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Séries Doctor Who Doctor Who : une régénération compliquée (saison 5)

Doctor Who : une régénération compliquée (saison 5)

DW S5 2 - Doctor Who : une régénération compliquée (saison 5)

Découvertes chez la petite Amy Pond, les failles dans le temps vont donner bien du tracas à un Docteur qui doit s’habituer à sa nouvelle régénération.

Moment de renouveau pour le Docteur, 900 ans et toutes ses dents. C’est dans ce contexte que débute la saison 5, David Tennant et Russell T. Davies laissant leur place – adorée par une majorité de fans -, à Matt Smith et Steven Moffat. Le challenge semble donc grand pour le nouveau showrunner, devenu enfin calife à la place du calife, devant intégrer sa patte personnelle, celle qui a fourni les splendides Blink (3.10) ou Silence in the Library (4.08), sur la longueur.

Si l’on peut facilement formuler tout le positif qu’il y a à tirer de la performance de Matt Smith, toute constituée d’une joyeuse imprévisibilité et d’arrogance, il manque encore au personnage cette petite touche d’introspection sur sa condition que Davies avait fini par tartiner sublimement, ou parfois maladroitement, en foutant de la confiture partout.

C’est en explorant ses propres créatures, les anges pleureurs ou River Song, que Moffat parvient à imposer un nouveau style au sein d’un univers pourtant bien codé. Le très réussi premier épisode est à l’image de ce tout nouveau mélange, entre personnages passés, humour, tension, et ouverture sur l’avenir (Amy, les failles, le début de la ligne temporelle). La saison démarre à un rythme d’enfer, celui-ci ne se calmant qu’en de rares occasions.

Construite pour converger tout droit vers une explosion finale, cette saison 5 semble être, plus encore que toutes les autres réunies, un hommage au talent du Docteur à voyager dans le temps. Finalement, en survivant à un Big Bang qui n’en fut pas vraiment un, les personnages ont montré la maîtrise complète de Moffat sur la saison, sa saison. Car le plus intéressant n’était pas dans cette happy-end aussi opportune qu’inévitable, mais plutôt dans la manière qu’aura eue le scénariste de la préparer et de l’emmêler avant de la déplier soudainement.

Le point final de ces 13 épisodes génère un indéniable sentiment d’accomplissement. Après avoir réussi à construire un nouvel univers, bien aidé par les anciens codes du show, Steven Moffat a aussi imposé ses nouveaux personnages à l’écran ; de Rory à River Song, un groupe s’est constitué. C’est là sans doute l’une des grandes qualités de cette saison, parvenir à instaurer une relation claire et sans ambiguïté entre le Docteur et sa compagne, dépouillée de tout romantisme pesant. Inclure le fiancé de la demoiselle est finalement on ne peut plus logique, opposé de l’héroïsme du personnage principal, ce dernier servant de contrepoint humain non négligeable.

Le onzième Docteur est donc tourné tout entier vers le présent, ayant fort à faire avec une nouvelle compagne et l’intrigue principale de cette saison 5, et vers le futur, avec la storyline concernant River Song qui semble se profiler à l’horizon, au point de ne jamais prononcer le nom de sa planète, de faire taire toute sa mythologie. On ne peut alors qu’espérer un retour aux sources du Docteur pour la suite. Car si les enjeux restent basiquement les mêmes à chaque fin de saison, empêcher une destruction de l’univers qui serait probablement désagréable pour tout le monde, le manque de risques pour Eleven se fait clairement ressentir à la fin du season finale. En utilisant un ressort scénaristique vieux comme le personnage principal du show (le retour à la vie par le souvenir), Steven Moffat gâche une conclusion qui ne manque pourtant ni d’habileté, ni de classe. L’oubli, par les téléspectateurs ou par ses collègues de travail, ne sera visiblement jamais un danger susceptible de faire trembler le Docteur.

Ironiquement, à connaître son personnage sur le bout des doigts, Steven Moffat parait craindre de le maltraiter ou de le faire douter. En faisant disparaître cette ambiguïté, Moffat se prive de toute la dimension tragique de son héros qui dans le dernier épisode de la saison (The Big Bang – 5.13) semble invulnérable, jusque dans la vision de sa propre mort.