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Dopesick : L’histoire vraie d’une tragédie trop familière qui détruit l’Amérique de l’intérieur

Dopesick Serie Hulu Poster - Dopesick : L'histoire vraie d'une tragédie trop familière qui détruit l'Amérique de l'intérieur

Aujourd’hui, les dramas True Crime ne sont définitivement plus au sujet de simples histoires de meurtre. Le genre s’est étendu pour nous parler de différents types de tragédies. Ainsi, Dopesick se propose d’explorer comment une compagnie pharmaceutique s’est retrouvée à l’origine d’une crise sanitaire, économique et sociale comme aucune autre.

Concrètement, comment l’Amérique est-elle devenue accro à l’OxyContin ? Scénarisée par Danny Strong (Empire, Recount), réalisée par Barry Levinson (Rain Man) et notamment produite par Michael Keaton, cette mini-série inspirée par le livre de Beth Macy explore plusieurs points de vue pour nous raconter les ravages de cette drogue, comment elle a été légalisée, pourquoi elle est restée sur le marché et qui a véritablement souffert.

Avant même de commencer le visionnage, on connait la majorité des réponses, car l’ultracapitalisme américain est déjà au cœur d’autres documentaires, films et séries du même genre. Une riche famille a payé fonctionnaires et politiciens pour contourner la loi, des gens sont morts et rien n’a changé.

Ainsi, nous avons les Sackler — principalement représentés par Richard (Michael Stuhlbarg) et Kathe (Jaime Ray Newman) — qui sont derrière Purdue Pharma qui ont mis sur le marché l’antalgique stupéfiant très puissant appelé OxyContin en faisant croire à tout le monde que, contrairement aux autres opioïdes, il n’était pas addictif. Nous avons Dr Samuel Finnix (Michael Keaton), un médecin généraliste qui se laisse convaincre de le prescrire pour aider sa communauté ; Betsy Mallum (Kaitlyn Dever) qui devient accro au médicament après un accident de travail ; Billy Cutler (Will Poulter) qui est le représentant de Purdue Pharma qui a vendu le produit au Dr Finnix ; Bridget Meyer (Rosario Dawson) de la DEA qui tente de combattre Purdue Pharma en vain ; Rick Mountcastle (Peter Sarsgaard) et Randy Ramseyer (John Hoogenakker) qui se battent pour emmener la famille Sackler devant un juge.

Cela fait du monde, mais Dopesick se déroule sur plusieurs années et mélange les intrigues pour donner forme à son récit, le tout sur huit épisodes d’une heure. Cette multiplication de point de vue ne se révèle néanmoins pas toujours nécessaire et impose un rythme parfois trop lent à l’intrigue, particulièrement au début.

En effet, la série a beau jouer avec l’élément temporel pour tenter de faire monter artificiellement les enjeux, la mise en place est un peu longue et, quand la conclusion arrive, certains angles explorés apparaissent finalement trop superficiels pour justifier l’espace qui leur a été imparti — la partie avec Billy Cutler notamment aurait pu être grandement limitée, tout comme celle avec l’agente Bridget Meyer de la DEA.

Cela dit, Dopesick n’en reste pas moins intéressante. Aussi familier que ce genre de récit puisse être, malheureusement, il y a quelque chose de fascinant à voir à quel point le système américain est véritablement construit pour servir les intérêts des riches et puissants. Il est difficile de ne pas être enragé par les injustices et l’impuissance de ceux qui se battent pour ce qui devrait être le minimum réalisé pour ceux qui souffrent – Kaitlyn Dever et Michael Keaton font énormément pour donner un visage à toute cette douleur qui tenue sous silence.

D’un point de vue dramatique, Dopesick fait indéniablement bien son travail. En plus des victimes, nous avons l’angle classique des petits avocats de campagne affrontant un conglomérat riche et influent — la même histoire que la saison 4 de Goliath a exploitée. Une approche toujours efficace.

Néanmoins, si la série expose les défaillances du système qui ont permis à cette tragédie de voir le jour et de se poursuivre pendant de très longues années, elle passe à côté de l’opportunité de revenir à ses origines. Un épisode évoque pourtant en quelques scènes le sujet, à savoir comment Arthur Sackler a façonné les tactiques commerciales des entreprises pharmaceutiques américaines. Tout ce que Purdue Pharma a fait pour l’OxyContin, il l’avait fait avant pour le Valium. Arthur est celui qui a créé le langage, la politique et les stratégies agressives de toute l’industrie.

Dopesick passe donc en partie à côté de son sujet en n’explorant pas plus profondément les défaillances de tout le système. Elles sont limitées à être traitées comme étant des obstacles pour la DEA et tous ceux qui voudraient s’opposer aux géants comme Purdue Pharma et autres, et elles sont expliquées de manière simpliste.

Si la volonté était d’enrager les spectateurs, Dopesick atteint clairement son but. Il était d’ailleurs impossible de le manquer avec un sujet pareil. Personne ne peut être indifférent face à tant de souffrance et d’injustice. Le casting est cependant ce qui rend l’ensemble vraiment captivant et émotionnel, l’écriture reste quant à elle à la surface sur bien trop de choses, malgré les pistes qui sont ouvertes. La série établit dès le départ tout ce qu’elle a à dire et n’ajoute que trop peu au cours de ses huit épisodes.

Dopesick est disponible en France sur la plateforme de streaming Disney+.