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Séries Dark Saison 2 : Compte à rebours

Dark Saison 2 : Compte à rebours

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dark saison 2 netflix - Dark Saison 2 : Compte à rebours

Dark, première série allemande produite par Netflix, n’avait pas laissé indifférent lors de sa première saison mise en ligne deux ans plus tôt. Certains y ont vu un incroyable récit de science-fiction, d’autres ont été rebutés par l’exercice de style. La série laisse très peu de place à l’entre-deux, et réitère avec une deuxième saison encore plus ambitieuse, autant en termes d’écriture que d’esthétisme.

En quelques mots, Dark conte l’histoire de quatre familles vivant à Winden sur quatre époques différentes — 1953, 1986, 2019 et 2051 — entre lesquelles certains personnages sont amenés à voyager par le biais d’une faille temporelle située sous la centrale nucléaire voisine. Se greffe à cela une affaire de disparition d’enfants, mi-enquête, mi-prétexte à s’engouffrer dans les méandres du temps.

En saison 2, finie l’installation tranquille des personnages et des relations qui les unissent, l’équipe créative met en scène l’affrontement entre Jonas (Louis Hofmann), le voyageur projeté l’an passé dans un futur post-apocalyptique, et Noah (Mark Waschke), un fanatique religieux aux intérêts bien troubles.

Une saison fascinante et efficace

La première saison de Dark avait réussi à proposer un récit relativement complet, sûrement grâce et/ou à cause de l’incertitude du renouvellement. Le premier rôle de la saison est donc de relancer les enjeux. Le démarrage est un peu laborieux, mais la série retrouve rapidement son rythme. Les scénaristes nous donnent également un coup de pouce en intégrant à l’histoire un enquêteur étranger à Winden (Sylvester Groth) qui tente en même temps que nous de recoller les morceaux.

Cette suite n’est aucunement de trop. Au contraire, maintenant que l’exposition est terminée, Dark prend davantage de plaisir à nous balader. Entre Twin Peaks et un roman de Stephen King, elle affirme son ambiance et son ton bien particuliers.

Le concept du voyage temporel saura piquer au vif les adeptes du genre, mais Dark, de par ses personnages et ses drames familiaux, a la capacité de toucher n’importe qui. En vedette cette année, on peut noter : Claudia Tiedemann (Julika Jenkins/Lisa Kreuzer), la directrice de la centrale embarquée malgré elle à travers le temps ; Ulrich (Oliver Masucci/Winfried Glatzeder), qui sombre avec talent dans la folie ; Mikkel (Daan Lennard Liebrenz) en parfait dommage collatéral de tout ce bazar ; et Noah, un antagoniste qui gagne en profondeur.

Le sens du détail

Ce qui fait également le succès de Dark est sa faculté à flatter l’égo de ses spectateurs. Ici, chaque détail compte, les révélations et les indices sont disséminés partout de façon subtile, mais perceptible. Dark est une série de peu de mots, mais elle est sacrément bavarde. Certains y verront de la prétention, d’autres des qualités d’écriture et de mise en scène. À jouer sur le fil tout le temps, la série prend le risque de perdre une partie de son audience.

Le niveau visuel se maintient également. Les images sont impeccables, le traitement des couleurs accompagne toujours la traversée des époques, également supportée par un montage de plus en plus audacieux et affirmé. Usant, presque abusant, de clairs-obscurs ponctués d’une couleur vive — souvent du jaune —, l’univers de la série se rapproche d’un cartoon et n’est pas sans rappeler l’esthétisme britannique que l’on retrouve notamment dans Utopia.

La bande-son est également choisie avec soin et le casting sur plusieurs générations continue d’épater. Au sein de cette impressionnante distribution, on note très peu de fausses notes. Les seuls éléments fragiles se retrouvent du côté des adolescents, ainsi que, plus embêtant, chez l’interprète de Jonas qui a une légère tendance à alterner sous-jeu et surjeu.

À la croisée des paradoxes

Petit avertissement quand même, si la série est plus complexe que compliquée, un petit revisionnage de la première saison s’impose. Cette saison demande ensuite un véritable effort pour suivre le récit et toute sa déclinaison de personnages. Avoir un arbre généalogique sous la main n’est pas du luxe (je suis sympa, voilà un lien sans spoiler pour vous aider).

Comme toute œuvre abordant le voyage dans le temps, Dark se laisse de plus en plus dépasser par ses propres concepts. L’équipe créative fait cependant le nécessaire pour éviter les paradoxes au maximum, et compense ses rares échecs narratifs à grand coup d’émotions. Plus humaine, plus efficace, cette saison est probablement moins parfaite, mais s’avère plus agréable.

Comme conscients de leurs égarements, les scénaristes ont l’intelligence de recentrer le débat autour des vrais questionnements philosophiques de la série. Temps, fatalité, liberté, hérédité… Autant de sujets que Dark aborde par le prisme de la science-fiction, mais à la portée bien plus large.


Cette excellente deuxième saison de Dark se conclut sur un twist à gros potentiel, mais terriblement casse-gueule. On ne peut qu’avoir hâte de voir comment ce nouvel élément fantastique va trouver une place au sein des multiples règles qui régissent déjà cet univers établi. Sombre et certainement pas à mettre en toutes les mains, Dark continue néanmoins de s’imposer comme une pépite pour les adeptes de SF et les amoureux du détail. L’histoire trouvera sa conclusion dans une troisième et dernière saison commandée par Netflix.