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Halt and Catch Fire : Un visionnaire, un ingénieur et un prodige (saison 1)

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Lorsque Joe MacMillian se fait embaucher par Cardiff Electric, il met en péril toute l’entreprise en la forçant à se lancer dans l’informatique pour concurrencer IBM. Pour l’aider à mener à bien sa vision, Joe s’entoure des ingénieurs Gordon Clark et Cameron Howe avec lesquels il entretiendra des relations conflictuelles tout du long du développement de la machine …

Alors que les comédies Betas et Silicon Valley proposaient d’explorer le monde informatique de nos jours, AMC préfère remonter le temps avec Halt and Catch Fire pour nous ramener dans les années 80 où aura lieu une véritable révolution. La série de Christopher Cantwell et Christopher C. Rogers veut donc raconter une page d’Histoire à travers des personnages fictifs.

C’est ainsi qu’entre en scène Joe MacMillian (Lee Pace), cadre commercial qui a claqué la porte d’IBM, mais qui possède une vision à laquelle il compte donner vie. Pour cela, il est prêt à mettre en péril toute une entreprise, quitte a potentiellement entrainer tout le monde avec lui dans sa chute. S’il y a une chose que Joe sait faire – selon les scénaristes – c’est délivrer des discours pour légitimer qu’on puisse prendre de tels risques. Le problème est que Joe n’est pas le Don Draper du monde de l’informatique, bien que les deux hommes aient quelques points communs, à commencer par une façon de se dissimuler derrière des mensonges. Joe est un mystère, non pas parce qu’il a réellement quelque chose à cacher, mais parce qu’il travaille à renvoyer une image bien précise de sa personne pour convaincre qu’il mérite qu’on sacrifie tout pour lui.

Joe incarne alors ce qui ne va pas durant une bonne partie de cette première saison de Halt and Catch Fire : les scénaristes aiment les métaphores existentielles, quitte à se perdre dedans. C’est ce qu’est Joe pendant un trop grand nombre d’épisodes, ce qui crée une distance peu agréable. Quand il commencera à se dévoiler, son rôle deviendra plus clair et le récit gagnera en conviction. En attendant, Gordon Clarke (Scoot McNairy) et sa femme Donna (Kerry Bishé), ainsi que Cameron, sont là pour apporter la touche d’émotions et des enjeux à courts et moyens termes.

Si Joe n’a en vérité plus rien à perdre, il n’en est pas de même pour ceux qui l’entourent et qui peuvent réaliser ses rêves. La famille Clarke a déjà traversé un échec et pourrait ne jamais se relever d’un second. Cameron (Mackenzie Davis) met son futur en jeu en décidant de suivre Joe, dans le même but que Gordon : avoir la possibilité de créer. À travers eux, Halt and Catch Fire ne parle pas d’informatique, mais d’ambitions artistiques. Des sacrifices à faire pour donner le jour à une création. De la douleur, de la peine et des joies qui accompagnent le processus et des terribles concessions à faire tout du long. Ils suent sang et eaux d’un bout à l’autre, affrontant leurs collègues ainsi qu’eux-mêmes pour y arriver… et encore ! La fin n’est jamais là où on pense qu’elle est, c’est toujours plus loin.

Si ce n’était déjà pas assez éprouvant comme cela, les personnages de Halt and Catch Fire passent beaucoup trop de temps à s’opposer les uns aux autres, plus qu’ils ne le devraient ; les scénaristes rencontrent des difficultés par moment à donner le jour à une tout autre forme de drama. Les regarder coder n’aurait rien de palpitant, mais les voir se prendre la tête épisode après épisode est aussi rébarbatif au bout d’un moment. Cela l’est encore plus quand le show est capable de tellement plus lorsque l’équipe a les yeux rivés sur le même objectif et qu’ils travaillent ensemble à l’atteindre. C’est d’ailleurs selon cette logique que leur patron John Bosworth  (Toby Huss) – malgré un temps d’antenne limité – a su gagner en complexité ; il a dû se confronter à sa réalité et s’adapter pour trouver sa place dans un monde qui n’aurait pas dû vouloir de lui. Et cela fonctionne.

La première saison de Halt and Catch Fire nous entraine donc dans les débuts d’une révolution. Une lente et difficile révolution dans laquelle Joe, Gordon et Cameron y jouent leur avenir. Si cela est suffisant pour avoir envie de s’investir au départ dans leur aventure, les véritables éclairs de génie seront trop rares pour rendre cette fournée d’épisodes véritablement intéressante d’un bout à l’autre.