violemment parodique

Scénariste connu pour la comédie satirique Sledge Hammer! (1986-88, Mister Gun en VF) qui nous offrait une version plutôt allumée de L’Inspecteur Harry, Alan Spencer s’attaquait en 2012 au monde du cinéma d’action et au film noir avec Bullet in the Face. Cette production canadienne diffusée sur IFC aux États-Unis se veut aussi parodique que violente.

Se composant de 6 épisodes, Bullet in the Face nous entraine à Brüteville, une cité rongée par la violence où Tannhauser (Eddie Izzard) et Racken (Eric Roberts) sont les deux gros pontes du crime organisé toujours sur le point de se faire la guerre. Travaillant pour le premier, Gunter Vogler (Max Williams) est connu pour être simplement un psychopathe qu’il est préférable de ne pas croiser. Sa vie change quand sa maitresse Martine (Kate Kelton) – qui entretient aussi des relations avec les deux boss – lui apprend qu’elle est enceinte. Ce n’est pas tant la nouvelle qui bouscule son existence, mais plus la balle en pleine face que lui met la belle tueuse. C’est alors que la police intervient et nous la joue Face/Off (Volte/Face) en échangeant le visage de Gunter avec celui du policier qu’il vient juste de tuer. Il est ensuite forcé de rejoindre les forces de l’ordre pour obtenir vengeance.

Le point de départ est aussi énorme que sa mise en scène, et que tout le reste de la série d’ailleurs. Si la couleur est annoncée dès le début, il faut tout de même quelques minutes d’adaptation pour apprécier le délire dans lequel on nous propose de plonger. Entre le budget indiscutablement limité et les acteurs qui en font des tonnes avec des dialogues d’une nullité aussi volontaire que les storylines sont absurdes, Bullet in the Face offre un type d’humour qui pourrait l’entrainer dans la case navet à éviter pour peu que l’on ne sache pas exactement où l’on met les pieds.

Tout est donc bien assumé d’un bout à l’autre. Une fois pris dans le délire, ayant accepté que l’horrible accent allemand de Gunter ne disparaitra pas, le second degré de l’ensemble se révèle étrangement riche. Si le style ne le laissait pas vraiment paraitre au départ, Bullet in the Face délivrera des running gags élaborés ou bien plus subtils qu’on n’aurait pu le croire au fil de ses 6 épisodes. C’est particulièrement le cas avec les troubles de personnalités que rencontre Gunter qui sont récurrents dès le commencement et donne une orientation troublante à la relation entre le tueur psychopathe et son partenaire dans les forces de l’ordre, l’émotionnellement instable lieutenant Hagerman (Neil Napier).

Cela dit, ce qui domine de façon générale, c’est juste l’absurdité acide qui donne l’impression que Bullet in the Face a originellement été conçue pour rejoindre la grille de la chaine Adult Swim entre Eagleheart et NTSF:SD:SUV::.

S’inspirant et parodiant des œuvres comme Sin City, Alphaville ou encore le cinéma de Quentin Tarantino, Ridley Scott et Guy Ritchie, Bullet in the Face délivre des scènes d’action et de violences stylisées, qui ne sont généralement pas associées à une comédie. Alan Spencer ira même jusqu’à qualifier sa création de « la plus violente comédie de l’histoire de la télévision. »

Comédie corrosive portée par des acteurs totalement dévoués au ridicule dans lequel leurs personnages évoluent, Bullet in the Face est une parodie qui va loin, atteignant par moment le niveau du tellement mauvais que ça en deviendrait presque génial. Ça ne la rend clairement pas facile d’accès, mais une fois que l’on est dedans, il se révèle étrangement difficile de s’en éloigner.