Un homme laisse derrière lui les cadavres de personnes qu’il a transformées en anges. Alors que Will doute de plus en plus de ses capacités, Hannibal tente de créer un fossé entre lui et Jack Crawford qui est actuellement distrait par le comportement étrange de sa femme.
Tout d’abord, l’actualité récente fait que nous n’avons pas eu le droit à l’épisode qui aurait dû être le quatrième de cette première saison d’Hannibal – une version abrégée est tout de même apparue en ligne. Une décision qui revient à Bryan Fuller et non à NBC. On peut donc croire qu’Œuf ne contenait pas d’éléments majeurs. Les rappels au début de Coquilles nous offrent cependant des scènes inédites assez brèves pour signifier la dégradation de la santé mentale de Will.
C’est quelque chose qui n’avait néanmoins pas besoin d’introduction, tout particulièrement parce que l’on reconnecte avec Will alors qu’il est victime de somnambulisme. Ce n’est pas une chose courante chez lui, il ne faut donc pas grand-chose pour faire le lien avec son état psychologique actuel.
Malgré cela, l’épisode n’est pas centré sur Will. D’ailleurs, il n’est même pas réellement dédié à l’investigation de la semaine, même si celle-ci joue un rôle clé. Non, c’est Jack Crawford sur qui les projecteurs sont tournés. Toutefois, les scénaristes ne le laissent pas apparaitre directement. Ils préfèrent nous guider progressivement vers l’agent du FBI, traçant autour de lui des cercles de plus en plus serrés.
L’un des éléments pivots de l’épisode se trouvera alors être Bella, l’épouse de Jack – incarnée par Gina Torres, la femme de Laurence Fishburne. Celle-ci nous est introduite par l’intermédiaire d’Hannibal qui développera avec elle une relation professionnelle, suite à une discussion dont le sens n’est pas décrypté immédiatement. La manœuvre est assez fine et déstabilise légèrement, ce qui était probablement le but recherché.
Quoi qu’il en soit, le Dr Lecter sait se montrer insidieux et sa présence importante dans cet épisode nous permet de le voir manœuvrer. Il prend des risques, mais possède toujours un point de replis. À ce stade de la série, il est trop tôt pour réellement percevoir sa stratégie dans son ensemble. Malgré tout, il est clair qu’il voit en Jack Crawford un opposant qu’il est préférable d’affaiblir.
En tout cas, en dépit d’un format relativement conventionnel, Hannibal se révèle de plus en plus unique à chaque épisode. Sans jamais plonger pleinement dans son affaire de la semaine, et sans pour autant laisser son approche feuilletonnante prendre le dessus, la série évolue en eaux troubles, jouant avec les sens autant qu’avec les idées. C’est assez risqué, tout particulièrement car cela demande un niveau de concentration plus élevé que la moyenne pour véritablement apprécier les dialogues et les développements relationnels – ce que les grandes chaines américaines n’aiment en général pas imposer à leurs téléspectateurs.
Peut-être qu’Hannibal est un show trop intelligent pour son propre bien, mais il est trop tôt pour réellement le déterminer. Tout dépendra de ce que l’on trouvera au bout de la route. En attendant, avec Coquilles les scénaristes font converger tous les éléments de leur histoire dans une direction bien précise, et sans faire trop de fioritures. Il est par contre dommage que l’affaire de la semaine ne soit pas pleinement exploitée, car cela donne l’impression qu’elle n’était là que pour le choc visuel qu’elle apporte – qui n’est d’ailleurs pas anecdotique, notons-le.