Aller au contenu
Séries Eyewitness : Pas vu, Pas pris (Pilote)

Eyewitness : Pas vu, Pas pris (Pilote)

  • par
  • 4 min read

Eyewitness Julianna Nicholson - Eyewitness : Pas vu, Pas pris (Pilote)

Adaptation de la série Norvégienne Témoin sous silence (Øyevitne), Eyewitness est le nouveau drame policier de la chaîne USA Network lancée dans la foulée de Falling Water, mais dans un genre bien différent. L’histoire se concentre sur Philip (Tyler Young) et Lukas (James Paxton), deux amants qui sont témoins d’un homicide alors qu’ils avaient décidé de se retrouver en cachette. Peureux à l’idée de dévoiler les raisons de leur présence sur le lieu du crime, ils choisissent de garder le secret alors même que l’assassin est sur leur trace.

Dès le départ, le pitch possède quelque chose d’étrange qui se confirme assez rapidement au cours de ce pilote. Les raisons qui tiennent Lukas et Philip au silence ont en effet du mal à tenir la route. L’homophobie est utilisée comme un moteur décisionnel qui n’a pas forcément de sens quand on comprend que le lieu du crime aurait très bien pu être une étape de passage dans l’après-midi de Lukas. Il faut alors étendre sa compréhension de la situation par le fait que Philip semble ouvertement homosexuel. Ce qui, une fois de plus, n’empêche aucunement Lukas de dire à la police qu’il était seul. Ceci n’est qu’un détail, mais puisque ce premier épisode reste quelque peu confus quant à la vie de Lukas et Philip, ainsi que sur la manière dont ils sont tous les deux perçus par le reste de la communauté, il était impossible de ne pas le relever.

Eyewitness parvient néanmoins à imposer assez rapidement une ambiance assez particulière qui n’est pas sans rappeler l’esthétique de la série originale. Les décors brumeux et aux couleurs désaturées donnent une sensation de constante froideur qui fonctionne parfaitement avec le type d’histoire que l’on veut nous raconter. Le plus étonnant étant que l’équipe créative à même fait un effort tout particulier au niveau de la distribution pour coller aux physiques des acteurs de Témoin sous silence. Cette ressemblance au produit de base donne ainsi l’impression qu’Adi Hasak, le créateur du show, a développé son œuvre comme un hommage à une série qui n’aurait autrement pas eu la même visibilité outre-Atlantique.

Il est simplement dommage que cette introduction reste aussi scolaire dans sa façon d’introduire les personnages et les différentes situations. Il en ressort une certaine rigidité dans l’enchaînement des séquences qui n’est pas forcément attrayante et n’invite pas le spectateur à prendre part au récit. L’imperméabilité peut cependant fonctionner dans le sens où comme Lukas et Philip, nous ne sommes que les témoins d’un scénario déjà écrit. Il est simplement dommage que les points d’ancrage ne soient pas plus facile d’accès.

L’histoire mériterait quant à elle quelques éclaircissements. L’introduction de certains personnages, bien que nécessaire pour placer les pions sur l’échiquier, est assez maladroite et n’aide pas à la compréhension globale des rôles et positions de chacun. Bien sûr, l’idée est que cela se précisera potentiellement par la suite. Seulement, la saison étant courte, aller à l’essentiel semblait être à un choix plus judicieux.

Eyewitness mérite malgré tout qu’on s’y intéresse pour l’ambiance particulière que la série impose et ses deux personnages principaux pour lesquels il n’est pas difficile de ressentir de l’empathie. À vrai dire, plus que cette histoire de meurtre, le plus pertinent se trouve dans la relation conflictuelle et passionnelle entre Philip et Lukas. Il sera alors intéressant de découvrir comment tous deux vont être capables de faire face aux prochaines épreuves alors qu’ils ont d’ores et déjà du mal à appréhender les sentiments qui les lient.