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Est-on enchanté par le reboot de Charmed ?

Charmed Saison 1 Episode 2 - Est-on enchanté par le reboot de Charmed ?

Torches enflammées, fourches levées, bûchers prêts à être allumés, la chasse aux sorcières était lancée avant même que le pilote de Charmed version 2018 ne soit diffusé. La série originale, dont le fan-club semble être désormais porté par une de ses principales interprètes, Holly Marie Combs, est restée chère à ceux qui l’ont suivie, marquant leur enfance ou adolescence. Elle ne brille certes pas par ses effets spéciaux de qualité et ses intrigues révolutionnaires, mais elle avait su mettre en avant des personnages attachants et féministes à leur manière.

Passer dessus cet héritage semblait plus compliqué que prévu et pourtant, Charmed pour The CW ne force pas ni la démarcation ni la copie. Nous retrouvons donc trois sœurs, Mel (Melonie Diaz) et Maggie (Sarah Jeffery) qui retrouvent leur demi-sœur inconnue Macy (Madeleine Mantock) à la mort de leur mère. Elles découvrent alors qu’elles sont des sorcières, que des forces maléfiques leur en veulent et qu’un être magique est là pour les protéger, Henry (Rupert Evans). En soi, le postulat de départ du reboot avec quelques ajustements : exit San Francisco, les prémonitions, les Halliwell, bonjour Hiltowne, la télépathie, les Vera et plus de diversité. Rassurez-vous, le Livre des Ombres est toujours là.

Dès ses prémisses, la série parvient à trouver un ton et un élan qui captivent. Elle ne cherche pas à copier son aînée, mais en utilise les éléments les plus pertinents pour se construire. Dans un univers magique qu’elles ne connaissent pas, les trois sœurs exercent leurs pouvoirs face aux démons qui frappent à leur porte chaque semaine. Si cela paraît trop procédural, chaque épisode le mêle à la vie quotidienne des filles de manière plutôt fluide et sans mièvrerie excessive. La série reprend maladroitement certaines intrigues des premières saisons de la série des années 90 — le sérum de vérité par exemple — pour mieux installer son univers sans renier celui sur lequel elle se base. Cela va vite, trop parfois, mais solidifie assez rapidement cette nouvelle version.

Cette nouvelle Charmed n’hésite pas non plus à reprendre des éléments de la mythologie originale pour les mettre à sa sauce. Dans le 4ème épisode, Charity (Virginia Williams), une « Ancienne », force magique surpuissante et impartiale, vient leur rendre visite pour se débarrasser d’un démon qui possède une de leurs amies. Si l’épisode en lui-même est sympathique et suit son programme sans dévier, il est intéressant dans la manière dont il intègre les éléments iconiques de la série pour se les approprier. Ici, le rôle de l’ancienne est plus proactif et s’insère dans le fil narratif encore obscur qui se dessine derrière.

Le personnage de la mère, Marisol (Valérie Cruz), n’est pas évacué rapidement, mais revient sous différents aspects (fantôme, flashback, possession dans le second épisode) et permet alors de cimenter le trio. Cela est parfois fait trop précipitamment, ne laissant pas l’alchimie entre les personnages prendre comme on le voudrait mais dessine leur univers. Ainsi, certains nouveaux personnages sont introduits pour étoffer l’aspect « normal » de leurs vies et leur donner plus de relief : Galvin (Ser’Darius Blain), un collègue de laboratoire de Macy, et Niko (Ellen Tamaki), l’intérêt amoureux de Mel et détective, complètent intelligemment la troupe que nous apprenons à connaître.

Maggie, la plus jeune, est celle qui a la vie la plus développée pour le moment, avec sa sororité où l’on va passer le troisième épisode. Celui-ci est assez représentatif de ce qu’est la série jusqu’ici : un divertissement procédural quand il faut (un démon dont les sœurs doivent s’occuper tout en découvrant leur puissance et leur lien), mêlée à leur vie quotidienne (tout se passe lors d’une fête qu’elle donne) et leurs préoccupations personnelles (Maggie veut s’intégrer mais a ce lourd secret à gérer, Mel ne veut pas retourner dans un placard où elle doit se cacher à nouveau – elle est lesbienne).

C’est ici que la patte de Jennie Snyder Urman, créatrice de Jane The Virgin, se fait sentir et démarque pleinement cette Charmed de la précédente. En faisant de ses personnages des Latino-Américaines et une des filles une lesbienne, elle prend à bras le corps un féminisme qui peut paraître forcé, mais qui n’est pas gratuit. Les traits sont certes gros et si les dialogues humoristiques rendent la chose légère, il y a vraiment un propos qui se tient et qui demande uniquement à être plus solide et subtil. Derrière tout le travail fait pendant ces premiers épisodes, il y a plein de bonnes intentions et de volontés, il faut juste qu’elle sache mieux doser ses efforts.

Ce reboot de Charmed n’est donc pas à jeter au bûcher et parvient en quelques épisodes à se démarquer sans cracher sur son héritage. Elle ne s’est pas forcément améliorée sur les effets spéciaux, mais les intrigues sont assez bien écrites pour passer au-dessus, mêlant savamment humour, drame et genre pour donner un divertissement déséquilibré mais moderne, plein de potentiel à exploiter.

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