IL Y A DES SERIES QUI NOUS ATTIRENT PLUS QUE D’AUTRES. IL Y A DES SERIES QUI NOUS DEÇOIVENT PLUS QUE D’AUTRES. CHEZ CRITICTOO, NOUS AVONS DECIDE PENDANT QUELQUES SEMAINES DE PARLER DE CE QUI FAIT MAL : CES CREATIONS QU’ON ETAIT PRETS A AIMER, MAIS QUI SONT PASSEES A COTE DE LEUR SUJET OU QUI N’ONT PAS SU REMPLIR LE CONTRAT.
Le projet d’Extant m’intriguait bien avant sa diffusion, à cause peut-être de l’histoire rare qui l’entoure. En effet, Mickey Fisher, le créateur de la série est un jeune auteur qui a participé à un concours de scénarios. Il a remporté le premier prix et cela a éveillé la curiosité du cinéaste Steven Spielberg.
Après quelques hésitations, la société de production du réalisateur décide de prendre son travail pour en faire une série et la propose aux différentes chaînes américaines. Le projet finit par atterrir sur CBS qui s’engage à commander une première saison de 13 épisodes pour une diffusion durant l’été 2014.
L’histoire d’Extant débute avec le retour sur Terre de l’astronaute Molly Watts (Halle Berry). Elle tente de reprendre une vie normale auprès de son époux John (Goran Visnjic), un scientifique surdoué, et d’Ethan (Pierce Gagnon), leur fils qui n’est pas le fruit naturel de leur union — puisque Molly est stérile. Il a en effet été créé par John et est ainsi le premier prototype d’une future lignée de « robots humains ». Mais le retour de Molly va justement avoir des conséquences dramatiques sur la planète entière et le destin de l’humanité…
Indéniablement, le show de Mickey Fisher est ancré dans un style très spielbergien. Dès lors on comprend pourquoi le réalisateur a été attiré par ce projet qui ressemble à s’y méprendre à un prolongement de son long-métrage A. I. Intelligence Artificielle.
Le plus frustrant dans Extant est que son pilote était excellent. Bien entendu, il contenait des failles, mais ces 40 premières minutes installent des thématiques accrocheuses (question de filiation, les androïdes, vie extraterrestre). Les personnages se révèlent intéressants grâce aux nombreux questionnements qui les traversent (la notion de deuil ou l’amour maternel). Dans le même temps, la série semblait vouloir entretenir le mystère autour d’événements survenus durant le voyage dans l’espace de Molly.
Le récit qui se déroule dans un futur proche permet la création d’un univers où la technologie est omniprésente tout en s’efforçant de maintenir une sensation de réalisme. De plus, la série bénéficie d’un casting plutôt solide avec Goran Visnjic (Timeless), Grace Gummer (Mr. Robot), le très jeune, mais talentueux Pierce Gagnon (Looper, Twin Peaks). Mais surtout — et peut-être même avant tout — Halle Berry qui fait son retour à la télévision.
Au fur et à mesure, on découvre qu’Extant n’est finalement qu’un divertissement familial. La série tend à vouloir garder ses spectateurs en multipliant les rebondissements dans pratiquement chaque épisode. Par conséquent, toutes les thématiques développées durant le pilote sont abordées de manière très superficielle et, surtout, l’ensemble du récit apparaît comme étant bien trop sage, un peu comme ses personnages.
Cependant, CBS décide de poursuivre l’aventure avec une seconde saison totalement rebootée. Les scénaristes bourrent la série de scènes de combats. Molly devient une sorte d’héroïne d’action qui multiplie les stéréotypes. Comme si cela ne suffisait pas, elle fait maintenant équipe avec un flic bourrin (Jeffrey Dean Morgan), vu un million de fois à la télévision. Définitivement plus rien n’est à sauver et la série s’arrête sans réelle surprise.
Ainsi, tous les éléments étaient réunis pour que cette histoire originale et ambitieuse fasse d’Extant une bonne série de science-fiction, ce qu’elle ne devint jamais. Forcément, tout cela laisse un goût de gâchis et rappelle qu’une série a besoin de bien plus que d’une simple idée.
