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Séries Cannabis : La drogue, c’est mal

Cannabis : La drogue, c’est mal

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Cannabis Saison 1 - Cannabis : La drogue, c'est mal

Arte a décidé de se rouler un joint. Plusieurs même. En grosse, très grosse quantité. Après Narcos, Breaking Bad ou Nurse Jackie pour ne citer qu’elles, l’Europe s’attaque au sujet de la drogue avec Cannabis, une coproduction franco-espagnole scénarisée par Hamid Hlioua, Clara Bourreau et Virginie Brac.

Contrairement aux drogues considérées dures, le cannabis, dont la réputation est plus récréative, a même donné naissance à un genre spécifique : la stoner comedy dont les fers de lance se nomment Délire Express, Up in Smoke, Half Baked ou les films Harold & Kumar.

Si la marijuana peut donc être « l’herbe qui fait rire », elle va être ici un vecteur de mort, de danger et de jeux de pouvoir. Cannabis décide de montrer non pas les impacts – rigolos ou non – de sa consommation, mais bien les ravages de sa production. Car comme tout business clandestin, il y a beaucoup d’argent en jeu et, comme chacun sait, on irait jusqu’à tuer pour beaucoup d’argent.

De la cité parisienne de la Roseraie, délabrée et laissée en proie aux dealers et caïds, aux villas reluisantes et ensoleillées de Marbella en Espagne, Cannabis suit donc son sujet au plus près, avec ceux qui en vivent. Quand une de ses cargaisons disparaît en Méditerranée, El Feo, le trafiquant qui fournit une partie de l’Europe, soupçonne des traîtres de son clan de vouloir se tailler la part du lion et en premier lieu Farid Belhadj, disparu lui aussi. Anna, la femme de Farid, se retrouve alors avec de grosses dettes et un club de striptease en péril à gérer. En France, cette même cargaison disparue met Sham’s, dealer de la Roseraie, dans l’embarras face au caïd Morphée qui tient bien à récupérer le stock qu’on lui a promis. Autour de ces personnages, la drogue, presque invisible à l’écran, mais qui visiblement rend tout le monde fou.

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Exit donc les consommateurs, mais aussi les pouvoirs publics et la police. C’est le gros point fort de la série (c’est aussi le seul) : laisser à la porte de son récit des flics qui enquêtent et, dans une moindre mesure, les politiques déterminés à éradiquer ce fléau de leurs cités. Si le personnage de maire fait des apparitions, celles-ci sont trop anodines pour être considérées comme essentielles au déroulement de l’histoire.

C’est d’ailleurs, à l’image de l’arc narratif concernant cette maire de ville de banlieue, le problème de cette saison : la banalité de son histoire et de ses personnages. Si le point de départ offre une approche intéressante (le trajet d’un convoi de cannabis et les manigances de chacun pour le récupérer ou récupérer l’argent qui découlerait de sa vente), la série manque de souffle et d’originalité pour nous passionner au long de ces six épisodes. El Feo, méchant vaguement shakespearien, cultivé et romantique ; Anna, veuve éplorée reprenant un peu trop facilement le business de son défunt mari ; ou encore Morphée, caïd impitoyable de cité, mais à la double vie qu’il faut absolument cacher… Non pas que ces personnages sonnent faux, c’est qu’ils sont juste terriblement communs. Pas un seul protagoniste ne semble dévier d’une ligne qui leur est déjà toute tracée. Malgré les efforts d’interprétation d’un casting audacieux et frais, Cannabis ne sort jamais du rang. Même la violence, parfois un peu forcée d’ailleurs, ne permet pas d’enflammer le récit et délivrer plus de suspense.

Pire, on n’apprend finalement pas grand-chose sur ce trafic que la réalité ou la fiction ne nous ait déjà pas montré avant. Producteurs, grossistes, livreurs, acheteurs/revendeurs et dealer, toute la chaîne est bien là, la série apparaît bien documentée, mais c’est trop tard, le spectateur l’est aussi, et ce depuis longtemps. Weeds ou The Wire sont bien passées par là, ainsi qu’un milliard de sujets de Zone Interdite ou du journal de 20 heures.

On nous promettait de la Marocaine qui défonce, le Cannabis d’Arte n’est finalement qu’une barrette de shit coupée et recoupée, sans trop de saveur et dont les effets ne durent pas bien longtemps. Sans vouloir inciter à la consommation (sérielle évidemment), mais sur ce coup, préférez les drogues dures…

Série de 6×52 minutes. Diffusion les 8 et 15 décembre à 20h50 sur Arte. Saison 1 disponible en DVD le 14 décembre.