Avec Natalie Dormer qui est très demandée, les scénaristes d’Elementary devaient faire face à une réalité qu’ils refusaient d’affronter. Il manquait une petite dose de Moriarty dans la série. Ce n’est pas tant que le personnage a laissé un trou béant, mais son influence sur Sherlock est telle qu’il est difficile de ne pas sentir son absence.
Par conséquent, pour bien terminer sa quatrième saison, Elementary a abordé de front le problème et nous a offert une solution. Celle-ci n’est pas pleinement satisfaisante, mais elle a ses mérites. Le premier est de mettre un terme à la storyline de Morland Holmes qui, de toute façon, était à court de carburant depuis un bon moment maintenant.
Comme on pouvait s’en douter, si John Noble était à la hauteur de ce que l’on attendait de lui, le père de Sherlock n’était pas fait pour s’éterniser dans le show. Il avait indéniablement un rôle à jouer, car la relation complexe qu’il entretient avec son fils a trop longtemps été discutée pour ne pas être explorée plus profondément. Néanmoins, l’excuse employée pour justifier sa présence à New York ne fut pas convaincante et il a rarement trouvé une place appropriée dans les intrigues.
Le souci avec une série comme Elementary, c’est qu’il peut briller quand il sort de sa formule, mais uniquement si cela est exceptionnel. Il était virtuellement impossible d’injecter Morland dans le show de façon naturelle, il fallait que cela soit évènementiel. Sans ça, il ne fait que perturber une dynamique bien huilée.
C’est donc ce qui s’est produit à un certain degré. Par contre, on ne peut pas en dire autant avec celui que l’on nommera le nouveau Moriarty. À bien des égards, il n’est pas à la hauteur de porter ce titre, même si son introduction ne déçoit pas.
L’intrigue qui s’étend sur les deux derniers épisodes de la saison aurait très bien pu fonctionner avec un antagoniste qui n’était pas lié à Irene. Malgré tout, il est clair qu’utiliser l’histoire de la série ajoute de la gravité à la situation et donne au personnage une stature naturelle. Quand il se retrouve face à Sherlock et Watson, on ne sait alors que trop bien le danger qu’il représente et cela élève considérablement les enjeux.
Bien entendu, il est difficile de ne pas percevoir également les limitations qui accompagnent une telle approche. Au mieux, ce criminel n’est qu’une copie. Il est donc intéressant que les scénaristes n’aient pas cherché à en faire le cœur de l’histoire, mais simplement un composant clé qui s’oppose à Morland avec, au centre, Sherlock et Joan qui comptent les points.
Dans ce sens, Elementary termine en trouvant le moyen de clôturer un chapitre, celui du père de Holmes, tout en rappelant qu’un autre est toujours entre-ouvert. Le twist de fin ne fait d’ailleurs que confirmer ça.
Cela dit, cette quatrième saison a beau avoir été globalement de bonne facture, elle a souffert de quelques intrigues secondaires qui n’ont pas payé autant qu’on pouvait l’espérer. Morland se retire la tête haute, mais il reste l’impression qu’il aurait pu faire beaucoup plus s’il n’avait simplement pas été obligé de rester aussi longtemps. Son potentiel s’est progressivement dilué et l’ersatz de Moriarty qui fait finalement surface lui a juste injecté l’adrénaline qui lui fallait pour atteindre la ligne d’arrivée dignement.
En tout cas, on peut espérer que la reprise offrira à notre duo de détectives des challenges nouveaux et, pourquoi pas, un ennemi qui pourra vraiment faire de l’ombre à Moriarty.