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Séries Daredevil : Le super-héros urbain de Hell’s Kitchen

Daredevil : Le super-héros urbain de Hell’s Kitchen

Daredevil Charlie Cox Netflix - Daredevil : Le super-héros urbain de Hell’s Kitchen

PeakTV - Daredevil : Le super-héros urbain de Hell’s Kitchen À l’ère du Peak TV, Critictoo se lance dans un challenge « 52 semaines, 52 séries » en proposant une fois par semaine un retour sur une série terminée.

S’il n’appartient pas aux poids lourds des super-héros de Marvel, Daredevil n’est pas non plus un inconnu. Il eut déjà le droit à son film en 2003 qui mettait en scène Ben Affleck dans la peau de l’avocat aveugle et justicier de Hell’s Kitchen. Qui plus est, en tant que héros solitaire, il était un choix logique pour devenir un super-héros à la télévision.

Nous sommes en novembre 2013 – année de lancement d’House of Cards sur Netflix – lorsqu’il est annoncé que Marvel/Disney a décidé de s’associer à Netflix pour continuer à développer son univers super-héroïque sur le petit écran. Pour rappel, Marvel’s Agents of Shield avait récemment fait ses débuts sur ABC. Quoi qu’il en soit, c’est le moment où l’on nous apprend qu’il y aura 4 séries, chacune mettant en scène un héros différent – Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage – et qu’ils seront réunis ensuite dans une minisérie, The Defenders.

Il faut néanmoins prendre son mal en patience, l’univers télévisuel de Marvel sur Netflix débarque vraiment deux ans plus tard avec la mise en ligne de la première saison de Daredevil en avril 2015.

L’histoire prend place dans un monde post-Avengers au sein d’un quartier difficile qui doit se reconstruire tant bien que mal. Cette situation aura aussi permis l’expansion de la criminalité que veut combattre l’homme au masque noir. Ce dernier n’est autre que Matt Murdock (Charlie Cox), un avocat aveugle qui vient tout juste d’ouvrir son cabinet avec son meilleur ami, Foggy Nelson (Elden Henson).

Plus spécifiquement, Matt Murdock est originaire de Hell’s Kitchen, où la corruption est omniprésente. Aveugle depuis ses neuf ans à la suite d’un accident, Matt bénéficie d’une acuité extraordinaire de ses autres sens. Formé aux arts martiaux, il a choisi une carrière d’avocat pour aider les gens dans le besoin. Héros catholique, Matt Murdock devient le Diable de Hell’s Kitchen pour défendre ceux que la justice a abandonnés.

Trois saisons de Daredevil. Quatre showrunners. Deux costumes. En ressort une œuvre qui, sur un total de 39 épisodes, nous offre une analyse du super-héros en déroulant un cheminement somme tout classique. La première se consacre à l’émergence du Diable de Hell’s Kitchen, à sa création et les ennemis qui accompagnent sa naissance. La seconde interroge sur la nature du super-héros en délaissant l’alter ego à travers une crise existentielle prenant la forme du syndrome du sauveur. La troisième saison boucle la boucle, dirons-nous, pour une déconstruction et reconstruction du super-héros, où Matt Murdock et Daredevil peuvent cohabiter.

Le parcours du super-héros télévisuel classique, mais qui trouve naturellement dans le matériel d’origine et sa galerie de personnages de quoi se distinguer. Héros sombre de l’univers Marvel, Daredevil/Matt Murdock s’impose comme une âme torturée qui cherche à donner du sens au monde qui l’entoure. Porter le costume est une manière d’exorciser ses propres démons… à moins qu’il ne se laisse emporter par ces derniers.

Loin d’invasions extra-terrestres ou de menaces à taille planétaire, Daredevil enchaine les confrontations qui le poussent à se remettre en question. L’équipe créative multiplie par ailleurs les portraits de personnages où le bien et le mal entrent continuellement en collision pour arriver au constat que la fine ligne entre le héros et le vilain est mince, et déterminée par les choix individuels et surtout comment chacun apprend à gérer sa culpabilité, ses traumatismes familiaux et la colère latente qui en découle.

Face aux atermoiements de Matt qui doit accepter qu’il n’a pas à porter tout seul le poids du monde sur ses épaules, se trouve l’emblématique Wilson Fisk (Vincent D’Onofrio), aux motivations similaires à l’avocat, mais aux méthodes diamétralement opposées. Émerge alors le portrait d’un antagoniste fascinant qui s’impose autant par sa stature que par sa personnalité instable, sa capacité à se laisser consumer par ses émotions tout en se révélant impitoyable. Wilson Fisk a plus d’un tour dans son sac, et on ne peut que rester admiratif face à son talent à manipuler ceux qui l’entourent pour mieux arriver à ses fins. La série Daredevil ne serait pas ce qu’elle est sans lui, tout simplement.

Fisk n’est pas le seul adversaire ambigu que rencontre Daredevil. La série s’affirme comme une œuvre qui possède un don certain pour revenir aux origines d’hommes torturés, exercice parfaitement réussi avec le Punisher (Jon Bernthal) en saison 2, puis l’agent Pointdexter (Wilson Bethel) en saison 3.

Le constat est moins enthousiasmant lors que l’on se tourne vers Elektra (Élodie Yung) – tueuse professionnelle et amour de Daredevil – qui met en valeur les névroses du super-héros et fait ressortir le pire de sa personnalité. La série se perd ainsi un temps dans une direction un brin plus mystique, avec la Main, qu’elle a du mal à faire exister et légitimer. Cela illustre le fait que le Daredevil du petit écran est bien meilleur quand il fait face à des figures violentes, mais bel et bien ancrées dans le monde urbain qui le définit tant. Par ailleurs, il faut se tourner vers The Defenders pour une conclusion à cette partie.

L’univers de Daredevil serait naturellement incomplet sans les alliés de Matt qui sont souvent là pour remettre sur le droit chemin leur ami. Si Murdock est sur papier un avocat brillant, la série aura des difficultés à représenter la partie légale qui reposera pendant quasiment toute l’œuvre sur les épaules de Foggy Nelson, ami et partenaire d’affaires de Matt qui se révèle être constant d’un bout à l’autre de l’oeuvre. Plus que Karen Page (Deborah Ann Woll), qui entre dans l’univers des deux avocats au début de la série pour suivre une route un peu étrange, l’entrainant vers une carrière journalistique improbable, avant de retrouver son chemin vers le duo d’avocados. Karen endosse également le rôle d’intérêt amoureux pour Matt, donnant le jour à une relation qui fait assez peu d’étincelles. Enfin, il est difficile de ne pas citer Sister Maggie (Joanne Whalley), présente dans la saison 3, qui brille par son sarcasme et son impact notable sur la vie de Matt.

Au-delà des questionnements super-héroïques, Daredevil affirme aussi son approche plus urbaine à travers ses combats, délivrant chaque saison un (quasi) plan-séquence qui se veut coup de poing. Les scènes d’action varient en fonction de l’adversaire, offrant sur le sujet une certaine diversité. La série reste plus à l’aise avec la violence brute et sans trop d’acrobaties, cherchant parfois à dissimuler ses limites en optant pour une scène de nuit pas toujours très lisible. La série se montre compétente sur le sujet, bien qu’elle ne profite pas d’un esthétisme particulier et se confond avec les autres productions Netflix du genre sur le sujet.

En bout de route, Daredevil est le digne représentant de la vague urbaine super-héroïque, où se mélangent violence et conflits moraux à l’échelle humaine. Les trois saisons qui la composent auront permis de dépeindre le super-héros, avec ses défauts et ses qualités, explorant ses origines,  ses convictions et ce qui le pousse à continuer se battre – sous forme légale ou illégale. Loin d’enjeux conduisant à une destruction massive, Daredevil mène un combat de tous les jours, rappelant que sauver le monde dans sa globalité est une chose, mais apporter son aide à ceux qui en ont besoin au quotidien demande  un ensemble de compétences différent. Un que Matt Murdock/Daredevil, homme aussi imparfait qu’énervant et attachant, possède bien.

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