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Séries Everything Sucks : et la série un peu aussi

Everything Sucks : et la série un peu aussi

Everything Sucks Saison 11 - Everything Sucks : et la série un peu aussi

Netflix accélère de plus en plus les sorties de ses séries, nous abreuvant de récits en tout genre et de promotions aussi réussies qu’elles peuvent être furtives. À peine avons-nous eu connaissance de l’arrivée d’Everything Sucks qu’elle est déjà sortie (et oubliée).

Boring, Oregon, 1996. Luke, McQuaid et Tyler entrent au lycée et sont directement considérés comme des nerds. Ils intègrent le club d’audiovisuel où Luke tombe amoureux de Kate, la fille du proviseur. Mais celle-ci questionne sa sexualité, surtout au contact d’Emaline, une membre de la troupe de théâtre, en couple avec Oliver. Tous sont amenés à travailler ensemble autour d’un projet de film après la destruction du plateau de théâtre du lycée.

Avec ce postulat, la série délivre donc ce qu’elle annonce : au long des dix épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, nous suivons le parcours du combattant de ces personnages pour imaginer et construire un film, alors que Luke va tout faire pour attirer l’attention de Kate qui elle se cherche.

Au-delà du gentil exercice nostalgique, ce que la série a à offrir est assez maigre. Des histoires d’amour, une expression artistique d’envergure (pour eux) et un petit message sur ce que c’est que grandir. Nombreux sont les teen shows qui nous ont déjà donné ce genre de récit et Everything Sucks peine à s’élever au-dessus ou, à défaut, à proposer un autre angle.

Il ressort alors de ces dix épisodes quelque chose de vain, sympathique certes, mais complètement inoffensif. La série se révèle être un produit Netflix typique désormais : un pitch un tant soit peu accrocheur (des ados veulent réaliser un film alors qu’ils expérimentent leurs premiers émois amoureux), des épisodes qui se suivent, se ressemblent et ne se distinguent pas (hormis une virée plutôt bien fichue à Los Angeles) et un environnement nostalgique exaspérant.

Surfant clairement sur la déferlante Stranger Things et sa lecture multi-référentielle, Everything Sucks échoue tout autant à marquer de son empreinte singulière son époque. Elle nous abreuve de clins d’oeil aux années 90 (qu’il est de bon ton de revisiter après les années 80) grâce au cinéma mais surtout à la musique. Sont passés à la moulinette Oasis, Ace of Base, The Cardigans ou Duran Duran. L’effet est là, mais fugace. On se prête à sourire, à fredonner, mais on ne s’implique jamais.

L’histoire de la fusion entre l’A/V Club (télévision du lycée) et le Drama Club (club de théâtre) pour faire un film est notre ligne directrice tout au long de la saison. Si cet artifice permet de polariser toutes les relations des personnages et de les développer, il manque cruellement d’enjeux, aucune surprise ne vient dérailler la machine qui déroule son récit sans aucune passion. Il est même étrange de voir que, pour une série qui place le cinéma en son cœur, elle n’a aucune audace dans sa réalisation.

La série trouve son intérêt non pas dans les errements adolescents (même si la découverte de la sexualité de Kate peut, par moments, intéresser), mais dans son traitement de la monoparentalité. Sherry, la mère de Luke, se rapproche petit à petit de Ken, père de Kate et principal du lycée de Boring. Au long des dix épisodes, ils font face au défi du qu’en-dira-t-on (Sherry est noire, Ken est le proviseur de son fils, leurs enfants sont amis) et finissent par avoir une relation qui parait pourtant tout à fait naturelle. Mais au sein de dix épisodes, c’est bien peu à se mettre sous la dent.

On aurait pu attendre plus de la recherche identitaire de ces adolescents, surtout Kate et Emaline. On comprend vite où la série veut en venir, la lenteur à laquelle elles se rapprochent aurait pu s’expliquer par le tabou qui entoure l’homosexualité, mais l’exploration de la sexualité est faite de manière trop évidente qu’elle ne prend pas. De plus, le jeu uniforme des adolescents, Peyton Kennedy (Kate) en premier, n’aide en rien à s’investir. Seul Jahi Winston réussit à donner un peu d’épaisseur et de fun à son Luke.

Non, Everythings Sucks n’est pas mauvaise, elle est juste totalement anecdotique. Rien, des acteurs à l’ambiance, en passant par la narration, ne surprend. Ni bonne ni mauvaise, la série se lit surtout à la lumière du succès de Stranger Things qui, bien que surestimée, a pour elle un récit bien plus ambitieux et des personnages plus dessinés. Everything Sucks démontre alors que Netflix ne pourra plus désormais faire que dans l’événementiel, mais délivre aussi des produits médiocres dont on se passerait bien.