Aller au contenu
Séries Autres séries Pour sa mi-saison 2, Designated Survivor n’arrive pas à s’émanciper des poncifs du genre

Pour sa mi-saison 2, Designated Survivor n’arrive pas à s’émanciper des poncifs du genre

  • par
  • 4 min read

designated survivor mi saison 2 - Pour sa mi-saison 2, Designated Survivor n'arrive pas à s'émanciper des poncifs du genre

Attention, cet article contient de gros spoilers sur la fin de l’épisode 10 de la saison 2 de Designated Survivor. Lisez à vos risques et périls !

La première saison de Designated Survivor aura connu multiples remous dans les coulisses ayant des conséquences sur la cohésion de son récit – avec plusieurs showrunners.

Pour la saison 2, la stabilité est plus présente avec maintenant Keith Eisner à la tête de la série. Je n’aurais pas imaginé alors quelques mois plus tôt me dire que, finalement, Designated Survivor pourrait bien faire avec un nouveau changement après le visionnage de l’épisode de mi-saison.

Nous en avons déjà parlé, Designated Survivor tente d’être plus comme The West Wing en se concentrant plus sur les intrigues politiques et les personnages, et s’éloignant de la composante conspirationniste. La série, trop idéaliste pour son propre bien, se révèle un peu trop moralisatrice.

Elle ne sait pas non plus comment bien mettre en scène son patriotisme, qui en est pour le coup trop présent et affaiblit le propos. Cet angle a d’ailleurs tendance à éloigner Designated Survivor de la complexité de certaines questions qui sont soulevées. Elle en devient plus divertissante avec ses histoires presque sans conséquence concernant le plus souvent Seth (Kal Penn) et/ou Lyor (Paulo Costanzo).

Cette saison 2 de Designated Survivor aura au moins su élargir sa palette de personnages, nécessaire lorsque l’on travaille à la Maison-Blanche. Même si le casting pourrait être encore étoffé de quelques visages récurrents pour donner vraiment forme à une administration, toute évolution évitant que l’on voit le fils Kirkman est une bonne chose (l’épisode 7 étant un rappel de ce qui ne nous manquait pas).

Cependant, l’équipe créative de Designated Survivor a dû se préparer à une perte : celle de la Première Dame. Pas de secret, nous apprenions en septembre que son interprète Natascha McElhone rejoignait la production de The First, la nouvelle série de Beau Willimon (House of Cards) pour Hulu. En parallèle, Kiefer Sutherland nous promettait déjà un épisode de mi-saison qui allait tout changer.

Ces informations en main, il n’était pas difficile de conclure que l’actrice allait définitivement quitter la série politique d’ABC et que les scénaristes se devaient de lui offrir une porte de sortie crédible. Le divorce était inconcevable au vu du genre de relation que les Kirkman possèdent. La mort était l’option la plus plausible.

C’est sur la fin tragique d’Alex Kirkman que se conclut la mi-saison 2 de Designated Survivor. Une fin qui laisse un goût amer dans la bouche, se révélant être d’une banalité à toute épreuve. Que l’on sache ou non que l’actrice était destinée à quitter la série, il était difficile d’être vraiment choqué ou pris au dépourvu par les images.

L’équipe de Designated Survivor a eu plusieurs mois pour préparer ce départ et ils ont choisi de la faire mourir dans un accident de voiture. Ce stéréotype télévisuel peut, à l’occasion, porter ses fruits dans certaines circonstances (cf. Alias, je n’en dis pas plus pour ceux qui n’ont pas vu la série). Il reste néanmoins souvent synonyme de fainéantise. Il ressemble à une facilité scénaristique, à un moyen expéditif de se débarrasser d’un personnage sans avoir à trop réfléchir.

Alex Kirkman n’était pas un personnage bien employé dans Designated Survivor. La série gâchait le talent de son interprète et ne s’intéressait aucunement aux responsabilités accompagnant la fonction de Première Dame. Reste qu’après une saison et demie, Alex méritait une meilleure fin, une plus mémorable et plus poignante. Une signifiant à sa façon tous les changements que sa mort implique.

Car le décès d’Alex Kirkman ne sera naturellement pas sans conséquences. Nous avons maintenant un Président veuf avec deux enfants. Mais lorsque vous optez pour ôter la vie de la première dame dans un tragique accident de la route mis en scène comme tant d’autres, il est difficile de se dire que la série saura véritablement rendre hommage au personnage et explorer le deuil du président et les conséquences de cette perte comme il se doit. Réponse à partir du 28 février 2018, date de retour du show sur ABC (et le lendemain sur Netflix en France).