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Enlightened (illuminée) : Fight the Power ! (saison 1)

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Après avoir piqué une violente crise de nerfs en public, la directrice du département santé et beauté d’une grosse compagnie, Amy Jellicoe, part faire une retraite spirituelle. Transformée, celle-ci revient à L.A. dans l’espoir de reprendre son ancien poste. Malheureusement, ses proches et ses collègues ne partagent pas sa nouvelle vision des choses.

Enlightened est une dramédie de HBO créée par Mike White et Laura Dern (qui tient le rôle principal) dont la première saison, qui se compose de 10 épisodes, croque sans complaisance notre société moderne et ses dérives, et cela au travers d’un personnage « éclairé ».

Les guillemets sont de rigueur, car les choses ne sont jamais aussi simples dans Enlightened. En effet, on comprend bien vite que le nouveau mode de pensée d’Amy ne se marie pas bien à une métropole comme Los Angeles et encore moins à l’entreprise pour laquelle elle travaille, la terrible Abaddonn. La société en question est l’emblème du mal dans la série et pour cause elle est éhontément polluante, dangereuse pour la santé, irrespectueuse des libertés individuelles (le service d’Amy régule la productivité des employés), et j’en passe et des meilleures. Voilà un pied de nez bien senti aux grosses corporations qui pullulent de nos jours (pensez BP).

Les employés ne sont pas meilleurs, loin de là. On remarque que si les collègues d’infortune d’Amy sont pour la plupart de gentils losers dociles, ses anciens employés du service santé et beauté sont eux des requins fourbis d’hypocrisie. Les Damons et autres Kristas sont aussi beaux physiquement qu’ils sont laids à l’intérieur. Ils sont les produits d’une société où seul l’avancement personnel prime. Sarah Burns est parfaite dans le rôle de Krista, l’ancienne assistante d’Amy. Ne vous fiez pas à son apparence de douce femme enceinte, elle est une des plus méprisables.

Mais la plus grande réussite d’Enlightened, c’est de ne pas nous avoir imposé Amy comme une sainte parmi nous autres mortels, au contraire. Malgré ses intentions très nobles, les mauvaises habitudes d’Amy reprennent vite le dessus. Si elle essaie régulièrement de faire une différence dans ce monde ingrat, ses intérêts personnels finissent souvent par reprendre le dessus et elle peine à appliquer ses propres mantras. Condescendante, supérieure, égoïste, paresseuse :  voilà autant d’adjectifs qui pourraient qualifier l’héroïne de la série.

Par conséquent, Enlightened n’est pas une série « facile » à regarder, le ton étant souvent inconfortable pour le spectateur, mais c’est aussi cela qui en fait une œuvre originale. Laura Dern parvient à rendre le personnage attachant et réaliste, et elle illumine, littéralement, la série. Diane Ladd, la mère de Dern, joue également sa mère dans la série, une femme froide, mais aussi terriblement seule. Elle hérite de l’épisode le plus marquant et le plus touchant de cette saison (Consider Helen – 1.09).

Mais il faut aussi dire qu’Enlightened a beaucoup d’humour. Là, il ne s’agit pas de comédie au sens conventionnel du terme. Il s’agit plutôt pour les scénaristes de déceler l’ironie dans les situations les plus quotidiennes qui soient. Les employés du service Congentiva en sont d’ailleurs la source principale. Cet aspect comédie se révèle vite indispensable à la série pour ne pas sombrer dans la déprime totale.

Sans jamais être politique, il ressort un message quasi révolutionnaire de la série. L’envie de changer les choses d’Amy peut paraître grandement utopique et pourtant on voudrait tant qu’elle réussisse. En ces temps de crise financière et de mouvements sociaux, Enlightened est d’une actualité brûlante et on imaginerait très bien Amy dans les rangs d’Occupy Wall Street. L’air de rien cette petite série va au cœur des choses, pour notre plus grand plaisir.