Le passé définit le futur. Voyager dans le temps pourrait ainsi permettre de réparer les erreurs pour bâtir un meilleur avenir. Après 13 saisons, l’équipe de Grey’s Anatomy sait bien qu’elle ne peut effacer les mauvaises décisions, mais simplement s’appuyer sur ce qu’elle construit présentement pour véritablement donner forme à un meilleur futur.
Celui-ci se fera, on le sait, sans April et Arizona — Sarah Drew et Jessica Capshaw quittant la série selon une volonté créative. Le futur de Grey’s Anatomy se fera sans elle, mais c’est maintenant que les scénaristes doivent s’activer pour aider leurs personnages à boucler leurs histoires.
Il est étrange de se dire qu’April est sur le départ au moment où elle hérite finalement de sa meilleure intrigue. Sa crise existentielle, sa remise en cause de la place de Dieu qui définissait son code de conduite, pousse le personnage dans ses retranchements et surtout à embrasser un comportement autodestructeur. Si cela fut dans les épisodes passés parfois abordés sous un angle léger, ce seizième de cette saison 14 se charge de nous rappeler la tragédie qui se joue sous nos yeux.
En s’occupant du groupe d’internes, April transforme un simple exercice en une épreuve difficile pour les pousser à se confronter à la réalité du métier. Mais, c’est surtout elle qui n’arrive pas à pleinement gérer ses émotions, préférant fuir plutôt que faire face à ce qu’elle traverse — quitte à se faire plus de mal que de bien. Cet épisode donne définitivement corps de manière poignante à une crise identitaire et existentielle. Et Sarah Drew donne le meilleur d’elle-même.
Disons-le, les problèmes sentimentaux d’Owen à côté sont un peu fades et tendent à questionner sur ce que le personnage a véritablement encore à offrir. Si cet épisode de Grey’s Anatomy se confronte en partie aux échecs maritaux d’Owen, la série cherche à diminuer une partie de ses décisions douteuses en ne les mettant pas en avant. C’est aussi bizarre de tenir une telle discussion sans que le nom de Cristina ne soit prononcé.
Owen et Teddy restent une bonne idée, si cela nous mène au départ du premier ou au retour de la seconde. Mais les scénaristes ne devraient pas utiliser cela pour pleinement justifier la mauvaise idée que fut son mariage avec Amelia et redéfinir tout son passé sentimental.
La tendance générale au sein de cette saison 14 de Grey’s Anatomy reste de forcer les romances selon la volonté des scénaristes. Owen et Amelia, Sam et DeLuca et enfin, Maggie et Jackson. Ces deux-là ayant beaucoup de détracteurs, passer chaque petite étape au microscope a de quoi les mettre à l’épreuve. Confronter l’impact de leur relation sur le couple Catherine/Richard est pertinent, mais aurait eu plus de poids si cela n’était pas juste une case à cocher dans cette histoire.
En plus d’April, c’est Arizona — autre personnage sur le départ — qui porte le reste de l’épisode sur ses épaules. La chirurgienne emmène sa fille pour une journée à l’hôpital alors qu’elle s’occupe d’une mère enceinte en difficulté avec un jeune garçon qui se retrouve également avec quelque chose de grave. Les scénaristes ne cessent de vouloir que l’on se questionne sur pourquoi le projet d’Amelia et Alex a été éliminé du concours vu le nombre de vies que cela pourrait sauver. Mais, au-delà de ce point, l’histoire parvient à combiner tension et émotion en jonglant entre la vie professionnelle et privée d’Arizona tout en subtilité.
Cet épisode de Grey’s Anatomy doit sa métaphore du voyage dans le temps à la patiente de Bailey, Maggie et Jo pour mettre en exergue l’importance du présent. Les multiples futurs voient le jour dès lors que l’on essaie dans le présent sans laisser le passé nous arrêter (comme ce fut un temps le cas pour Meredith). Une idée qui s’applique parfaitement à la vie d’une série et qui permet pour l’occasion de donner le jour à un épisode émotionnel qui prend le temps de mieux définir les défis du présent pour les chirurgiens.