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Séries Crazy Ex-Girlfriend Saison 4 : Mourir sur scène (sur Netflix)

Crazy Ex-Girlfriend Saison 4 : Mourir sur scène (sur Netflix)

crazy ex girlfriend saison 4 - Crazy Ex-Girlfriend Saison 4 : Mourir sur scène (sur Netflix)

Qui aurait espéré il y a quatre ans qu’une série aussi décalée que Crazy Ex-Girlfriend aurait une telle longévité et autant de récompenses ? Cette étrange comédie musicale nous proposait l’histoire d’une jeune femme légèrement dérangée qui plaque tout pour son amour de jeunesse croisé au coin d’une rue. Elle est devenue bien plus au fil des saisons.

Crazy Ex-Girlfriend a été une incroyable parodie de comédies romantiques, une déconstruction maligne d’une génération de trentenaires américains qui a grandi loin du cocon idéalisé des grandes métropoles. C’était une série qui traitait avec pertinence des rapports humains dans toute leur complexité et des tabous qui entourent les troubles mentaux. Voilà l’image que je veux en garder. Dommage que cette ultime saison vienne ternir le tableau.

L’action reprend directement après les évènements du final de la saison 3 qui laissaient une Rebecca (Rachel Bloom) fraîchement repentie plaider coupable de meurtre. On retrouve en parallèle toute sa joyeuse bande d’amis délurés, en proie à de nombreuses remises en question personnelles et professionnelles.

Rien ne va plus pour Rebecca Bunch

Direction la prison pour notre héroïne donc. Si on pouvait se douter qu’elle n’y passerait pas ses vieux jours, la situation est beaucoup trop vite expédiée et troquée pour quelque chose de plus confortable. Des allers-retours similaires, vains et frustrants, vont par la suite plomber beaucoup d’arcs narratifs. C’est un retour à la case départ pour les hommes de la vie de Rebecca, les mauvaises habitudes de cette dernière et les névroses de Valencia (Gabrielle Ruiz). Sans parler de Greg, recasté sous les traits de Skylar Astin.

Pendant longtemps, le seul domaine dans lequel les personnages semblent autorisés à évoluer est le travail. Cela fonctionne pour Paula qui prend en main sa carrière d’avocate, c’est cependant moins probant pour Rebecca qui ouvre… un stand de Bretzel ? Malgré son ton déjanté, Crazy Ex-Girlfriend avait toujours su rester crédible et cohérente. Un tel retournement à ce stade du développement du personnage n’a aucun sens, et est même clairement ridicule.

La série est également rattrapée par ses anciennes intrigues peu inspirées. C’est le cas notamment de Hebecca, la fille de Darryl (Pete Gardner) qui partage 50 % de son ADN avec Rebecca. Quand la série adresse enfin cette problématique, c’est un véritable massacre. De même pour le demi-frère de Rebecca qu’il est préférable d’oublier. Ces sous-intrigues mal gérées prennent énormément de place, remisant l’amitié de Rebecca et Paula (Donna Lynne Champlin), autrefois au cœur la série.

Une parodie qui n’a plus rien à dire

Usant et abusant de détours et d’histoires sans intérêt, le message de Crazy Ex-Girlfriend perd en lisibilité. La satire sociale et la dénonciation des préjugés sur les troubles mentaux ne semblent plus aussi importantes que le carré amoureux vide de sens qui se construit autour de l’héroïne. Ce parti-pris osé aurait pu être accepté s’il avait servi la parodie aiguisée de comédies romantiques à laquelle nous étions habitués, mais on en est terriblement loin.

Josh (Vincent Rodriguez III) revient dans la course pour le cœur de Rebecca sans que l’on ne sache pourquoi ; Greg fait un retour qui tombe à plat ; et l’équipe créative ne sait plus quoi faire de Nathaniel (Scott Michael Foster) qui perd tout charisme pour devenir un prétendant de plus. Peu importe que leur belle leur ait menti et les ait manipulés à plusieurs reprises, la rédemption n’est apparemment plus d’actualité.

Jusqu’au final dont les fulgurances arrivent bien trop tard, on ne sait pas ce que la série veut nous dire, et c’est un vrai problème. Même si les derniers épisodes regorgent de bonnes idées, en se concentrant de nouveau sur la bipolarité de Rebecca et trouvant une explication satisfaisante à la présence des numéros musicaux, on y arrive trop déçu pour être totalement réceptif.

Une saison qui a — quand même — du cœur

Ce bilan est un peu cru, mais témoigne plus de déception que de rancœur. Cette quatrième saison était une mauvaise saison de Crazy Ex-Girlfriend, mais peut se regarder avec plaisir pour peu que l’on ne soit pas trop critique.

Certains personnages s’en tirent avec les honneurs, notamment le couple d’Heather (Vella Lovell) et Hector (Erick Lopez) qui s’avère particulièrement touchant, ou Valencia qui aura connu une progression incroyable et cohérente. Paula illumine encore une fois chaque épisode de sa douceur, nous fait rire plus que tous les autres et a droit à une parfaite conclusion. Malgré les reproches, Rebecca reste également un bout de femme génial qui doit énormément au talent de son interprète.

De cette dernière saison bancale, on retiendra surtout la toute fin poétique et fidèle aux personnages, d’excellentes chansons qui restent en tête et le concert live qui revient aux sources de la série. Malgré cette conclusion en demi-teinte, Crazy Ex-Girlfriend est une œuvre hors de commun dont l’existence même est un formidable accident industriel, à regarder les jours de pluie et à conseiller à qui veut bien l’entendre.


Publié en mai 2019, cet article est aujourd’hui remis en avant à l’occasion du début de la mise en ligne de cette saison 4 de Crazy Ex-Girlfriend sur Netflix ce mercredi 30 septembre.