Aller au contenu
Séries Charmed Saison 1 : La magie des trois opère à nouveau (sur SyFy France)

Charmed Saison 1 : La magie des trois opère à nouveau (sur SyFy France)

Charmed Saison 1 Episode 10 - Charmed Saison 1 : La magie des trois opère à nouveau (sur SyFy France)

Au milieu de la flopée de remakes commandée par The CW s’en trouvait un que personne n’avait envie de voir, et surtout pas les fans de l’originale : Charmed. Les premiers visuels étaient loin de convaincre, mais l’équipe créative, dirigée par des réalisatrices de talent, poussait tout de même à la curiosité. Après plusieurs épisodes, force était de constater que Charmed était loin du massacre prédit. Qu’en est-il au bout d’une saison ?

Nouvelle ville, nouvelles sorcières, nouveaux pouvoirs, la série a droit à un coup de jeune tout en reprenant les prémices : trois sœurs et leur ange gardien — être de lumière pour les puristes — qui apprennent à sauver le monde autant qu’à vivre ensemble. Il semblerait que l’appréciation de ce Charmed 2.0 dépende énormément du rapport que l’on entretenait avec le matériel de base. Histoire que tout soit clair, ayant grandie à grand coup de trilogie du samedi, je chéris un amour inavoué et un peu honteux pour l’originale. Vous voilà prévenus.

Une bonne adaptation ?

Il existe différentes définitions d’une adaptation réussie. Il est néanmoins d’usage de considérer qu’il s’agit d’une œuvre qui conserve l’âme de la première version, mais parvient à s’en détacher suffisamment pour ne pas être qu’un ersatz sans intérêt. Contre toute attente, Charmed est une très bonne illustration de cette description bien vague. Tout en reprenant les grandes lignes de l’aventure des sœurs Halliwell et en saisissant parfaitement le ton et les codes, elle trouve rapidement une voie qui lui est propre.

Si cette première saison reprend plus ou moins l’intrigue principale de l’originale, en intégrant la Source et différents démons emblématiques, c’est lorsqu’elle improvise qu’elle dévoile son potentiel. Il y a d’évidents ratés, mais la majorité des antagonistes de la semaine sont suffisamment convaincants. Très conscientes de la nature du projet, les scénaristes insufflent un nouveau type d’humour très méta à la série qui lui sied à merveille.

Les thèmes abordés restent les mêmes. La magie continue d’être une métaphore de la différence et reste un parfait support pour véhiculer un message d’acceptation et d’ouverture d’esprit. L’angle et l’approche sont par contre totalement revus pour les mentalités d’aujourd’hui. Le traitement du féminisme y est plus subtil — en gardant son côté fun —, tout comme celui du racisme et de l’homophobie. Ont aussi droit à des mises en lumière bien senti les inégalités dans l’accès à l’éducation, les pressions sociétales autour du sexe et tous les types de harcèlements.

Au cœur d’une famille en construction

Charmed est une série fantastique, mais elle est avant tout une série familiale, centrée sur les relations complexes de ces sœurs que tout oppose et qui apprennent à se connaître pleinement à la suite d’un drame. On retrouve en Mel (Melonie Diaz) et Maggie (Sarah Jeffery) de Pipper et de Phœbe, Macy (Madeleine Mantock) cependant n’a rien à voir avec les sorcières originales. Elle n’a pas grandi avec ses sœurs et rejoint la famille en début de saison. Son intégration paraît un peu simple, reste très survolée jusqu’au final ou les non-dits resurgissent enfin, mais sûrement trop tard.

Pas toujours cohérent, le trio trouve ceci dit rapidement une bonne dynamique et porte la série. Mais pas tout seul, car Charmed ne serait pas aussi efficace sans Harry, l’être de lumière des temps modernes. À bat le héros blondinet naïf et amoureux, Henry (Rupert Evans) tient plus du majordome britannique à la réplique tranchante et à l’accent enchanteur, aussi agaçant qu’attachant.

Pour ce qui est des personnages secondaires, très peu parviennent à devenir marquants, et ils restent pour la plupart uniquement caractérisés par leur relation aux sorcières. Seule Charity (Virginia Williams), éminent membre des Fondateurs (Elders) qui entretenait un lien étroit avec la défunte mère des filles, s’en sort avec les honneurs, mais elle le doit davantage à l’incroyable alchimie qu’elle entretient avec Harry et au talent de son interprète qu’à la finesse de sa construction.

Une saison inégale, mais séduisante

Si la structure épisodique de Charmed est admirablement équilibrée, mêlant avec justesse vie quotidienne et éléments surnaturels, son problème se dessine au fil de la saison et concerne davantage ses intrigues de fond. Le véritable danger est introduit bien trop tard, alors que les fausses pistes se multiplient maladroitement. Le tout aboutit à une fin de saison très anti-climatique et précipitée qui laisse un arrière-goût d’inachevé.

La série se perd continuellement en complexifiant inutilement ses intrigues majeures, probable symptôme d’une volonté de légitimer son existence et de plaire. C’est vraiment dommage, car en se concentrant sur quelques histoires — les Anciens, la face sombre de Macy ou encore la confrérie de sorcières — et en creusant son ensemble très dense, cette saison de Charmed aurait pu être une franche réussite.


Si le final n’est pas des plus convaincants, il propose un pseudo-twist intelligent et cohérent qui devrait permettre au remake de se détacher encore un peu plus de son aînée. Avec ses personnages, son ambiance et sa légèreté, The CW tient avec Charmed un contenu intéressant et divertissant qu’il faut maintenant canaliser. À l’année prochaine pour que voir si l’envoûtement continue.


Publié en juin 2019, cet article revenant sur la première saison de Charmed version 2018 de The CW est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la diffusion en France qui débute ce jeudi 24 septembre 2020 à 21h00 sur SyFy France.

Étiquettes: