Si l’histoire de Game of Silence est familière, c’est pour une bonne raison. À l’origine un livre écrit par Lorenzo Caracterra, celui-ci a été porté à l’écran par Barry Sonnenfeld. Cela nous donna Sleepers (1997) avec Brad Pitt entre autres. Les Turques ont revisité cette histoire avec la série Suskunlar qui sert de base au show de NBC. Donc oui, toute ressemblance avec Sleepers n’est pas fortuite.
Scénarisée par David Hudgins, Game of Silence se centre sur Jackson Brooks (David Lyons), un avocat à succès qui voit réapparaitre par surprise dans sa vie des amis d’enfance qu’il n’avait pas revus depuis maintenant 25 ans. Leur passé refait surface et les liens qui les connectaient se reforment lorsque l’un d’eux voit son existence être mise en péril et que leur soif de vengeance ne demande qu’à être assouvie.
Alimenté par les flashbacks, ce premier épisode de Game of Silence se repose sur les non-dits et les mystères pour construire son récit. La volonté de scotcher le téléspectateur devant son écran en lui promettant une sombre histoire est indéniable, même s’il faut pour y parvenir emprunter une route narrative plus compliquée que nécessaire.
Le pilote de Game of Silence se présente comme une sorte de réaction en chaine pour les gamins devenus adultes que sont Jackson, Gil (Michael Raymond-James), Shawn (Larenz Tate), Boots (Derek Phllips) et Jessie (Bre Blair). On passe d’un traumatisme à un autre, d’abord avec un accident de voiture qui est présenté comme le drame pour n’être en fait que l’évènement qui modifiera à tout jamais leur existence et à cause duquel ils traverseront l’enfer.
Nous narrant l’histoire, Jackson a fui ses proches pour se construire une belle vie en tant qu’avocat. Il est poussé à se confronter à son passé au sein de ce premier épisode de Game of Silence qui, en avançant, fait tout pour légitimer son titre. En plus des secrets bien gardés du groupe d’amis sur ce qu’ils ont vécu, Jackson a aussi celui qui le lie à Jessie et que les autres ignorent – histoire d’en rajouter une couche.
Les personnages de Game of Silence sont des êtres humains qui ont été brisés et qui se sont vu refuser l’opportunité de guérir. Sur ce plan-là, on peut dire que David Hugdins parvient sans conteste à montrer comment chaque enfant a été affecté et qu’ils ont chacun tenté de gérer cela de manière différente.
L’approche souffre cependant d’un angle plus caricatural qui dessert le propos, surtout lorsqu’il est question de ceux ayant perpétré les crimes. La tension doit grimper à coup de flashbacks sans pour autant délivrer toutes les clés de l’histoire. Le récit manque alors de clarté, et il s’agit surtout de nous signifier à quel point tout ceci se veut sérieux et intense.
L’ensemble s’appuie trop sur la notion de secrets au détriment d’un traitement plus psychologique et de toutes les questions qui sont soulevées face aux atrocités qui ont été commises. Au lieu de cela, Game of Silence repose sur le besoin de vengeance de ces protagonistes. Reste à savoir si c’est vraiment suffisant pour une saison…