Aller au contenu
Séries Carnival Row Saison 1 : Les fées ne volent pas très haut sur Amazon

Carnival Row Saison 1 : Les fées ne volent pas très haut sur Amazon

  • par
  • 4 min read

carnival row saison 1 - Carnival Row Saison 1 : Les fées ne volent pas très haut sur Amazon

Il y a plus de 17 ans, un jeune Travis Beacham en école de cinéma imagine un monde crasse et brumeux ou se mêlent tant bien que mal humains et créatures fantastiques en tout genre. Après un passage furtif entre les mains de Guillermo Del Toro et des projets de film, c’est sur Amazon Prime Video qu’est finalement adapté son script, en une série fantastique d’inspiration steampunk au casting aguicheur et aux effets visuels à tomber.

Carnival Row prend place dans un monde imaginaire, au cœur de la cité cosmopolite de The Burgue où des tensions éclatent entre les humains et les créatures magiques réfugiées, recluses dans le sombre quartier de Carnival Row suite à une guerre dévastatrice qui a réduit en poussière leurs terres natales. Dans ce chaos, l’inspecteur Rycroft Philostrate (Orlando Bloom), dit Philo, se met en danger en enquêtant sur le meurtre sanglant d’une fée et croise la route de Vignette Stonemoss (Cara Delevingne), son amour passé.

Une réussite artistique incroyable…

Carnival Row est un show à l’ambition assumée et affichée. Cette envie de rivaliser avec les grands du genre se voit notamment dans le soin apporté à son univers empli de fées, de faunes et de sorcières terrifiantes. En très peu de temps, la série installe son ambiance et sa mythologie complexe, donne vie à ce monde et apporte de la consistance à son passé. Malgré les références à foison, on a l’agréable impression d’être plongé dans un univers neuf et unique.

Le tout est servi par une esthétique magnifique, mêlant costumes victoriens et architecture gothique. Les effets spéciaux, numériques ou pratiques quand il s’agit des maquillages, sont pour la plupart bluffants. On évite ainsi les écueils du kitsch qui guettent ce type d’œuvre. Le tour de magie visuel est parfait par un splendide accompagnement musical composé par Nathan Barr pour l’occasion.

…Plombée par une histoire convenue

D’un point de vue formel, Carnival Row fait un quasi sans faute. Cela se corse malheureusement en ce qui concerne le récit. Les thèmes du racisme, de l’immigration et de l’assimilation – chers à la fantasy – s’imposent comme fils conducteurs de la série à travers une métaphore filée bien trop présente. Les enjeux moralistes perdent en intérêt à force d’être martelés, et le manque d’originalité de leur traitement contraste avec les décors hors normes construits pour les mettre en scène.

Ces débats pourtant d’actualité, entre le mandat catastrophique de Trump, la montée de l’homophobie ou encore le Brexit, peinent à trouver écho tant ils sont simplifiés à l’extrême. Les aspects politiques, bâclés et caricaturés, ne prennent réellement corps qu’en fin de saison. Seule l’ascension sociale du faune qui tente à ses risques et péril d’asseoir sa situation auprès de ses homologues humains parvient à gagner en profondeur et à toucher.

Au milieu de cette débâcle sociale, la romance tant attendue entre Vignette, la fée qui résiste à l’oppression, et Philo, le détective torturé aux origines obscures, passe au second plan. Pas que ce soit une mauvaise chose à cette époque où le cinéma et la télévision sont les temples de l’amour au premier regard, mais cette distance pas toujours justifiée semble être forcée pour justement sortir des codes. Les personnages, bien construits et souvent bien interprétés (on tient ici le meilleur rôle de Cara Delevingne), fonctionnement ceci dit individuellement très bien.

Un équilibre à trouver

Par ailleurs, le casting complété par, entre autres, David Gyasi, Jared Harris (Chernobyl), Tamzin Merchant (Salem), Karla Crome (Misfits) et Indira Varma (Game of Thrones) est aussi impressionnant qu’efficace. Son potentiel ne semble cependant jamais pleinement exploité. L’équipe créative se perd en world building et propose en fin de compte une intrigue au ralenti et des personnages souvent survolés.

Cette première saison adopte également un rythme qui la dessert. Après deux épisodes d’introduction longuets, on nous propose un épisode flash-back qui aurait sûrement mérité un traitement plus fin, avant d’enfin attaquer le cœur de l’intrigue. Tout s’emballe dans les deux derniers épisodes, encore davantage dans les dernières minutes, un peu trop tard pour faire de cette saison plus qu’une introduction globalement aguicheuse, mais frustrante.

Déjà renouvelée pour une deuxième saison, la série d’Amazon Prime mérite une deuxième chance de montrer ce qu’elle a dans le ventre. On attend donc la suite de pied ferme, mais avec une certaine appréhension.

Étiquettes: