Aller au contenu
Séries Catch-22 : L’absurdité inéluctable de la guerre, mais pas de la série

Catch-22 : L’absurdité inéluctable de la guerre, mais pas de la série

Catch 22 serie - Catch-22 : L'absurdité inéluctable de la guerre, mais pas de la série

Voilà maintenant 5 ans que la dernière adaptation du classique de la littérature américaine Catch-22 de Joseph Heller est en développement. Ce n’est d’ailleurs pas la première, puisque le roman a été porté à l’écran en 1970 par Mike Nichols, une version que les adeptes de l’œuvre originale n’ont pas nécessairement embrassée à l’époque.

Adapter Catch-22 n’est clairement pas chose aisée, mais avoir 6 épisodes offre au moins la possibilité de ne pas avoir besoin de faire trop de coupes. Luke Davies et David Michôd se sont donc attelés à la tâche pour cette version proposée par Hulu qui est notamment produite par George Clooney qui tient un petit rôle en plus de réaliser deux épisodes, prouvant son implication dans le projet.

L’histoire n’a pas changé. Nous suivons John Yossarian (joué par Christopher Abbott) durant la Seconde Guerre mondiale. Navigateur-bombardier basé en Italie, il espère bientôt rentrer chez lui en vie, car il arrive au bout du nombre de missions qu’il a à accomplir. Tout change quand le Colonel Cathcart (Kyle Chandler) prend en charge la base et ne cesse d’augmenter le compte de missions à réaliser. Yossarian cherche alors par tous les moyens à ne plus voler.

Connu comme étant l’une des plus efficaces satires de la guerre et — principalement — de l’armée américaine, Catch-22 est aussi la comédie noire par excellence. Sur papier tout du moins, car les adaptations paraissent toujours manquer le coche à un moment ou un autre.

Dans le cas de cette mini-série, il apparait que les scénaristes ont oublié l’humour. Certes, ils livrent quelques passages cultes tirés du livre, mais l’ensemble peine tout de même à faire sourire fréquemment.

Il apparait rapidement qu’il y a deux manières d’aborder cette nouvelle itération de Catch-22. On peut ignorer que l’on est censé regarder une comédie satirique, ce qui nous donne basiquement une simple série sur la guerre, ou l’on passe six épisodes à se demander comment tous les gens de talent impliqués dans ce projet on fait pour manquer à ce point leur cible.

En tant que récit de guerre exploitant les absurdités du fonctionnement de l’armée américaine, la mini-série conserve assez de son propos original pour rester pertinente, ce qui ne l’empêche pas d’être par moment trop répétitive et de démarrer sans être véritablement accrocheuse. Il faut dire que Davies et Michôd ont pris un récit chaotique et ont décidé de le rendre linéaire.

En effet, ils cherchent à vraiment se focaliser sur la progression de Yossarian et son incapacité à accepter qu’il n’a pas le contrôle de son destin. Cela devient tellement central au récit que même les tragédies qui se produisent et les moments les plus sombres finissent par n’être que des banalités. Pourtant, quand il est question de nous plonger dans les horreurs de la guerre, la série excelle et montre combien les réalisateurs et les acteurs ont bien été choisis pour cela.

Pour l’humour, on ne peut pas en dire autant. Si l’on excepte Daniel David Stewart (qui joue Milo Minderbinder), Graham Patrick Martin (qui incarne Orr) et Kyle Chandler, le reste du casting ne parait pas savoir qu’il se trouve dans une comédie noire et se révèle souvent inconfortable avec le matériel se voulant humoristique, ce qui enlève toujours plus de poids à l’angle comique au point de donner à certains passages la forme d’une parodie sans saveur.

Étant donné le matériel original, Catch-22 a sans surprise des thématiques pertinentes à explorer. Ce n’est cependant pas suffisant pour compenser ses sérieux problèmes de tonalité. Même si l’on fait fi des attentes générées par la réputation de l’œuvre qu’elle adapte, cette mini-série ne parvient jamais à délivrer la profondeur ou l’absurdité qu’elle cherche à revendiquer. Le résultat se laisse suivre avec un léger ennui qui n’est pas assez bousculé par les brefs moments d’horreurs qui ponctuent l’ensemble.