Le rideau tombe définitivement sur le règne du Gee Club. Sur fond de remise de diplôme et de « Qui va à New York ? Qui n’y va pas ? », les anciens élèves (seulement anciens) révèlent leurs ambitions futures.
Après un centième épisode pas très funky qui officialisait donc la disparition du Glee Club, cette nouvelle salve d’épisodes effectue un « reset » presque total. New Directions (5.13) clôture définitivement l’aventure « Ohio » avec le vidage de la salle de chant et la remise des diplômes des derniers membres historiques de la chorale. Les « au revoir » à Will Schuester, message qui ménage à la fois le rire et l’émotion, ferment d’une belle manière l’époque lycéenne de tous ces jeunes. Avec une cinquième reprise – en cinq saisons – de « Don’t Stop Believin’ », on se prend encore à redécouvrir cette chanson. Un petit tour de force.
Viennent alors New New York et Bash (5.14 & 5.15) qui font table rase du passé pour ne se dérouler qu’exclusivement en terre promise : la grosse pomme. Un recentrage sur les anciens vient résoudre le problème majeur de Glee depuis une saison et demie, soit une bonne trentaine d’épisodes, soit un tiers de la série entière si on pousse les maths plus loin : les allers-retours entre deux lieux complètement différents. Si le show n’en revient pas pour autant à ce qu’il était au début, de nets progrès en termes d’intérêts se font sentir, et ça fait du bien.
La question n’est pas de s’être débarrassés des nouveaux élèves (quoique), mais plutôt de suivre ces adolescents qui grandissent. Qu’on les aime tous ou pas, Rachel, Kurt, Artie & Co sont le cœur de la série. Nous avons apprécié Glee grâce à ces personnages, nous nous sommes identifiés à certains d’entre eux, nous les avons vus faire des choix, établir des projets, nous avons vibré avec eux, nous nous sommes ennuyés avec eux… Bref en un mot comme en cent, nous avons grandi avec eux en tant que jeunes adultes ou nous avons fait ces mêmes choix à leur âge. Il apparaît donc en deux épisodes que l’erreur principale du show depuis un an et demi a été de vouloir faire de Glee une série qui se déroule autour d’un Glee Club. La réponse est de la « transformer » en comédie musicale plus générale et ainsi embrasser l’évolution de ses personnages clés. Au diable Will, au diable McKinley, au diable même Sue (qui arrive à ne pas trop manquer, c’est dire !), suivons juste nos héros dans leur vie nouvelle. Ce cours qui les a formés dans leur Ohio natal, qui a fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui, à quoi leur sert-il ? Ryan Murphy, Brad Falchuck et Ian Brennan ont l’air d’avoir trouvé la solution. En partie.
Car on ne se séparera jamais totalement de cette guimauve un peu sucrée qu’est Glee. Si le show prend une direction intéressante, nous restons avec ces mêmes histoires de cœur qui traînent depuis trois saisons (Sam/Mercedes), ces guéguerres d’égo un peu futiles (Rachel/Santana) ou ces engueulades/réconciliations dans le confort d’un canapé moelleux (Rachel/Kurt). Les sujets ont beau être différents, le déroulement est toujours le même, parfois à la virgule près, enlevant tout suspense au moment du dénouement. Les acteurs, heureusement habitués, font le travail et aident la plupart du temps à faire passer la pilule.
Cette arrivée à New York permet alors d’aborder des sujets loin d’être inédits, mais qui ont le mérite de coller aux aspirations des personnages. La première séquence d’Artie à New York, où il se fait voler ses affaires par un autre handicapé, est du pur Ryan Murphy, auteur de l’épisode. Entre méchanceté gratuité et amour des freaks, cette « aventure » permet d’aborder la perdition dans un nouvel environnement, de revoir ce qui faisait notre force à l’adolescence et qui n’est peut-être plus valable aujourd’hui. Évidemment, l’homosexualité, sujet devenu presque banal dans la série, redevient prégnante en parlant de la banalisation – elle aussi – des attaques à l’encontre d’homosexuel(le)s. Kurt devient alors héros d’un jour et montre l’exemple dans un discours touchant, sincère et juste. C’est évidemment une nouvelle occasion pour Burt Hummel de briller lors de sa visite à son fils. Dans une tirade parfaite sublimée par le rythme de Mike O’Malley, le rapport père-fils est toujours aussi bluffant de vérité. Il reste des belles choses dans Glee, et Burt Hummel en est définitivement une.
Le déroulement exclusif à New York tel qui nous a été promis a donc bien eu lieu. En se séparant, pour l’instant, de la moitié de son casting, la série se recentre et vise plus juste que ce qu’elle n’a fait depuis bien longtemps. En agrémentant ces épisodes new-yorkais d’une réalisation souvent ambitieuse laissant place à des plans d’extérieurs assez longs, Glee s’offre une respiration au grand air, au sens propre comme au figuré. Avec sept épisodes restants pour cette saison, il est désormais temps d’envisager de meilleurs jours sous le ciel Gleekesque. Qui pourrait s’en plaindre ?