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Séries Doctor Who Saison 12 Episode 2 : L’ennemi ne meurt jamais

Doctor Who Saison 12 Episode 2 : L’ennemi ne meurt jamais

Doctor Who Saison 12 Episode 2 - Doctor Who Saison 12 Episode 2 : L'ennemi ne meurt jamais

Suite au cliffhanger de la semaine dernière, Doctor Who poursuit sur sa lancée avec Spyfall – Part II et le retour du Maître. Une fois la surprise digérée et le crash d’avion évité, on peut se poser sincèrement la question de la pertinence d’un tel retour après une omniprésence du Némésis du Doctor pendant toute l’ère Capaldi.

Ce que l’on reprochait à la saison précédente, à savoir un manque d’ambition scénaristique et de consistance, apparait avoir été partiellement entendu ici. Comme sa première partie, Spyfall va vite, très vite, évitant à la fois l’ennui et le besoin d’expliquer le pourquoi du comment. Les tenants et aboutissants du plan du Master semblent être inventés au fur et à mesure pour créer de l’enjeu et de la surprise. Cependant, les scénaristes ne veulent pas lui donner plus de corps afin d’installer une vraie menace.

En dehors de cela, ce retour est plutôt réussi et surprend par sa vitalité. L’épisode n’hésite pas à multiplier les couches d’intrigues, chacune laissant la place aux personnages (et aux acteurs) de vivre. Un duel entre le Master et la Doctor est toujours un moyen de faire briller les interprètes, bien que ce ne soit pas toujours avec les histoires les plus inspirées. Ici, le face-à-face au 19ème siècle permet de mettre en avant une perspective féministe qui n’est pas pour déplaire. Il faudra voir cependant à superposer cela à d’autres éléments tant cela paraît forcé par moments.

C’était aussi la marque de Russell T. Davis que Chris Chibnall veut suivre après avoir fait du Moffat dans la première partie. Le premier showrunner de Doctor Who savait mêler la nature de l’alien et l’intrigue de l’épisode à un propos social sans le souligner à chaque étape. Ici, le propos est là, grâce à Ada Lovelace et son importance dans l’Histoire de la machine et des algorithmes. Malheureusement, une bonne partie de l’épisode ne concerne pas la Team Tardis et cette séparation affaiblit alors l’ensemble.

Pourtant, ce que vivent les autres de leur côté n’est pas dépourvu d’intérêt, loin de là. Il y a notamment cette discussion alors qu’ils se trouvent démunis de plan et de but. Graham, Ryan et Taz s’interrogent sur la nature du Doctor, créature qui leur semble omnisciente et insaisissable, les met en danger, mais qu’ils ne peuvent s’empêcher de suivre. La question est importante et mérite enfin d’être soulevée sérieusement même si ce qui en ressort est assez commun : ils vont la suivre, sans réfléchir, mais en étant pleinement conscients du danger.

On ne peut pas dire que cette seconde partie ne manque pas d’ambition cependant. Bien que tout ce qui est relatif aux aliens aurait pu être un peu plus développé afin de ne pas ressembler à un outil scénaristique, les différentes temporalités dynamisent l’intrigue et nous offrent même un petit remake de Inglorious Bastards à mi-chemin. Du 19ème siècle au présent en passant par le Paris de la Seconde Guerre mondiale, cet épisode fait voyager comme rarement depuis que Thirteen est là, mais il lui en faut un poil plus pour que la menace prenne vraiment l’ampleur qu’elle veut avoir.

Réécrire l’ADN de l’humanité ne paraît pas un danger suffisant aux scénaristes pour se contenter de cela pour l’instant. Il leur faut rajouter une petite couche de mythologie gallifreyenne pour justifier le retour de l’ennemi. À l’échelle d’une saison, c’est extrêmement intéressant. Mais à celle de l’épisode, cela déçoit quelque peu, ne donnant pas le divertissement total que la première partie proposait, même avec son twist de fin.

Doctor Who revient donc avec un double épisode ambitieux, trop pour son propre bien et pas assez pour se suffire à lui-même. Il lance des pistes intéressantes, mais qui manquent de panache pour la suite et l’on se demande bien ce qu’il reste à découvrir de l’univers de la série désormais. On espère que cette saison saura répondre à la question et qu’elle le fera dans le bon sens.